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11/04/2019

1793, de Niklas Natt Och Dag (1793)

9782355846960ORI.jpgUne chronique de Cassiopée

« 1793 » est un livre brut, violent, empli de souffrance mais d’une profondeur sans pareille. Il a « du souffle », et on y trouve une atmosphère d’époque épique retraçant des faits sombres, cruels.

Nous sommes à Stockholm, en Suède, en 1793. Il y a un an que la noblesse a mis au point un complot. En effet, le 16 mars 1792, au cours du bal masqué de l'opéra royal de Stockholm, le roi a été assassiné d'un coup de pistolet. Son fils Gustave IV Adolphe (âgé de treize ans) lui a succédé mais comme il est immature, la lutte pour le pouvoir est en place. La police, les hommes politiques, les riches seigneurs, tous veulent commander et tous s’arrogent le droit de faire ce qu’ils veulent en toute impunité. De là à ce que les « puissants » se permettent de torturer, tuer sans se poser de questions, en se sentant intouchables, puis appliquer la loi comme ils l’entendent, il n’y a qu’un pas.

D’ailleurs, ce soir-là, dans une ville remarquablement campée par l’auteur, un cadavre atrocement mutilé est découvert dans l’eau d’un lac. En toute discrétion, deux hommes que tout semble opposer vont récupérer l’enquête. Cecil Winge, un homme de loi, malade, fatigué mais perspicace, est le premier. Michael Cardell, un ancien soldat, manchot, est le second. L’un est dans la réflexion, la recherche, le raisonnement, l’autre est dans l’action, le coup de poing, un brin imprévisible, parfois à la limite de la folie. Ce duo improbable se complète, s’épaule en quelque sorte. Chacun a vécu un traumatisme, chacun porte en lui une douleur secrète.

 Les voilà tous les deux dans les rues, quelques fois mal famées, avec des rencontres qui s’avèrent compliquées mais ils ne lâchent rien, pugnaces, entêtés, comme si cette enquête était l’affaire de leur vie, à résoudre absolument. Certaines scènes sont difficiles, presque insoutenables et resteront gravées longtemps dans la mémoire du lecteur. Mais c’est aussi ce qui fait la force de cet opus. Il a du répondant !  On sent bien que les deux limiers dérangent, que leurs questions ne sont pas forcément les bienvenues mais ils restent droits dans leurs bottes, coriaces.

Le style de l’auteur est magistral, son écriture puissante et de qualité. Quant à la traduction, je la pense excellente car rien ne m’a choquée tant dans le phrasé que le choix du vocabulaire.

Niklas Natt och Dag a réussi un tour de force avec ce recueil. Il a dû beaucoup se documenter pour donner une forte crédibilité à son récit. Dans les premières pages, il y a une carte magnifique pour situer les lieux, puis le contexte historique : lieux, situations, vêtements, conditions de vie (notamment pour les plus pauvres : brrrr), tout est parfaitement décrit, représenté. Mêlant habilement des événements fictifs dans un contexte ayant existé, il nous fait voyager dans le temps et l’espace avec intelligence.

Le recueil est constitué de quatre parties (dont certaines sont des retours dans le passé) qui se « répondent » et s’imbriquent à la manière d’un puzzle même si la dernière représente en quelque sorte « la clé de voute », écho de la première, expliquant tout ce qui a été tu ou qui nous a échappé dans les pages précédentes.

« 1793 » est une lecture dure, exigeante, qui secoue, mais tellement marquante que je ne la regrette en rien.

NB : La postface de l’auteur apporte un plus indéniable.

 

Quatrième de couverture: 1793. Le vent de la Révolution française souffle sur les monarchies du nord. Un an après la mort du roi Gustav III de Suède, la tension est palpable. C'est dans cette atmosphère irrespirable que Jean Michael Cardell, un vétéran de la guerre russo-suédoise, découvre dans un lac de Stockholm le corps mutilé d'un inconnu. L'enquête est confiée à Cecil Winge. Celui-ci va bientôt devoir affronter le mal et la corruption qui règnent à tous les échelons de la société suédoise, pour mettre à jour une sombre et terrible réalité.

Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Éditions : Sonatine (4 Avril 2019)
450 pages

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