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29/01/2012

Une mort absurde, de Laura Wilson

une_mort_absurde.jpgUne chronique de Jacques

Laura Wilson inscrit son histoire dans une période troublée de l’histoire britannique, celle des bombardements allemands sur Londres en 1944, qui ont marqué la vie des londoniens  en créant un sentiment d’insécurité permanent… bien compréhensible.  

Si cette toile de fond historique suscite  chez le  lecteur une légitime curiosité,  Laura Wilson a également  l’habileté d’intégrer à l’enquête policière une série de personnages fortement dessinés, intéressants,  dont les destins vont se croiser d’une façon parfois inattendue.  Elle alterne  les scènes, les points de vue, les personnages, les intrigues, ce qui donne à l’histoire un rythme soutenu et même  haletant  qui  justifie l’appellation de « suspense psychologique » donné au livre par l’éditeur.  La mise en scène d’une histoire policière pendant cette période troublée de l’histoire anglaise lui permet la description de la vie quotidienne des londoniens en 1944 et ajoute ainsi, comme dans tout bon roman historique, un élément supplémentaire d'intérêt pour le lecteur.  

Strang, le  personnage central (et  fictif ) du roman, a quelques points communs avec le  célèbre Franck Abagnale, le  personnage (bien réel, lui)  du  film de Spielberg « attrape-moi si tu peux » interprété par Leonardo de Caprio.  

Comme Abagnale, Strang est remarquablement intelligent et capable de s’adapter avec brio à des situations nouvelles. Sans aucune formation universitaire, il va  se faire passer pour un médecin hospitalier, réussissant  à tromper, comme l’avait fait Abagnale,  les patients, les infirmières ou ses supposés collègues.  Cependant, histoire policière oblige, Strang, qui est aussi un bon faussaire capable d’endosser de multiples identités, se sentira  « obligé », pour protéger son personnage de notable, d’enfreindre de plus en plus fréquemment la loi. Jusqu’où ira-t-il ? Jusqu’au meurtre ?  C'est un des ressorts de l'histoire, très efficace !

L’autre personnage central est évidemment    l’inspecteur Ted Sttratton. Ou plutôt : Stratton  et sa famille, sa femme Jenny, sa petite fille Monica, ainsi que sa belle sœur et son beau-frère.   Nous sommes plongés avec eux dans la guerre, les bombardements, l’explosion des maisons, les corps ensevelis sous les décombres.  Un soir,  un bombardement frappe le quartier. Si  leur maison est épargnée,  dans le voisinage c’est le chaos.  Ils apportent de l’aide à une voisine, madame Ingram,  récemment installée dans le quartier,  dont la maison vient d’être détruite et qui semble sévèrement choquée.  En attendant l’arrivée du mari de madame Ingram, la sœur de Jenny héberge celle-ci.   Il se trouve que madame Ingram ne reconnait pas son mari, lorsque celui-ci arrive.   Crise de folie liée au choc qu’elle a subie ?  Madame Ingram est-elle une simulatrice ? Y a-t-il autre chose caché derrière cette histoire ? Jenny et sa sœur Doris sont aux premières loges, laissant  Ted Stratton à son travail, et lui cachant parfois des informations.  Les conséquences, tragiques, provoqueront la mort absurde, annoncée par le titre du roman.

Pendant ce temps,  notre inspecteur est embarqué dans une enquête sur la mort suspecte d’un médecin travaillant  à l’hôpital voisin.  Son enquête l’amène à interroger le personnel, et en particulier une jolie infirmière, dont Strang est amoureux et que celui-ci  projette de séduire.

Après avoir mis un peu de temps pour s’installer, l’histoire finit par trouver son rythme de croisière et s’accélère peu à peu. Les personnages prennent de la densité;  l’auteur nous fait découvrir par touches successives l’enfance de Strang, dont les motivations s’éclairèrent peu à peu.  L’enquête sur le meurtre de Reynolds, menée par Stratton et son équipe, prend également corps, les indices s’accumulent et l’orientent  sur la piste de Strang. L’étau se resserre autour de celui-ci alors qu’un autre meurtre est commis, d’un autre médecin.  Mais Strang est-il réellement le coupable des deux meurtres ?  Le récit est mené avec habileté et  le lecteur est souvent surpris, notamment par le dénouement, logique et pourtant  inattendu.

 Du classique dans cette enquête, avec un mécanisme du récit et une atmosphère qui se rapprochent parfois de ceux de la très chère Agatha Christie : tout cela est very british, of course !  Ceux qui aiment le polar britannique classique ne seront pas déçus.  

Jacques, lectures et chroniques

Une mort absurde
Laura Wilson
Albin Michel,  1er février 2012
483 p, 22 €



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