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02/03/2019

L'inspecteur Dalil à Paris de Soufiane Chakkouche

Une chronique de Cassiopée

 

dalil.jpgVoilà un polar qui détonne et qui, par son originalité et son ton décalé, vous met de bonne humeur dès les premières pages.

Dalil, est à la retraite et il pêche tranquille dans le coin de Maroc où il habite, lorsqu’on vient le déloger. Il doit aider à retrouver un étudiant marocain qui s’est fait kidnapper en France. Moyennement motivé pour partir, il finit par céder et malgré sa peur de ce moyen de transport, il prend l’avion pour Paris. Arrivé sur place, il fait la connaissance de commissaire Maugin (qui, on le comprend très vite, n’avait pas forcément envie d’être soutenu et accompagné dans ses recherches) et la collaboration entre les deux hommes ne va pas être simple. Dès les premiers instants, une espèce de joute verbale s’installe entre eux. Tout les oppose, leur origine, leurs méthodes, leur façon de penser, même leur vocabulaire !

Columbo avait sa femme, l’inspecteur Dalil a sa petite voix et pas que … Elle lui souffle des réflexions à l’oreille et il se prend à lui répondre parfois à voix basse au grand dam de ceux qui le côtoient et qui se demandent à qui il parle. Non content d’avoir cette « souffleuse » de remarques qui lui sert de conscience échevelée, Dalil ne comprend pas toujours le jargon des flics parisiens et émaille ses conversations de remarques, de questions, qui sont un régal pour le lecteur tant elles sont amusantes, subtiles et bien intégrées au récit. Et lorsque Dalil se tait, c’est l’auteur qui prend le relais !

« Dalil la balaya d’un geste de la main comme pour chasser une mouche indésirable portant sur les ailes l’arc-en-ciel de la merde ! »

Dalil est un flic atypique. Il ne veut pas prendre le métro, se méfie de la foule, semble nonchalant, un peu « je fais ce que je veux, mon âge me le permet » mais il a une capacité de réflexion très intéressante. Il observe puis décrypte ce qu’il a vu, entendu, pour en tirer le maximum. Il ne se précipite que lorsqu’il y a vraiment urgence. Il joue au chat et à la souris avec Maugin, le provoquant et le poussant dans ses retranchements juste ce qu’il faut. L’autre ne reste pas sur la touche et dès qu’il le peut, il se montre méprisant avec le policier marocain, quitte à lui rappeler que dans la capitale française, c’est lui le patron…

L’écriture de Soufiane Chakkouche est indéfinissable. Elle a un côté burlesque et un côté profond. Parce que sous des dehors amusants, des sujets graves sont abordés : les dérives de la science, les choix liés à la religion, les rapports humains avec une touche de racisme etc. Il parle de tout cela l’air de rien, à petites touches, grattant parfois là où ça dérange mais comme il n’appuie pas trop, on ne peut pas lui reprocher de créer des polémiques …..

J’ai beaucoup apprécié ce roman. Il apporte une note de fraîcheur dans le texte, nous faisant presque oublier que l’on est en pleine enquête et que certains protagonistes sont en danger ou sont un danger. Il y a une certaine forme de dérision de l’auteur par rapport à lui-même, comme s’il ne se prenait pas au sérieux. Cela donne un style inimitable qui en ravira plus d’un après moi ! Encore une pépite Jigal, scintillante, vive, et colorée comme un feu d’artifice !

 

Éditions : Jigal (15 Février 2019)
194 pages

Quatrième de couverture

L'inspecteur Dalil, fin limier de la police marocaine à la retraite – toujours accompagné de son inséparable Petite voix –, est fermement invité par les services de sûreté à se rendre à Paris pour mener une enquête en collaboration – un peu forcée – avec le commissaire Maugin, boss du 36 quai des Orfèvres. Bader Farisse, un étudiant marocain qui préparait une thèse sur le transhumanisme, a été enlevé devant la mosquée de la rue Myrha.

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