05/11/2021
Va manger tes morts, de Pascal Martin
Une chronique de Cassiopée
Pascal Martin nous a quittés en Juillet 2020 et un peu plus d’un an après, en dernier héritage, les éditions Jigal publient son dernier titre.
« Va manger tes morts », ou plutôt « Va criave tes moulos », c’est l’insulte suprême chez les gitans et Romane, qui est une manouche, l’emploie souvent. Pas que cette expression d’ailleurs, tout son vocabulaire est émaillé de mots, de phrases qu’il faut traduire ou comprendre en fonction du contexte. Elle porte son origine et son phrasé comme un étendard, c’est comme ça, ça fait partie d’elle et c’est presqu’une fierté.
Rio Capo Ortega, est un enquêteur pour les assurances, il vérifie s’il n’y a pas tricherie ou mensonge et si le lésé a bien droit à des indemnités. Une vie rangée, assez morne mais qui lui convient.
Ces deux là vont se croiser, dans ce qu’on appelle une rencontre improbable car il n’y avait aucune raison pour qu’ils se côtoient. Oui mais voilà, dans un restaurant, Romane est giflée par un homme et Rio, impuissant, assiste à cette scène violente. Il prend sa défense et là, d’un coup, visant celui qui la frappait, elle lui tire une balle en pleine tête. Rio n’a pas le temps de se poser des questions, elle se sert de lui, et l’embarque dans sa fuite folle. Ils finissent chez lui car il habite dans le coin….
Que peut-il se passer quand une femme totalement imprévisible s’impose dans votre vie bien rangée ? Un feu d’artifice ! Et c’est exactement ce qui se passe dans ce roman. Ça part dans tous les sens. Et nous on les suit, on s’accroche à leur rêve de liberté, de vie, leur envie d’ailleurs….parce que très vite Rio se laisse prendre au piège d’un autre quotidien. Est-ce une bonne idée de partir avec une femme qui a tué un homme, une femme totalement insaisissable, caractérielle, voire dangereuse ?
A travers des personnages totalement hors normes, hors cadre, Pascal Martin bouscule les codes. Les dialogues sont épiques, les scènes audacieuses, l’intrigue pas très morale (mais ça nous va bien ;- )
Et puis des sujets douloureux sont évoqués, même s’ils ne sont pas approfondis, ils sont présents dans le récit.
C’est un recueil court, cadencé par les coups de gueule, les coups de folie, les coups de sang. On reprend à peine son souffle qu’un autre événement est là, modifiant la course poursuite. Romane a une formidable soif de vivre, elle aime la vie, veut profiter de chaque instant. Rio modifie son regard, elle lui déteint dessus ….
Ode à la vie, ce livre vibre et palpite, comme un cœur qui bat. Qui sait ? L’auteur, avant de tirer sa révérence, a peut-être laissé le sien entre les pages ?
Éditions : Jigal (25 septembre 2021)
ISBN : 978-2377221387
232 pages
Quatrième de couverture
Elle s’appelle Romane, elle est Gitane. Dans cette brasserie parisienne, elle vient de flinguer un sale type d’une balle en pleine tête. Lui, c’est Rio, il venait juste de prendre sa défense face aux gifles de ce mec. C’est là qu’elle l’a pris en otage, enfin presque… Et que tout a commencé ! Il est enquêteur pour les assurances. Elle, elle se débrouille comme elle peut… Et plutôt bien. Mais quand le temps vire à l’orage, ils décident ensemble de décamper au plus vite…
23:05 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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