19/12/2012
La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, de Joël Dicker (chronique 2)
Une chronique de Richard.
Vous n’avez pas encore entendu parler de «La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert» ? Et bien tant mieux !
C’est que vous ne l’avez pas encore lu et qu’il vous reste tout le plaisir de découvrir un excellent roman !
Lisez ma chronique !
Laissez-vous convaincre !
Et allez chez votre libraire préféré vous procurez ce roman !
Dès les premières pages, vous serez pris par l’histoire, vous vous laisserez emporter par les personnages et vous ne quitterez plus le récit tant que vous n’aurez pas lu le chiffre 665, au bas de la dernière page.
Bonne lecture !
Voilà !
Je termine toujours mes chroniques avec ces mots : «Bonne lecture !» Ce que j’ai écrit devrait vous suffire à vous convaincre ... Mais je vous connais, chers lecteurs, vous voulez en savoir plus ! Pas question de faire confiance au blogueur sans quelques preuves, commentaires et extraits ... Moi qui pensait pouvoir profiter de cette pause, illustration de ma paresse légendaire. Écrire une chronique d’un paragraphe et savoir que je vous ai convaincu !
Et non !
Ce ne sera pas pour cette fois-ci !
Alors, blogueur paresseux, au clavier !
Parle de cet excellent roman. Raconte-nous un peu l’histoire, pour nous mettre en appétit et dis-nous pourquoi, nous devrions lire ce deuxième roman de Joël Dicker.
Marcus Goldman, jeune écrivain, a connu un succès extraordinaire avec son premier roman. Reconnu par le tout New-York, vedette sous les feux de la rampe, il souffre cependant du syndrome de la page blanche. Bloqué, sans inspiration, l’imagination au neutre, il est en plus harcelé par son éditeur qui s’attend à un deuxième succès, le plus tôt possible.
Pour se ressourcer, Marcus se rend chez son vieux professeur d’université, Harry Quebert pour recevoir ses précieux conseils et surtout, retrouver l’inspiration et l’imagination qui l’ont abandonné. Mais Harry Quebert, un des écrivains les plus appréciés au pays, voit une vieille histoire d’amour resurgir 35 ans plus tard. Il est accusé du meurtre de cette jeune fille de 15 ans dont on vient de retrouver le corps dans son jardin. Avec le manuscrit de son grand succès !
Marcus Goldman ne croit aucunement à la culpabilité de son mentor et commence alors sa propre enquête pour découvrir la vérité.
Dans ce petit village d’Aurora dans le New Hampshire, Goldman se heurtera à l’opacité et à la haine, exacerbées par la découverte de ce squelette. Accompagné par un policier débonnaire mais efficace, le Sergent Perry Gahalowood, Goldman retracera événement par événement ce qui s’est passé, 35 ans plus tôt. Et tout au long de son enquête, il amènera le lecteur à déchiffrer les indices, à infirmer des hypothèses et à se prendre dans la toile que ces écrivains ( le vrai, Joël Dicker et ses deux personnages ... !) lui tissent dans une finale tout à fait inattendue mais parfaitement crédible.
Voici donc l’histoire !!
Mais non !
Ce n’est pas tout !
Car dans ce roman, il y a l’histoire d’un roman sur un roman !
(Hum ! j’adore me permettre cette répétition ! )
En effet, pour guérir son syndrome de la page blanche et surtout pour calmer l’appétit féroce de son éditeur avide et affamé, Marcus Goldman tentera d’écrire l’histoire de cette enquête. Et l’histoire du roman dans un roman, lui permettra également de revoir les 31 conseils, qu’un jour, son maître Quebert lui a donnés pour devenir un grand écrivain.
«J’aimerais vous apprendre l’écriture, Marcus, non pas pour que vous sachiez écrire, mais pour que vous deveniez écrivain. Parce qu’écrire des livres, ce n’est pas rien: tout le monde sait écrire, mais tout le monde n’est pas écrivain.
- Et comment sait-on que l’on est écrivain, Harry ?
- Personne ne sait qu’il est écrivain. Ce sont les autres qui lui disent.»
Ces 31 conseils nous sont révélés, au fur et à mesure, en tête de chapitre ... numérotés de 31 (le premier chapitre) à 1 (le dernier). Juste avant l’épilogue !
Quoi dire et qu’ajouter à cette histoire ?
