19/02/2014
Des yeux dans la nuit, de Chevy Stevens
Une chronique de Jacques
Après Séquestrée et Il coule aussi dans tes veines, voici le troisième roman de Chevy Stevens publié en France. Nous y retrouvons le personnage de Nadine Lavoie, la psy du deuxième roman, mais alors que celle-ci avait dans le livre précédent un rôle relativement secondaire, elle est ici au centre de l’intrigue… une intrigue dans laquelle la composante psychologique est, tout naturellement, essentielle.
Plusieurs thèmes s’entrecroisent : rapports mère-fille, procédés de manipulation mentale d’une secte dirigée par un gourou charismatique, abus sexuels sur des enfants et les répercussions dans leur vie d’adultes, fonctionnement de la mémoire qui évacue les scènes traumatisantes vécues dans l’enfance... Ce dernier point est à la source des problèmes que Nadine connait avec sa fille Liza depuis l’adolescence de cette dernière. Sous l’emprise de drogues, Liza a fuit la maison maternelle. La vie de Nadine en est bouleversée.
Dès les premières pages du roman, l’auteur réussit à susciter le suspense alors qu’il ne se passe pourtant rien d’extraordinaire : Nadine mène son travail de psychiatre dans un hôpital de Vancouver et elle commence une thérapie avec une patiente qui a tenté de se suicider. Rien que de très normal, et même banal, pour elle. Sauf quand elle apprend que Heather, sa patiente, vient de fuir une secte dirigée par un homme, Aaron Quinn, qu’elle connait bien, puisque quarante ans plus tôt, encore adolescente, elle avait vécu dans cette communauté pendant quelques mois avec sa mère et son frère. Certains souvenirs commencent alors à se réactiver, et ils vont être pour elle perturbants.
Au fil des jours, alors qu’elle approfondit son travail avec Heather et que ses propres souvenirs refont surface, elle se sent épiée, peut-être menacée. Nous découvrons peu à peu ce qu’elle a vécu avec sa famille dans la communauté créée par Aaron Quinn, l’emprise absolue que celui-ci avait sur la plupart des autres disciples et son comportement souvent inquiétant.
Dans le même temps, l’intrigue devient plus complexe. Nous assistons au retour difficile de Liza près de sa mère, à l’évolution de la thérapie d’Heather, aux rapports agités que Nadine entretien avec son frère Robbie, à la naissance d’une relation qu’elle développe avec un médecin de l’hôpital...
Pendant la majeure partie du roman, le lecteur ne verra rien du Aaron Quinn contemporain, qui apparaitra seulement à travers les souvenirs de Nadine et les propos d’anciens adeptes qu’elle croise, mais l’image qui en est ainsi dessinée est, elle, de plus en plus inquiétante.
Dans de nombreuses situations, la psychiatre m’a semblé avoir un comportement incohérent, en particulier dans les relations qu’elle établit avec sa fille, son frère et, d’une façon générale, tous les gens qui lui sont proches et qu’elle aime. Un comportement qui tend à compliquer les rapports et créer des tensions inutiles. L’auteur nous montre comment une psy quinquagénaire, dont l’expérience professionnelle est solide et reconnue par ses pairs, se trouve tout aussi dépourvue que n’importe quel péquin pour résoudre ses propres problèmes psychiques. Une habileté supplémentaire de sa part, puisqu’elle n’hésite pas à rendre son héroïne agaçante par un comportement qui semble souvent incompréhensible au lecteur. Ce désir légitime qu’a l’auteur de crédibiliser son personnage afin de le rendre plus authentique, est un des points forts du livre. D’une façon générale, Chevy Stevens crée des personnages dont les fortes personnalités vont s’affronter et faire se précipiter les évènements jusqu’au drame final, là où tous les fils vont se dénouer jusqu’à parvenir à une apogée du suspense d’une grande force émotionnelle.
Avec ce roman aux qualités indéniables, Chevy Stevens conforte la réputation qu’elle avait réussie à bâtir avec ses deux premiers livres. Elle fait maintenant partie de la poignée d’auteurs de thrillers dont les lecteurs sont de plus en plus nombreux à attendre la dernière parution.
Jacques ( lectures et chroniques)
Des yeux dans la nuit
Chevy Stevens
Editions l’Archipel, publié le 19 février 2014
416 pages, 22 €
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14:30 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chevy, stevens, des yeux dans la nuit, l'archipel | Facebook | |
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