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19/01/2015

La pyramide de glace, de Jean-François PAROT

la_pyramide_de_glace.jpgUne chronique de Paul.

 A ne pas confondre avec la pyramide du Louvre...

 En cette fin du mois de février 1784, il gèle à pierre fendre. L'hiver est rude pour les Parisiens qui subsistent comme ils peuvent. Louis XVI et Marie-Antoinette prennent en compte cette famine qui se dessine et procèdent à quelques largesses alimentaires. Pourtant la révolte commence à gronder tandis que des pyramides de glace sont érigées sur des places par certains habitants de la cité en guise de reconnaissance.

En cette soirée du 23 février, Nicolas Le Floch, commissaire de police, Aimée d'Arranet, sa maîtresse, et quelques autres invités discutent de tout et de rien, bavardages badins, et de la situation actuelle avant de se mettre à table, déguster un potage au vin, puis des œufs en matelote et quelques autres mets propres à réchauffer l'estomac, préparés par Catherine Gauss, la cuisinière d'Aimé de Noblecourt leur amphitryon.

Le lendemain Nicolas est réveillé par Aimée qui lui signifie que Bourdeau, un inspecteur de police, l'attend. Une affaire grave le requiert. En effet durant la nuit, mais il avait autre chose à faire avec Aimée que d'entendre la pluie tomber, le dégel a entamé quelques-unes des pyramides. Or l'une de ces pyramides de glace, située boulevard du Midi (aujourd'hui boulevard des Invalides) non loin de la rue de Sèvres, ne s'est pas contentée de commencer à fondre. Elle recélait en son sein le cadavre d'une femme dont les cheveux cachent le visage.

Assisté de Semacgus, chirurgien de marine reconverti en médecin légiste, de Sanson le bourreau qui lui sert d'assistant, de ses adjoints et de ses mouches (mouchards, ancêtre des indics) et de quelques autres dont l'ancien lieutenant général de police et ancien ministre, monsieur de Sartine, Nicolas Le Floch va devoir enquêter afin de découvrir l'identité de cette morte congelée, et le pourquoi du comment de cet assassinat. Auprès de la tombe de glace les curieux affluent de même que quelques individus qui prêchent la révolte contre le régime.

Dégagée de son suaire de glace et mise à l'abri au Châtelet il apparait que cette personne du sexe féminin possède une ressemblance troublante avec la reine Marie-Antoinette. Commence un long travail qui consiste à recueillir les témoignages du voisinage. La maison la plus proche de la pyramide en déliquescence appartient à Philippe de Vainal (vénal ?), président à mortier (du nom de la toque dont ils sont coiffés et non parce qu'il font de la maçonnerie) au Parlement de Paris.

Nicolas Le FLoch est reçu par Hermine Vallard, la prétendue servante de Philippe de Vainal, mais elle est trop bien vêtue pour n'être qu'une domestique. De plus elle s'empêtre dans ses mensonges, affirmant d'abord ne pas connaître l'existence de cette pyramide puis revenant sur ses déclarations. En fouillant un peu plus et grâce à ses mouches, Nicolas établit bientôt que cette résidence sert à Vainal comme maison de plaisirs fréquentée entre autres par le duc de Chartres, le cousin honnis du roi, qui connait des problèmes de dette et a recours à des arrangements financiers.

L'autopsie de la malheureuse congelée n'est pas sans surprises. En effet un morceau de porcelaine de Sèvres est fiché dans sa nuque, et pas n'importe quel fragment. L'objet provient de la collection royale, composée de pièces uniques et il semblerait que des disparitions inexpliquées de la vaisselle de Versailles entacheraient des membres de la cour.

 Il existe un lien entre nobles haut placés et modestes courtisanes, une magicienne surnommée Voit la mort, une revendeuse à la toilette, un ouvrier à la manufacture de Sèvres, le duc de Richelieu, madame de la Motte, Cagliostro, Casanova, une maquerelle, une autre sosie de la reine, un moine, et quelques autres personnages gravitent dans cette enquête menée par Nicolas Le Floch.

Outre l'enquête, l'auteur s'attache à dépeindre l'atmosphère, l'ambiance du Paris qui manque de tout, bois de chauffage, nourriture, à cause des rigueurs de l'hiver. Et bien entendu, il évoque quelques problèmes qui fâchent et qui de tout temps ont alimenté des récriminations et des plaintes de la part du petit peuple mais dont les grands gagnants étaient les nantis : les impôts. Ainsi

On crée toujours des impôts nouveaux, remarqua Aimée. Pourquoi n'en supprime-t-on pas ?

Ah ! Ma mie, dans le cas où le contrôleur général parlerait de supprimer un impôt, soyez assurée qu'il aurait projet deux ou trois autres.

Plus loin :

Encore une taxe ! Mais quel est ce royaume où l'on estime que tout problème doit être réglé par une taxe !

On sent poindre sous les récriminations et les plaintes des Parisiens la Révolution, alimentée en cela par l'aversion envers la Reine, son "amitié" avec le Suédois Fersen, et surtout les frasques de nombreux nobles. Mais si Nicolas Le Floch et ses compères regrettent cet état de fait, la pénurie notamment, ils ne se privent pas pour autant et participent à de somptueux repas roboratifs décrits complaisamment par l'auteur.

Je regrette toutefois que Jean-François Parrot n'applique pas à lui-même cette phrase : Nicolas rendit compte avec cette capacité rigoureuse d'aller à l'essentiel. A mon avis il y a un peu trop de délayage et enlever le surplus de gras eut été le bienvenu. Mais évidemment ce n'est que mon avis que tous les lecteurs ne partageront certainement pas.

 

Paul (blog : les lectures de l'oncle Paul)

La pyramide de glace.
Les enquêtes de Nicolas Le Floch.
Jean-François PAROT
Editions Jean-Claude Lattès.
Parution le 1er octobre 2014.
480 pages.
19,00€.

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