20/10/2012
Le tableau du maître flamand, de Arturo Pérez-Reverte
Une chronique d'oncle Paul.
Le cavalier en échec….
Restauratrice de tableaux anciens, Julia en radiographiant La partie d'échecs, une huile sur bois datant de 1471 due au peintre flamand Peter Van Huys, découvre une inscription latine qui peut se traduire par Qui a tué le chevalier? Intriguée elle fait part de sa découverte à Menchu, la propriétaire d'une galerie, à Alvaro, son ex-amant professeur d'histoire de l'art ainsi qu'à César, antiquaire homosexuel, courtois et cultivé. Ce tableau représente deux hommes jouant aux échecs et debout en arrière plan une jeune femme lisant un livre. La phrase sibylline pourrait alors posséder une autre signification: Qui a pris le cavalier ?
Scène banale représentative des loisirs de la noblesse de l'époque mais qui chagrine César. L'un des joueurs est Roger d'Arras, son adversaire Fernand d'Ostenbourg et la jeune femme, Béatrice, épouse de ce dernier et peut-être amante du premier. Or Roger d'Arras était mort depuis deux ans lorsque Van Huys peignit ce tableau. L'inscription peut alors retrouver sa signification première. César demande à Munoz, joueur d'échecs amateur mais dont la technique du jeu est indéniable, de refaire la partie en cours, à l'envers, et de déterminer qui a joué en dernier et quelle pièce. Julia est obnubilée par ce tableau et extrapole reconstituant les faits et gestes de ces trois personnages. L'interconnexion entre l'histoire passée et le présent prend soudain une ampleur qu'elle ne soupçonnait pas.
Arturo Perez Reverte joue sur plusieurs tableaux, sans jeu de mots ou presque. Effets de miroirs et symboliques s'interfèrent et Julia qui s'est prise d'une certaine passion obsessionnelle pour le tableau qu'elle restaure en vient à imaginer les protagonistes dans leurs évolutions. En prenant le prétexte d'une trame policière, c'est à l'apologie de la culture auquel le lecteur est convié. La peinture certes, mais également la musique où là encore tout n'est que jeux de miroirs. Et comme le fait si bien remarquer Arturo Perez Reverte, les interférences entre le jeu d'échecs et la littérature policière sont nombreuses, alliant sport cérébral et aspect ludique. La lecture de ce roman achevé, nul doute que le lecteur réticent reviendra sur ses aprioris sur la littérature policière. Arturo Perez Reverte ouvre une nouvelle voie: le roman policier humaniste.
Paul (Les lectures de l'oncle Paul)
Le tableau du maitre flamand
Arturo PEREZ REVERTE
Traduit de l'espagnol par Jean Pierre Quijano
Le Livre de Poche Policier/Thriller
352 pages. 6,10€.
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