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05/09/2011

Private Los Angeles, de James Patterson et Maxine Paetro

privatelosangeles.jpgUne chronique de Jacques.

 Je n’avais pas été franchement emballé par En votre honneur, le thriller de James Patterson sorti en France récemment. Aussi attendais-je avec curiosité la lecture de ce PRIVATE Los Angeles édité par l’Archipel, en me demandant si cette fois-ci l’auteur allait faire preuve d’une vraie originalité et mettre en œuvre un savoir-faire incontestable, même s’il est souvent gâché.

En réalité,  ce n’est pas du Patterson pur jus, sa complice Maxine Paetro est de la partie. Son nom est écrit en tout petit sous celui du maître, mais…il est écrit ! Et la taille des caractères ne signifie pas que c’est lui qui a fait l’essentiel du travail. C’est même sans aucun doute le contraire, quand on sait comment fonctionnent ces machines à produire des best-sellers en série. James Patterson étant « le numéro un mondial du suspense » comme nous le dit l’éditeur, son nom est écrit en très gros sur la couverture et sert d’argument de vente. Mais quoi qu’il en soit, le nom de la personne qui a écrit le livre n’a qu’une importance secondaire, l’essentiel étant avant tout qu’il soit bon !

Il s’agit du premier roman d’une nouvelle série intitulée : PRIVATE, qui met  en place des personnages qui seront récurrents dans les volumes à suivre en cas du  succès probable de celui-ci. 

Jack Morgan est  le patron de l’agence de détectives PRIVATE Investigations qui travaille  pour les people, les stars du show-biz, du sport ou de la politique, bref tous ceux qui disposent d’un maximum  de moyens financiers. Jack  en est l’icone, le phare qui éclaire de ses mille feux une histoire censée nous faire frissonner au moins une fois par chapitre.

Ce qui m’a frappé dès les trente premières pages, c’est le parti pris de nos deux auteurs à propos de la structure du roman. Il y a cent-vingt trois chapitres, chacun d’eux comporte deux pages, parfois trois, mais jamais plus. Les phrases dépassent rarement les douze  mots, des mots dont la simplicité est visiblement prévue pour ne pas fatiguer inutilement le cerveau embrumé par la bière des supporters mâles des Dodgers de Los Angeles ou des Giants de San Francisco.  C’est donc un premier point très positif pour ce roman : vous ne sortirez pas de sa lecture avec des maux de crâne. Afin de vous laisser  juges de la qualité de l’écriture, je vous dévoile l’indispensable scène de sexe, celle qui précède le moment fatal où Jack, notre héros, va avouer à sa copine que décidément il préfère en rester là, car  la vie de couple n’est pas faite pour lui :

« Mes mains se portèrent sur ses hanches, puis je sentis ses talons piquer le bas de mon dos. Une seconde plus tard, j’étais en elle. Mon esprit se vida, je n’avais plus sommeil. L’amour que je ressentais à cet instant précis s’accompagna d’une gratitude sans limites. Le plaisir alla en s’intensifiant, et nous atteignîmes l’extase un quart d’heure plus tard. Je me retirai pour m’allonger à ses côtés. »

Plus érotique que ça et mieux écrit, vous pouvez sans aucun doute le trouver dans le Dalloz (pour l’érotisme torride) ou à la rigueur dans l’annuaire téléphonique (pour la qualité de l’écriture).

Mais pourquoi ai-je parlé, un peu plus haut, de supporters et lecteurs mâles, me direz-vous ? Tout simplement parce que la fabrication  des personnages ne laisse aucun doute à cet égard ;  une étude de marché a vraisemblablement été  faite par l’éditeur américain montrant que les lecteurs de Patterson sont majoritairement des hommes, gros buveurs de bière et mangeurs de hot dogs, fans de football américain et de base-ball, tant il est évident que  ce livre a été écrit pour eux. Jugez-en :

Le héros, Jack Morgan, est jeune, beau comme un Dieu (je n’invente pas, c’est une de ses admiratrices qui le dit en ces termes !), riche à ne plus savoir que faire de son fric ; quand il saute élégamment dans sa voiture, il s’agit d’une Lamborghini, car la Ferrari ne fait pas assez classe ; il est incroyablement séduisant, toutes ses ex-petites amies le regrettent même si elles ne lui en veulent aucunement de les avoir quittées : d’ailleurs un simple claquement de doigts de sa part, et hop, c’est reparti, au moins pour une nuit ! Il est de plus supérieurement intelligent et, cerise sur le gâteau,  pourvu d’un sens moral à toute épreuve. Vétéran de la guerre d’Afghanistan, il s’y est naturellement conduit en héros. Il est évidemment entouré de collaboratrices aussi compétentes que belles et  terriblement amoureuses de lui. De quoi faire rêver les cow-boys dans les chaumières du Texas, non ?

