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18/12/2015

Les petites filles, de Julie Ewa

julie ewa les petites filles.JPGUne chronique de Jacques

Trafic d’enfants en Chine

Sacrément douée, cette Julie Ewa ! Voici une jeune auteure (24 ans) dont le premier roman parvient à mêler, avec une habileté digne des plus vieux routiers de l’écriture, une enquête policière qui se déroule en Chine à une remarquable documentation sur la société chinoise contemporaine, sa culture, ses traditions ancestrales... le tout étant agréablement pimenté par un suspense de bon aloi que ne renierait pas les maîtres du genre.

L’intrigue s’inspire d’un fait divers de 2013 qui a fait sensation dans les réseaux sociaux chinois. Lina, jeune étudiante française qui part à Canton pour y faire ses études, est poussée par un responsable d’une ONG à enquêter sur des disparitions d’enfants qui se produisent depuis une vingtaine d’années dans une zone rurale, alors que les autorités ne semblent pas décidées à prendre le problème de front. Il lui explique également que Sun Tang, une paysanne de vint-trois ans habitant le petit village de Mou di, a disparu en 1991, alors qu’elle venait de découvrir le secret lié à ces disparitions d’enfants – plusieurs centaines sans doute – et il demande à Lina de découvrir ce qui lui est arrivé et si possible, ce qu’elle avait découvert. Mou di est un hameau isolé, « un coin paumé en montagne où les habitants croupissent depuis des générations. Ils n’accueillent pas de touristes et aucun étranger ne peut s’y rendre plus d’une fois sans paraitre suspect ». Pour éviter d’être rejetée et s’intégrer au mieux, la jeune femme va vivre dans un monastère bouddhiste qui a accepté de la recevoir.

Le récit alterne entre 1991 et 2013. Certains chapitres nous permettent de découvrir la vie de Sun Tang et de comprendre ce qui lui est arrivé, et en parallèle nous suivons les recherches que l’obstinée Lina va tenter de mener... plus ou moins discrètement, mais avec une efficacité redoutable.

Ainsi, nous allons découvrir au fil des pages comment, dans une société rurale qui doit appliquer comme l’ensemble de la Chine la politique de l’enfant unique, les filles sont souvent méprisées, rejetées, parfois tuées à la naissance afin de permettre au couple d’avoir enfin un garçon : dans ce domaine, les points communs avec le roman « témoin de la nuit » de l’Indienne Kishwar Desai et avec certains endroits du Punjab (état semi-rural du nord de l’Inde) sont évidents.

Si les relations de Lina avec certains des habitants de Mou di ne sont pas être toujours simples, d’autres personnages apparaissent qui sont particulièrement intéressants. Quel rôle a joué dans l’histoire de Sun Tang le moine Yaho-Shi qui accueille la jeune Française ? Celle-ci doit-elle se fier à l’inspecteur Zhou et à d’autres policiers qu’elle va croiser au cours de ses recherches ?

Les personnages sont bien campés et crédibles, que ce soit celui de Lina, la narratrice, dont la volonté confine parfois avec de l’entêtement, y compris quand sa vie est en jeu, celui de Sun Tang, la paysanne dont nous suivons le parcours dramatique, et surtout de l’inspecteur Rong Zhou qui va se révéler plus mystérieux qu’il ne semble l’être au début du roman.

Julie Ewa, qui réalise avec ce premier roman un coup de maitre, mérite d’être suivie avec attention, je gage qu’elle ne devrait pas manquer de nous surprendre à nouveau !

Le blog de Jacques : Lectures et chroniques

Les petites filles
Auteur : Julie Ewa
Éditions Albin-Michel
Collection « Spécial Suspense »
410 pages



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