11/05/2014
Traînée de poudre, de Paricia Cornwell
Une chronique de Cassiopée.
Méfiez-vous de l’ADN….
Inconditionnelle de Patricia Cornwell, j’ai vu ses romans évoluer ainsi que son style.
Plus on avance, plus elle se plonge au cœur des relations humaines, d’abord dans le cercle intime des proches de Kay Scapetta (qui reste la personnalité récurrente de ses écrits), puis dans les rapports que le tueur (Kay traque le plus souvent un assassin) a et a eu avec son entourage de proximité puis plus élargi. Il y a donc moins d’actions que dans ses premiers livres mais c’est tout aussi intéressant. Par contre, pour qui ne connaitrait pas les protagonistes qu’elle met en scène, il ne serait peut-être pas opportun de commencer par cet opus. Bien que cela ne gêne en rien la compréhension, il est plus intéressant de voir les personnalités dans leur évolution.
Comme il y a moins de rebondissements, l’écriture est compacte, dense, scientifique avec de nombreuses références qui peuvent lasser le lecteur s’il n’est pas attiré par ce genre de renvois. Moi, cela me convient car j’ai l’impression d’apprendre toujours quelque chose de nouveau. Ici, c’était la technologie haptique ou le fait que le meurtrier s’impose une certaine forme de souffrance, telle qu’elle en devient érotique (il y a des gens vraiment très particuliers, il vaut mieux les laisser dans les livres et les voir de loin…). Certains penseront que l’auteur a trainé trop longuement sur la première scène de crime mais là est tout l’attrait de son analyse. Avec Benton (qui travaille au FBI) qui s’immerge, en esprit, totalement dans la peau du tueur, c’est impressionnant. « Il a besoin de voir avec leurs yeux, de prétendre que c’est lui qui agit. […] de pénétrer dans leur esprit. » Il s’imbibe des pensées de cet homme jusqu’à ce qu’il le cerne, comme si ce dernier prenait possession de lui… Cela fait peur à sa compagne (Kay Scarpetta) et laisse une atmosphère bizarre très bien retranscrite. Les gens qui l’observent lorsqu’il est dans cet «état » le trouvent bizarre, froid, étrange et ne comprennent pas cette façon de faire…De plus, Benton a publié beaucoup de documents sur les criminels et il est inquiet que des gens en recherche de sensations fortes s’en servent….
Kay, elle, depuis des années s’applique à espérer que l’on puisse vider le monde de toute sa « racaille » mais elle sait bien que c’est un puits sans fond et cela la désole… A côté de ces deux personnages, on retrouve avec plaisir, Marino, ancien collaborateur de Kay. Lui, il s’attache aux faits, aux objets qu’il découvre, il ne croit que ce qu’il observe. Il est très « premier degré », à l’opposé de Benton. Et puis, Lucy, la nièce de Kay, geek dans l’âme, capable du meilleur comme du pire avec les nouvelles technologies qu’elles maîtrisent et manipulent à l’envi.
Dans ce roman, ces quatre protagonistes, dont on pourrait croire qu’ils ont chacun un rôle bien défini (mais c’est plus recherché que ça), vont se croiser, se parler, explorer ensemble ou séparément sans que l’on sente que l’un ou l’autre prend le pas (c’est assez rare pour être souligné. Dans d’autres histoires il en manque un ou deux (ils sont alors simplement nommés)). Le fil conducteur n’est pas le quotidien ou les prospections de tel ou tel. Non, c’est réellement l’esprit, l’âme torturé de celui qu’ils traquent, qui est au premier plan. Tout en subtilité, toute en ramifications éminemment bien pensées, cette lecture est riche, à tel point qu’il est difficile de la lire en lecture rapide car vous risquez de rater un mot, une allusion, qui auront de l’importance. Je pense d’ailleurs que ce style qui peut paraître « lourd » au premier abord, insupportera quelques lecteurs.
« Lorsque ce que nous pensions maîtriser nous échappe, nous n’allons pas bien. »
C’est un peu la même chose pour celui qui tourne les pages, il ne tient pas en mains le destin des individus qui peuplent le récit et il s’interroge… L’auteur domine parfaitement les différentes perceptions et conceptions dans lesquelles elle veut nous faire évoluer. C’est pour moi très important, tant les nuances dans les scènes décrites, tant les mots et expressions employés (bravo à la traductrice), tant les dialogues, semblent être lourds de sens pour faire avancer l’intrigue vers un dénouement précis que nous suivons pas à pas….
Traînée de poudre
Patricia Cornwell
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Andréa H. Japp
Éditions deux terres 26 mars 2014
ISBN 978 2 84893 169 2
478 pages
Quatrième de couverture
A la suite d’une enquête sur une tuerie de masse, Kay Scarpetta reçoit un appel des plus troublants. Le corps d’une jeune femme a été découvert sur le campus du Massachusetts Institute of Technology, à Boston. La victime, jeune et riche diplômée du MIT, est morte moins de deux semaines avant son procès contre la très confidentielle société fiduciaire Double S. Son corps est positionné de manière particulière et recouvert d’un résidu fluorescent de couleur rouge sang, vert émeraude et bleu saphir. Ces deux indices semblent lier l’affaire à une série d’homicides sur lesquels travaille Benton, agent du FBI et mari de Kay. Le docteur Scarpetta découvre un univers sordide de corruption et de meurtre. Avec comme seul fil conducteur pour traquer le meurtrier, quelques traînées de poudre.
16:28 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.