13/01/2012
Le bal des frelons, de Pascal Dessaint
Une chronique de Catherine/Velda
Pascal Dessaint vous invite au Bal des frelons. Méfiez-vous...
Le bal des frelons n'est pas une Fable de la Fontaine. Et pourtant c'est une histoire de bêtes : des abeilles, un hérisson, un ours, une vache, des poules, des humains... Tout ce petit monde habite un village du Piémont pyrénéen, pas très loin de la frontière espagnole. Tout ce petit monde fricote, complote, délire. L'ancien gardien de prison est bien brave, mais quand sa femme lui claironne dans les oreilles qu'elle a sorti de la banque toutes les économies du ménage et qu'elle les cachées, là, l'ancien maton dérape.
Sa tendre épouse Martine s'en va se faire consoler chez le maire du village, le maire Michel (pardon, ça m'a échappé), qui, à son corps défendant, lui abandonne un peu de sa virilité... La secrétaire de mairie, tout à coup, se dit qu'elle aussi elle en profiterait bien. Ca sent son vaudeville ? Non, pas vraiment. Pour tout dire, ca sent plutôt l'horreur. Même les vaches se prennent du plomb dans l'aile, dans ce village... L'ours, lui, va bien. Il se contente de ficher une trouille bleue aux villageois, avec parfois des conséquences collatérales. Quant à l'apiculteur, réfugié là après avoir abandonné sa compagne et son beau-fils, c'est bien le plus sympa de tous... Est-ce pour cela qu'il servira de bras à un destin des plus abominables ? J'arrête là, avant le pire! Car oui, il y a pire. Il y a la conjonction des destinées, le grain de sable dans l'engrenage, toute cette ruche devient folle, et il va y avoir des victimes, je vous le garantis
Pascal Dessaint est un hypocrite. Il nous emmène mine de rien au coeur de l'enfer, il nous arrache des rires d'un jaune franchement dégoûtant, il nous met face à la violence extrême, nous montre l'horreur de ces vies quotidiennes qui nous paraissent si communes, nous confronte à des êtres d'une banalité affolante, et pourtant capables de l'inimaginable. Les personnages sont incroyables - pour ma part, je décernerais volontiers ma palme à Baptiste, le fan de Status Quo : il fallait oser ! Tout cela avec une vicieuse faconde, une écriture qui pulse, et en utilisant en virtuose, c'est-à-dire sans ostentation, une construction à plusieurs voix qui laisse le lecteur un brin étourdi, mais heureux de l'être, même s'il a un peu honte d'avoir pris tant de plaisir à une telle entreprise de démolition.
Catherine/Velda, Le blog du polar
Le bal des frelons
Pascal Dessaint
Rivages / Thriller
Février 2011
206 p, 16 €
Présentation de l'éditeur
La montagne, le grand air, la nature, ce n’est pas aussi sain et bucolique qu’on le pense. D’abord parce qu’il y a les vestiges de l’ancienne usine de tungstène, pas loin. Ensuite parce qu’il y a le village, loin de tout. Enfin parce qu’il y a les habitants du village. C’est ça le pire. À commencer par Michel, le maire. Pusillanime, cupide, il fait ses petits trafics et prélève gentiment sa dîme sur les fonds publics, sous l’œil de sa secrétaire Coralie, toujours vierge à 40 ans passés et qui ferait tout pour ne plus l’être ; si possible, avec Monsieur le maire, ce serait mieux.
Au nombre des administrés, on compte Antonin, pas si méchant pour un gardien de prison à la retraite ; sauf qu’il veut tuer sa femme Martine qui lui tape sur le système. Il ne sait pas toutefois que Martine – qui vient de retirer de la banque toutes les économies du couple sans dire où elle a caché le magot – se verrait bien veuve elle aussi, et riche. Si possible, il faudrait que Monsieur le maire, son ex-amant, l’aide à trucider Antonin, ce serait mieux. Il y a également Rémi, tellement dégoûté du genre humain qu’il ne parle plus qu’à ses poules Sten et Dhal et aux morts, sa femme Mariel en l’occurrence, qu’il a déterrée du cimetière où elle reposait. Évidemment, si elle était vivante, ce serait mieux. Sans oublier les citadins, Baptiste et Loïk, totalement insensibles au charme de cette belle contrée pyrénéenne. Ils forment un couple presque fusionnel, n’aiment que le rock’n’roll (hard) et leur hérisson Caroline. Loïk est venu là pour se venger d’Antonin, à cause d’une histoire… de femme. Baptiste explique à son amant que s’il oubliait cette vieille affaire, ce serait mieux, mais comme presque tous les personnages de ce roman, Loïk ne se caractérise ni par sa sagesse ni par son discernement. Alors il vaut mieux imiter Maxime l’apiculteur et enfiler sa combinaison protectrice pour traverser cet essaim de frelons aux dards venimeux. Dans ce village de l’Ariège, ce n’est certes pas l’ours qui fait des apparitions sporadiques qui est le plus dangereux…
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