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08/10/2014

La Sixième Extinction, de Guillaume Lebeau

sixieme_extinction.pngUne chronique de Jacques.

Quand le froid de l’Antarctique fait monter la température du lecteur...

 Guillaume Lebeau aime le froid, et même le glacé ! Après l’Arctique où il nous avait entrainés avec le Troisième Pôle, dans son nouveau roman la sixième extinction c’est l’Antarctique qu’il choisit comme nouveau terrain de jeu pour ses personnages, avec des températures qui peuvent atteindre allègrement les – 64 °C : beaucoup, beaucoup plus froid que l’Arctique, donc. Si son prochain roman devait avoir comme titre le neuvième désastre, il ne lui resterait plus qu’à trouver le moyen de placer ses héros dans un environnement proche du zéro absolu... Peut-être l’espace interstellaire ?  

 Bon, je plaisante parce que c’est tout ce que j’ai sous la main pour réchauffer une atmosphère bien fraiche, mais je dois avouer tout de même que je me suis bien amusé à la lecture de ce nouvel opus, dans lequel nous retrouvons nos deux héros, la paléoclimatologue Smila Sibir et l’étrange agent de la DCRI Ethan Terrel, de plus en plus séduit par la belle scientifique, mais qui a bien du mal à dégeler les sentiments de celle-ci à son égard. Ce suspense sentimental est naturellement peu de choses si on le compare à celui nettement plus intense qu’a su créer l’auteur, qui porte sur rien moins que l’avenir de l’espèce humaine, mais il ne peut laisser indifférent tous ceux qui, comme moi, ont conservé dans leur cœur un petit côté fleur bleue.

 Guillaume Lebeau, qui a vraiment du métier, mélange avec habileté les ingrédients qui peuvent faire monter la sauce du suspense : complot mondial contre l’humanité suscité par un groupe de richissimes et puissants industriels ; contradictions entre certains membres de ce groupe pour savoir qui va finalement prendre le pouvoir et tirer la couverture à lui ; série de catastrophes programmées ou passées (dont Fukushima) dont ils portent la responsabilité ; menace vitale pour la survie de l’espèce humaine sur  fond de bouleversement climatique d’origine anthropique, que certains de ces comploteurs veulent utiliser à leur profit (certains sont des dirigeants de puissants consortium énergétique) ; et bien sûr nos deux héros qui vont tenter, en surmontant bien des obstacles, de sauver la planète. Réussiront-ils ? Je ne vous dirai rien, même sous la torture. De toute façon s’ils doivent échouer, vous n’aurez certainement pas le temps de lire le livre : vous serez morts avant la fin.

 Comme vous le devinez, Guillaume Lebeau a bien retenu la leçon de certains des maitres du suspense américains en n’hésitant pas à laisser libre cours à son imagination sans se préoccuper de savoir si le lecteur va y croire. Car même s’il nous n’y croyons, pas nous pouvons quand même frissonner, c’est le principe de base de toute fiction de ce type, un principe d’autant plus efficace que l’inscription dans le réel du récit est particulièrement forte dans tous les éléments extérieurs à l’intrigue. Or, l’auteur soigne particulièrement sa documentation scientifique, ce qui est normal puisque le livre s’inscrit dans le contexte du changement climatique et que l’héroïne est elle-même une scientifique, fille du célèbre Lazare Sibir, chercheur et prix Nobel disparu quelques mois plus tôt, dans le roman précédent.

 Ainsi, au fil des pages, nous apprenons en détail comment les membres de la base Concordia doivent s’équiper pour résister aux  températures de - 60 °C, nous prenons connaissance de l’état des recherches en climatologie et en glaciologie, nous avons des précisions sur les cinq extinctions massives des espèces que la Terre a connues depuis 440 millions d’années (avec la sixième extinction, titre du roman, en ligne de mire), etc.

 Cela dit, si vous êtes vraiment très frileux, ne vous inquiétez pas : toute l’histoire ne se déroule pas en Antarctique sur les bases Concordia, Vostok ou Dumont d’Urville. Vous voyagerez aussi sous des cieux plus cléments, par exemple... en Sibérie (!), ou encore dans la région de Grenoble (c’est déjà plus chaud), mais aussi en Afrique du Sud.

 Au final, Guillaume Lebeau prend soin, à la fin du roman, de laisser la porte ouverte à d’autres aventures de Smila Sibir et Ethan Terrel, pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans.

 

Jacques (lectures et chroniques)

 

La Sixième Extinction
(une aventure de Smila Sibir)
Guillaume Lebeau
Editions Marabooks ( 15 octobre 2014 )
381 pages

 

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