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18/05/2011

Entretien avec Lotte et Søren Hammer

Après l'article sur leur roman, publié chez Actes-Sud, Morte la bête, voici l'entretien de Lotte et Soeren Hammer  avec Un Polar.

Merci à Basak d'avoir assuré la traduction du questionnaire en anglais, merci à Ishtar d'avoir traduit en français les réponses des deux auteurs. Et, bien sûr, merci à eux d'avoir accepté de répondre à nos questions.

Vous trouverez ici la version anglaise de l'entretien.

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Un Polar. Même si votre roman « Morte la bête » se vend bien en France, les lecteurs français ne vous connaissent pas encore. Que pourriez-vous leur dire pour vous présenter ?

 Lotte&Soeren Hammer. Tout d’abord, nous aimerions dire à nos lecteurs français que nous sommes à la fois pleins de fierté et d’humilité d’avoir la chance d’être publiés en France.  D’ailleurs la promotion française est très bonne et c’est, pour l’instant et de loin,  la meilleure.

Nous sommes frère et sœur et nous vivons dans une petite ville à environ une heure de route au nord de Copenhague. Nous habitons la même maison :  Søren vit dans un appartement au premier étage tandis que Lotte vit avec son époux et ses enfants au rez-de-chaussée.

Søren est professeur et Lotte infirmière qualifiée. Nous avons respectivement 58 et 56 ans et nous avons commencé à écrire notre premier livre il y a six ans.  C’était, tout d’abord, pour nous amuser, histoire de nous prouver que nous pouvions écrire un livre. A présent, nous venons de terminer notre quatrième roman de la série consacrée au personnage principal, Konrad Simonsen. Jusqu’à il y a environ deux ans, nous avons travaillé à plein temps en tant que professeur et infirmière mais, actuellement, nous nous consacrons l’un et l’autre entièrement à l’écriture.

Dans tous nos romans nous travaillons sur un thème particulier et nous tenons à ce que chaque roman soit différent des autres. Personne n’apprécie de lire en permanence la même chose et nous ne tenons pas à nous répéter. Ce serait tout simplement ennuyeux.

Nous avons vraiment de la chance de voir nos livres vendus et publiés dans tant de pays (19). A notre grande satisfaction, cela nous donne la possibilité de visiter ces pays et même de rencontrer nos lecteurs. Nous devons nous rendre à Caen, en France, en novembre de cette année,  ce qui est une perspective réjouissante.

Il y a un mois de cela, le magazine Elle nous a commandé une nouvelle. Cela nous a plu et nous l’avons fait. C’était amusant parce que nous devions essayer de captiver un public plus jeune que celui de nos romans. Nous avons écrit une nouvelle sur « la mode, la sensualité et les meurtres ».   « Les Anges doivent être bien habillés » en est le titre, en Danois. Nous ne savons pas ce que cela donnera en Français. Nous sommes très excités à l’idée de la réaction du public,  en France, quand elle sera publiée par Elle.

Par la même occasion, cette demande de Elle nous a donné l’occasion d’observer une réaction amusante de la part des deux filles de Søren, âgées de 19 et 22 ans. Comme tous les enfants du monde, elles ne s’intéressent pas beaucoup à ce que fait leur père et elles ont à peine lu ce qu’il écrit. Elles n’ont jamais fait de commentaires sur les ventes à l’étranger, pas même quand il s’agissait d’endroits aussi exotiques que la Corée ou les USA. MAIS, quand elles se sont rendu compte que nous allions publier une nouvelle dans le magazine français Elle, elles se sont littéralement réveillées et ont montré de l’intérêt. Cela, manifestement, méritait le respect.

Le mois prochain, Søren doit se rendre à Paris pour faire des recherches au sujet d’une dame française qui a joué un rôle dans la Résistance en France, pendant la guerre. La première nouvelle aura pour cadre la station de métro Saint-Augustin. La Résistance en France durant la dernière guerre nous a toujours laissés fascinés et admiratifs.

Pour nous, l’écriture de nouvelles est une sorte de passe-temps.

 Un Polar. Avant même d’écrire votre premier roman, vous aviez décidé de créer, pour les romans qui allaient suivre, des personnages récurrents. Pourquoi ce choix ?

 Lotte&Soeren Hammer. Nous avons toujours été beaucoup inspirés par les auteurs suédois Maj Sjöwall et Per Wahlöö et leur personnage Martin Beck, une série criminelle des années 1970. Quand nous avons commencé à écrire, il nous semblait évident qu’il nous fallait aussi un personnage récurrent. En fait, c’était si évident que nous n’en avons jamais discuté. Et vous pouvez nous croire. D’ordinaire, nous discutons de tout, tout le temps.

 Un Polar. La manipulation médiatique de l’opinion publique est au cœur de ce roman, et vous présentez la société danoise comme étant assez sensible à ces manipulations, puisqu’un certain nombre de policiers eux-mêmes s’y laissent prendre. Avez-vous eu le désir, en écrivant ce roman, de décrire avec précision un certain mode de fonctionnement des médias, de la police et du grand public, ou bien était-ce secondaire par rapport à l’intrigue que vous aviez imaginée ? Pour dire les choses autrement : tentez-vous, lorsque vous écrivez, d’être en prise avec les réalités sociales de votre pays et de votre époque ?

