Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/10/2011

La géométrie du tueur, de Laura Sadowski (chronique 2)

lageometriedutueur.jpgUne chronique de Bruno

Voilà un livre qui s’avère être une très bonne surprise ! Je ne connaissais pas l’auteur avant de parcourir les premières pages de son dernier roman « La géométrie du tueur », et je découvre un écrivain au style efficace, et à l’imagination machiavélique !
Il arrive parfois que l’on tombe comme ca, sur un livre qui ne fait pas trop parler de lui mais qui au final vous procure un grand plaisir de lecture. Autant dire que j’adore ce genre de surprise et que j’en redemande !

Mathis Clay’h est avocat. Les lustres de sa gloire passée finissent de se dissoudre dans l’alcool, régulièrement affalé sur un banc du tribunal attendant d’être commis d’office pour de petits malfrats arrêtés dans la nuit. La disparition de sa fille, deux ans plus tôt, a démoli cet homme divorcé qui ne trouve plus dans la vie l’espoir d’un bonheur à partager, et qui est davantage supporté par l’existence plus qu’il ne s’accroche à elle.

Car très vite, à la simple accusation de vol vont se rajouter des coups et blessures, avant que l’affaire ne se corse davantage encore avec un homicide qui viendra se rajouter aux faits qui sont reprochés au jeune prévenu. Alors, sous l’œil bienveillant de la fidèle et vieille secrétaire, gardienne du glorieux passé paternel, le cabinet va reprendre vie peu à peu et avec lui Mathis Clay’h.

Car dans le même temps, Mathis remarque une présence féminine furtive mais régulière aux abords de son immeuble. Que fait-elle là ? Pourquoi s’enfuit-elle systématiquement quand l’avocat tente de l’approcher ? Ce n’est que lorsqu’il arrive à la piéger que elle ci se dévoile. Et ce qu’il va apprendre va lui donner soudain le sentiment d’être un insecte qui vient de se prendre dans une toile d’araignée ! Car la jeune femme n’est autre que la fille d’un tueur en série qui a défrayé la chronique et qui s’apprête à être jugé.

Laura Sadowski est avocate de profession. C’est dire la maitrise qui est la sienne des rouages de la justice française. Loin des procès spectacles américains, avec une infinie précision, elle entraîne son lecteur dans les coulisses de nos tribunaux et lui fait deviner ce monstre froid et aveugle qui est censé garantir l’équité entre les citoyens, et rendre la justice au nom du peuple.

Mais à cela s’ajoute une redoutable narratrice, à l’imagination particulièrement machiavélique comme je l’indiquais en préambule. Non sans un certain plaisir, elle aime à tourmenter son personnage, à le plonger dans une situation paradoxale et cornélienne, à le mettre en torture pour lui faire trouver la force de livrer bataille.

Car c’est Mathis, cet avocat paumé, imbibé de sa déchéance et de relents d’alcool qu’a choisi ce tueur en série pour le défendre, lui et personne d’autre ! Et pour le convaincre de le faire, il a un argument de poids à offrir à Mathis : sa fille !

Défendre peut être l’assassin de son enfant au risque de le faire libérer, ou perdre le procès et avec lui l’unique espoir de retrouver sa fille disparue, c’est devant ce choix sans solution, cette porte sans issue auxquels se retrouve confronté notre avocat.

  Chaque réalité porte en elle sa propre géométrie, avec son centre de gravité. Celle du tueur s’articule autour de sa victime à laquelle il s’adapte pour mieux s’en saisir. Celle de l’avocat possède en son centre, une absence, un vide, qu’il comble avec ses affaires de petits malfrats qu’il défend et qui lui permettent de maintenir son univers dans un équilibre précaire. Certaines en attirent et en avalent d’autres. C’est le cas pour les victimes de ce tueur, mais aussi de l’avocat qui n’aura pas d’autre choix que de défendre l’indéfendable.

La force de Laura Sadowski, c’est la fluidité de son écriture. L’histoire se déroule naturellement sans à coup. On accompagne cet avocat qui remonte progressivement à la surface avec ce jeune employé de maison pour lequel il va réveiller ses talents, pour mieux le voir remettre la tête sous l’eau avec un défi dont il ne peut que ressortir perdant.

Deux histoires qui pour une fois, ne vont pas en faire qu’une, mais vont rester en parallèle, ou tout du moins l’une dans l’ombre de la seconde. Sans doute certains verront-ils un subterfuge pour installer le lecteur dans une trame, afin de mieux le surprendre avec ce tueur en série qui surgit brutalement dans le paysage de Mathis. J’aime à penser que la volonté de l’auteur est tout autre, qu’à travers ces deux histoires, l’une ne mets pas l’autre en valeur, mais plutôt en perspective. Qu’il n’y a pas de petits ou grand procès, qu’il n’y a pas de banales ou glorieuses batailles, mais un seul et unique combat, celui qui mène à la vérité.

Laura Sadowski , avec son sens de l’intrigue signe là un remarquable roman.
Mais alors qu’habituellement après un tel moment de lecture je suis triste d’atteindre la dernière page et d’en avoir terminé avec un bon livre, cette fois je garde mon enthousiasme intact. Car il me semble évidement que la fin appelle à une suite prochaine, ce que semble d’ailleurs me confirmer l’auteur en personne ! Cette fois ci, croyez-moi, je serai parmi les premiers à en faire l’acquisition !

Le blog de Bruno : http://passion-polar.over-blog.com/


Une autre chronique sur ce roman est disponible ici.

Les commentaires sont fermés.