Mais qu’il ne faut pas oublier que derrière ces 35 années qui séparent le meurtre de la découverte du corps, les États-Unis ont vécu. Et Joël Dicker, en filigrane, nous raconte cette Amérique, vue dans la lorgnette de ce petit village du nord-ouest du pays. À travers les yeux de ses habitants, leurs peurs et leurs croyances, l’auteur nous dessine le portrait de ces personnages, aussi réaliste et coloré qu’une toile d’Edward Hopper.
Ce deuxième roman de Joël Dicker sort vraiment des sentiers battus littéraires: inclassable et atypique, inutile d’essayer de le faire entrer dans une case quelconque. L’auteur nous raconte une bonne histoire et il la raconte très bien. Aucun temps mort, des revirements spectaculaires, une galerie de personnages qui nous rappellent tous quelqu’un qu’on a déjà rencontré. Et une victime extraordinaire, une victime qui nous pose elle-même son propre problème. Une victime qui nous laisse à chaque fois, un peu plus perdu, un peu moins certain sur l’identité de son meurtrier. Nola est un personnage fascinant, énigmatique et tout à fait crédible; sa disparition quand elle n’a que 15 ans, cache un être complexe qui donne de la profondeur et de la consistance à l’intrigue.
Les relations presque paternelles mais assurément pédagogiques, entre Harry et Marcus révèlent également toute la complexité du récit. Un roman sur le roman, oui ! Mais aussi, un roman sur la confiance, l’amitié, confrontés à la suspicion, l’avidité et la recherche du bonheur à tout prix.
Joël Dicker est un excellent raconteur d’histoires, un romancier dans le sens balzacien du terme. Vous ne trouverez pas dans « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert» une prose poétique ou un style charmeur. L’auteur sait nous raconter une histoire pour nous divertir et nous émouvoir. Cependant, il me faut souligner le sens de l’humour de Dicker, révélé dans les dialogues savoureux et distrayants de Marcus Goldman avec sa mère. Véritable caricature de la mère surprotectrice pleine de préjugés, chacune de ses présences nous fait sourire autant qu’elles incommodent son fils. Certaines réparties sont savoureusement choquantes, pournotre plus grand plaisir.
«Markie chéri, écoute, je dois te demander: es-tu amoureux de ce Harry? Fais-tu de l’homosexualité avec lui ?»
Je vous invite donc à vous plonger dans cet excellent roman qui a déjà reçu le Prix du roman de l’Académie française et le Prix Goncourt des lycéens. Un petit voyage dans le nord des États-Unis qui vous ravira. Avec en prime, la recette pour écrire un best-seller !
Un dernier commentaire avant ces quelques extraits ! Une interprétation personnelle sur le succès de ce roman. Je crois que Joël Dicker est amoureux de la littérature et par ce fait, il partage avec ses lecteurs cet amour et cette passion. Le lecteur se sent complice, l’auteur lui parle, lui raconte une bonne histoire complexe et prenante ... et la magie opère. On sort de cette lecture en ayant l’impression d’avoir vécu (lu ?) un moment bien particulier, d’avoir lu (vécu?) quelque chose de vrai.
Voici donc quelques extraits.
« Elle avait quinze ans, c’était un amour interdit. N-O-L-A.»
«Les mots sont à tout le monde, jusqu’à ce que vous prouviez que vous êtes capable de vous les approprier. Voilà ce qui définit un écrivain. Et vous verrez, Marcus, certains voudront vous faire croire que le livre est un rapport aux mots, mais c’est faux: il s’agit en fait d’un rapport aux gens.»
«Je range les chariots, Marcus. Je parcours le parking, je traque les chariots esseulés et abandonnés, je les prends avec moi, je les réconforte, et je les range avec tous leurs copains dans la gare à chariots, pour les clients suivants. Les chariots ne sont jamais seuls. Ou alors pas très longtemps. Parce que dans tous les supermarchés du monde, il y a un Ernie qui vient les chercher et les ramène à leur famille. Mais qui est-ce qui vient chez Ernie ensuite pour le ramener à sa famille, hein ? Pourquoi fait-on pour les chariots de supermarché ce qu’on ne fait pas pour les hommes ?»
«Au fond, dit-il, les écrivains n’écrivent qu’un seul livre par vie.»
Alors, «La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert» sera-t-il le dernier livre de Joël Dicker ?
Bonne lecture !!
Richard, Polar Noir et blanc
A lire : la chronique de Paco sur ce roman.
La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert
Joël Dicker
Éditions de Fallois / L’Âge d’Homme
2012
665 pages
18:01 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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