 Lotte&Soeren Hammer.  Dans tous nos livres, nous travaillons sur un thème dominant. Le thème de notre premier livre était celui de la loi et de la civilisation par opposition à « « faire justice soi-même ».  Pour le démontrer, nous avions besoin de meurtriers qui avaient commis des crimes si cruels et si horribles qu’ils étaient l’incarnation même du Mal. Si nous avions écrit ce livre en 1947, à leur place, nous aurions probablement choisi les Nazis.

 Un Polar. Le personnage de l’inspecteur Konrad Simonson, que le lecteur va sans doute retrouver dans d’autres aventures, n’est pas privilégié par rapport aux membres de son équipe : vous avez préféré montrer le travail de l’équipe, son fonctionnement, plutôt que de vous centrer sur un seul personnage. Ce choix, qui est à l’opposé de celui de beaucoup d’auteurs de polars ayant des personnages récurrents (Mankell, Indridason, Vargas, Connelly, etc.) a-t-il été difficile à prendre ? A-t-il demandé beaucoup de discussions entre vous ?

 Lotte&Soeren Hammer. Nous n’avons, en aucune façon, pesé les avantages et les inconvénients d’un personnage principal unique. Nous nous intéressons davantage à l’équipe parce, parallèlement à l’intrigue, nous aimons décrire l’évolution de ses membres et les relations qui s’établissent entre eux.

Ceci dit, nous changeons quelques membres de l’équipe quand ils nous semblent usés ou quand nous voulons de nouveaux visages.

Le troisième roman dont le titre est « Le club des cœurs solitaires » est consacré au personnage de Konrad Simonsen. Il en est le personnage principal et tout est focalisé sur sa vie.

 Un Polar. Comment se fait le partage du travail entre vous ? Ecrivez-vous le scénario ensemble ? Vous répartissez-vous les chapitres ou les personnages ?

 Lotte&Soeren Hammer.  Quand nous en avons terminé avec la phase de discussion et de planning, nous commençons à écrire à partir de la page un. En fonction de nos connaissances, de notre intérêt mais aussi du temps dont nous disposons, nous nous répartissons les scènes et les dialogues. Très sommairement, on peut dire que la partie sentiments échoie à Lotte et que Søren se charge de l’action et des parties plus techniques. Etant donné que nous vivons dans la même maison, nous nous rencontrons plusieurs fois par jour, le plus souvent chez Lotte, et nous discutons des moindres détails. Cela facilite grandement les choses que de pouvoir discuter face à face autant de fois que nécessaire.

 Un Polar. Quel sont les avantages et les inconvénients, pour chacun d’entre vous, de l’écriture à deux ?

 Lotte&Soeren Hammer.  Nous sommes l’un et l’autre d’une grande discipline et nous commençons toujours un livre en discutant et en établissant un planning. En premier lieu, nous mettons au point l’intrigue, ensuite, nous décidons du nombre de chapitres et de la façon de découper l’histoire. Comme nous sommes deux, cette phase est relativement longue. Nous traduisons, en mots pour l’autre,  chacune de nos pensées. Cela prend du temps mais nous pensons que cela nous en épargne lors du passage à l’écriture. L’autre avantage d’écrire à deux,  c’est que vous y gagnez en énergie et que cela tient votre esprit en éveil. L’inconvénient tient peut-être au fait que vous ne pouvez pas toujours mener les choses comme vous l’entendez. Mais, qui sait ? encore une fois, c’est peut-être un véritable avantage, vous savez !

 Un Polar. Envisagez-vous d’écrire aussi, chacun de votre côté, un autre roman plus personnel, ou bien cette collaboration vous satisfait-elle pleinement ?

 Lotte&Soeren Hammer.  Nous sommes tout à fait satisfaits de notre collaboration mais Søren envisage d’écrire un roman pour la jeunesse en collaboration avec sa fille aînée.

Quand cela sera-t-il fait ? Rien n’est encore décidé.

Nous avons les plans et l’intrigue de trois romans supplémentaires concernant Konrad Simonsen et son équipe. Nous aimons écrire ensemble.

Commentaires

Je suis belge, j'adore Actes Noirs, Actes Sud, que j'ai découvert dans un premier temps via Stig Larson. Ensuite, après avoir lu les trois opus, je suis passée à Camilla Lackberg. J'ai également adoré.

Je suis en pleine lecture et sur la fin de Morte la bête de Lotte et Soren Hammer. Passionnant, riche en détails, avec un double sujet: le meurtre de pédophiles et la manipulation médiatique.

Bravo aux auteurs que j'admire, tant dans leur manière d'écrire que dans la manière de nous tenir hors d'haleine, en plaine montée d'adrénaline par moments.

A quand le prochain opus pour les frères Hammer? Je m'en réjouis d'avance.

Bien à vous.

Gaëlle Herman.

Écrit par : Gaëlle Herman | 23/05/2011

Bonjour Gaëlle !
Non seulement leur roan est très bon, mais je trouve leurs réponses aussi sympathiques qu'intéressantes.

Écrit par : Jacques | 26/05/2011

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