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19/08/2011

Roseanna, de Maj Sjöwall et Per Wahlöö

roseanna.jpgUne chronique de Pierre

Aux sources du polar scandinave : Roseanna, de Maj Sjöwall et Per Wahlöö

Le roman

Roseanna, le premier de la série, nous fait découvrir l'enquêteur Martin Beck. Empêtré dans un mariage morose, Il passe ses journées au travail, où il excelle : calme, rigoureux, réfléchi, obstiné, et d'une patience à toute épreuve, comme on peut le constater au fil de cette enquête longue et sinueuse. 

Le corps nu d'une jeune femme est retrouvé au fond d'un canal. Si les circonstances laissent présager un crime sexuel, la police n'apprend son identité que trois mois plus tard : il s'agit d'une jeune touriste américaine appelée Roseanna McGraw. Roseanna est une femme indépendante et libérée, qui veut vivre ses envies et ses désirs. En 1965, ce monde n'est pas prêt à l'entendre, encore moins à l'accepter. C'est un monde rétréci, dominé par une pensée que l'on ne nomme pas encore machiste et par une vision morale très imprégnée de religieux où des femmes comme Roseanna sont le diable. Elle est une Carmen des temps modernes, elle choisit puis se lasse, au nom de sa seule sensualité/sexualité. Comme Carmen, celui qui lui donne la mort est certain de la sauver en se sauvant lui-même...

Dès lors, l'enquête peut véritablement débuter ; Beck et ses hommes reconstituent peu à peu les derniers jours de la jeune femme. Une affaire qui commence à obséder notre cher et placide inspecteur qui tient absolument à coincer l'assassin. Avons-nous affaire à un sérial killer sanguinaire et démoniaque ? Non. Le mal se cache parfois sous les traits communs d'un citoyen modèle. Après avoir déniché le coupable contre lequel ils n’ont encore aucune preuve, c’est à nouveau la psychologie du criminel qui va permettre de le confondre. Le piège que les policiers lui tendent introduit un petit suspense à la fin du roman. Le rythme s’accélère, la tension est dans les dernières pages à son maximum, ce qui  donne pour  finir à Roseanna, roman quand même assez plan-plan, un petit côté thriller fort sympathique


Sjöwall et Wahlöö maitrisent parfaitement les arcanes et circonvolutions de l'investigation policière, qui avance au gré d'un lent travail d'enquête et de soudaines accélérations. Quant aux personnages secondaires (si souvent relégués au rang de faire-valoir dans quantité de polars, au profit d'un seul héros), ils possèdent une vraie personnalité qui renforce la vraisemblance et la densité du récit.

Pour moi, ce roman marque un tournant dans la littérature policière scandinave. Martin Beck est le digne prédécesseur de Wallander, Erlandur ou Varg Veum qui ont conquis tant de lecteurs

  Pierre Mazet http://www.pierre-mazet.com/

Les auteurs :

Per Wahlöö est un écrivain et journaliste suédois qui publia avec son épouse Maj Sjöwall, une série de roman, largement traduite. Le héros en est Matin Beck et ses collègues du Bureau d’investigations de Stockholm. Son style a été décrit comme « un reportage, minutieux où chaque détail est soigneusement observé ». Le critique et auteur de romans policiers H.F.F Keating sélectionna Roseanna (1965) en 1987 dans la liste ses cents meilleurs romans policiers. Nombre de ses romans ont été aussi adaptés au cinéma. Selon Wahlöö, leur intention était "d'utiliser le roman policier comme un scalpel coupant afin d’ouvrir le ventre de l'État-providence prétendu paupérisé sur le plan idéologique, moralement discutable type bourgeois ». Leurs  récits se centrent sur la réalité de la routine policière et du travail d’équipe, plus que sur les démarches déductives individuelles d’Hercule Poirot, montrant une certaine parenté avec Simenon. Ils créent une série de romans soigneusement planifiés, qu’ils écrivent après avoir couché les enfants. Commençant avec ROSEANNA (1965), leur projet prit fin dix ans après et se termina avec le dixième roman TERRORISTERNA (1975).

 

 

Quatrième de couverture :

Le cadavre d'une femme nue est repêché dans un canal. Martin Beck, de la police de Stockholm, est chargé de l'enquête avec l'inspecteur Ahlberg. Les indices sont maigres°: l'identité de la victime, le lieu et les raisons du crime sont inconnus... À l'effervescence médiatique et policière des premiers jours succède un désintérêt général. Mais pas pour nos deux héros, méticuleux et obstinés. Dans les années 60, Sjöwall et Wahlöö, pionniers du roman policier suédois, inauguraient avec Roseanna la série des enquêtes de Martin Beck où se dévoile la sombre réalité d'une société à l'image policée. " Fascinant, ce Maigret revu par Bergman°! [...] Martin Beck, avec ses allures d'antihéros et son intelligence hors pair, est un formidable personnage qui s'inscrit dans la lignée des plus grands [...]. Laissez-vous emporter par ces romans envoûtants comme les nuits de Stockholm."

Commentaires

Une jolie petite enquête je présume, menée par un aspect psychologique bien marqué? J aime ce genre... Mais attention, pour rivaliser Wallander, il faut que Martin Beck soit au plus haut de sa forme! Merci pour la chronique. Paco.

Écrit par : Paco | 20/08/2011

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