Il faut quand même reconnaître à nos deux auteurs un gros effort d’imagination : le méchant (dans ce roman et sans doute dans ceux de la série qui vont suivre) n’est autre que Tommy,  frère jumeau de Jack, un type aussi ignoble que Jack est un brave gars. La preuve : alors que Jack ne pense  qu’à lui sauver la vie et l’aide, au péril de la sienne, à se tirer des mains de la Mafia, Tommy n’a qu’une idée en tête : la perte de son frère, peut-être même sa mort. Reconnaissez avec Jack (qui a beaucoup de peine), que c’est un comportement pas très sympathique. « Voilà qui était réellement mon frère, mon jumeau. Il me détestait au point de me tourmenter en secret depuis toutes ces années »,  comprend Jack à la fin du livre, terriblement déçu comme vous pouvez en juger.

Vous l’avez compris, la subtilité psychologique n’est pas le fort de James Patterson et de ses personnages. Alors, que reste-t-il ? L’intrigue, peut-être ?

Il y en a deux, qui sont toutes les deux liées aux enquêtes de PRIVATE Investigations. La première concerne l’assassinat non résolu de plusieurs jeunes lycéennes sauvagement tuées. La police ne trouvant pas le ou les meurtriers fait appel  à la société de Jack Morgan pour résoudre l’énigme. C’est la partie centrale du roman, la plus intéressante.

La deuxième concerne des paris sportifs sur des matchs de football américain qui auraient été truqués. Là aussi, PRIVATE Investigations est sollicitée. Les équipes de Jack suivent les deux affaires, Jack lui-même, en tant que chef, supervise l’ensemble et s’occupe de (presque) tout.

 Que dire sur ces enquêtes ? Nous avons l’impression d’avoir lu dix fois, vingt fois ce genre d’histoire. Si l’écriture et les personnages sortaient de l’ordinaire, le brouet aurait pu passer  et le plaisir de la lecture être au rendez-vous. Hélas, nous avons ici l’impression de lire le script bâclé d’une série télé bas de gamme: tout est superficiel, peu crédible, les personnages caricaturaux… Quant à l’écriture de nos deux auteurs, qu’en dire  sinon que Marc  Lévy à côté d’eux, c’est Chateaubriand !

Vous aurez compris que j’ai trouvé ce PRIVATE Los Angeles encore moins réussi que En votre honneur, qui n’était pourtant pas un chef-d’œuvre. Mais ce n’est que mon avis, c’est-à-dire une minuscule goutte d’eau critique dans un océan d’éloges probables, ça ne va donc pas l’empêcher d’avoir un gros succès de vente.  Mérité ? Vous en jugerez après lecture !

Private Los Angeles
James Patterson et Maxine Paetro
Archipel
35 p
22 €

Présentation de l'éditeur

Ancien Marine, Jack Morgan hérite de son père - un prisonnier condamné à mort - « Private », une agence de détectives privés, et 15 millions de dollars.
Cinq ans plus tard, les affaires fonctionnent bien pour Jack, qui a su développer son business et jouit d'une réputation solide auprès des stars et des hommes politiques. Mais il fait les frais des erreurs de son père et de son jumeau, qui a contracté des dettes auprès du mafieux Ray Noccia...
Lorsque Jack apprend que Shelby, la femme de son meilleur ami, a été sauvagement abattue, il mène l'enquête et ne tarde pas à découvrir la double vie de cette dernière. Shelby, prostituée et accroc au crack, travaillait dans un salon de massage tenu par Noccia lui-même...
Parallèlement, Justine, profileuse et associée de Jack au sein de l'agence de la ville des anges, enquête sur des meurtres en série de lycéennes. Dix-huit victimes au total, mais toutes assassinées de façon différente...

 

Commentaires

Je suis un adepte de Patterson, je ne connaissais pas cette (future) série...

Merci pour le commentaire. Paco

Écrit par : Paco | 05/09/2011

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