14/02/2012
L'infortune des Bien Nantis, de Maxime Houde
L'infortune des bien nantis et le péché avoué du blogueur !
Une chronique de Richard
Continuant mon périple dans le monde du polar québécois, j’avoue, à ma grande honte, n’avoir jamais lu Maxime Houde. Depuis le début des années 2000, cet auteur nous présente les aventures du privé dur-à-cuire, Stan Coveleski. Une fois cet aveu fait, mon acte de contrition récité, je dois faire ma pénitence et vous avouer que j’ai aimé ce roman, que je l’ai lu avec plaisir et que j’attends la sortie de la 7e aventure de ce privé atypique et sympathique. Quand même !
«L’infortune des bien nantis» est le 6e roman où Maxime Houde met en scène son personnage principal. L’époque où se passe cette série est une particularité intéressante: l’auteur situe ses récits dans les années 1940, en plein coeur de Montréal. Même pour les plus Montréalais d’entre nous, ce choix ne peut que donner une saveur particulière, un peu historique, sans l’intervention de toute la science moderne d’investigation et d’enquête. Alors, comme dans les photographies aux teintes sépia, le lecteur est plongé dans un Montréal moins cosmopolite, plus vieillot et quelque peu influencé par la petite pègre et les élites locales.
Stan Coveleski se remet difficilement de la mort de sa femme et tente désespérément de remettre son agence de détective privé à flot. Petits boulots, discussions avec sa secrétaire, la fidèle Emma, sorties avec son ami, le policier Maranda, sont les seuls événements qui pimentent la vie du privé. Jusqu’au jour où la belle Paméla Du Sablon réapparait dans sa vie et vient jeter quelques pavés dans la mare de cette mer de la tranquillité. Elle est belle, entreprenante, délurée et elle ne laisse pas notre héros indifférent. Tout pour sortir de la lune et revenir les deux pieds sur terre, avec la tête dans les nuages.
Après quelques visites à la maison des Du Sablon, leur relation demeure ambigüe ... pour notre plus grand plaisir. Jusqu’au jour où l’aguichante Paméla entre chez Stan, tard le soir, un peu perdue; dans son sac à main, un Browning. Il sent encore la poudre. Ce joujou a donc servi récemment !
Immédiatement, Stan se rend au domicile de la belle et trouve le mari, affalé sur une chaise, une tache de sang sur sa chemise. Mort ! Tout concorde pour suspecter Pamela: une situation de couple corrosive, des aventures extra-conjugales et des scènes de ménage, pas toujours respectueuses, données devant public, souvent ahuri !
Stan Coveleski fera tout en son pouvoir pour sauver sa belle amie mais la découverte d’un deuxième meurtre dans l’entourage du privé, viendra déplacer les soupçons policiers vers le détective privé. Commence alors une enquête parallèle qui nous fera découvrir un sergent Martel pugnace et soupçonneux. Et sous la couverture de la bonne société, quelques éléments pas très jolis que l’on voudrait bien garder sous le tapis.
Maxime Houde nous tricote donc un récit bien monté, une intrigue qui se tient malgré quelques petites longueurs, une résolution de crimes intéressante, percutante mais crédible, et une finale assez imaginative ... J’allais écrire, ici, quelque chose qui aurait peut-être mis la puce à l’oreille du lecteur averti mais je vous la laisserai découvrir ce dernier chapitre... pour votre plaisir.
Oui, vous aurez du plaisir à lire «L’infortune des bien nantis». Sans être un styliste hors pair, l’auteur nous surprend parfois avec des phrases qui nous étonnent et nous charment. Je suis toujours ébahi par cette qualité d’un auteur qui raconte une bonne histoire et qui est capable d’enjoliver son texte de quelques perles à découvrir. De plus, il est bon de noter que Maxime Houde maîtrise très bien l’écriture de ses dialogues. Son style sobre mais parfois «frappant» ajoute à notre plaisir; l’histoire coule, les dialogues l’enrichissent et son écriture facilite notre lecture.
Il ne faudrait pas non plus oublier tout le travail de recherche qu’a dû faire l’auteur pour bien nous représenter le Montréal des années 40. De Maurice Richard aux tramways des rues principales, aux premières discussions sur la construction d’un métro et aux problèmes du maire Camilien Houde jusqu’à la quiétude des riches maisons du boulevard Gouin, le lecteur s’imprégnera dans cette époque, sans que ce ne soit didactique. Juste une valeur ajoutée, un plaisir de la découverte d’une époque pas si lointaine.
En définitive, j’ai bien aimé ce roman de Maxime Houde et ma découverte de ce personnage, quand même très attachant. Pas au point de retourner en arrière pour lire les cinq premiers , mais assez pour réserver mon exemplaire du prochain volet des enquêtes de Stan Coveleski.
Une découverte à faire !
Un roman divertissant !
Quelques extraits pour la route ...
Quand Stan attend les rares clients qui pourraient lui donner du travail: «La journée fut aussi tranquille qu’une soirée dansante pour culs-de-jatte.»
Pour pimenter une invitation à assister à un souper, pourquoi ne pas en faire une présentation ... : « les invités vont parler dans le dos des absents, donner leur opinion sur des sujets qu’ils ne connaissent pas et, immanquablement, une bagarre va éclater en fin de soirée entre deux types éméchés parce que l’un deux n’aimera pas la façon dont l’autre regarde son épouse.»
Une comparaison ... historique et gastronomique :
« C’est clair ?
Comme la soupe au temps de la Dépression.»
Une petite dernière : «Je suivis le cortège au volant de la Graham en compagnie de mes pensées. J’avais déjà connu des passagères plus agréables.»
Bonne lecture !
Richard,
Polar Noir et blanc : http://lecturederichard.over-blog.com/
L’infortune des bien nantis
Maxime Houde
Alire
2011
372 pages
15:05 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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