16/11/2022
Aimez-vous les uns les autres !, de James Holin
Une chronique de Cassiopée
Nolan, lycéen, vient d’avoir dix-huit ans, il est guadeloupéen et vit en appartement, dans une cité à Bobigny avec son frère aîné et leur mère. Le frérot trafique un peu et c’est pour ça qu’un matin, la police défonce la porte, dans l’intention de l’arrêter. Sauf que le frangin, Fabrice, est aux abonnés absents. Nolan et sa mère sont un peu secoués mais les flics repartent bredouilles. Un peu plus tard, le cadet se fait coincer par Nacer et sa bande qui réclament 10000 euros pour rendre l’aîné qui a, selon eux, une dette à honorer.
Comme s’il pouvait trouver une telle somme … La mère est inquiète de l’absence de son « grand ». Nolan, lui l’est encore plus car il a un marché en main, des caïds prêts à luis sauter sur le dos et pas un sou en poche. Mais voilà qu’une lettre va tout bouleverser. Un courrier d’un notaire, adressé à Nolan, qui lui demande de venir à des obsèques puis à la lecture d’une succession. C’est quoi ce truc de ouf se demande le jeune homme. Lui, ce qu’il veut, c’est aller au lycée. Mais sa Maman qui trouve les fins de mois difficiles se dit que peut-être, s’il acceptait d’aller à ce rendez-vous, il pourrait récupérer trois sous, voire un peu plus. Pourquoi aurait-il droit à quelque chose ? Vous avez envie de savoir ? Et bien foncez dans cette histoire et je vous donne ma parole que vous ne serez pas déçu !
Nolan se rend à la cérémonie funéraire et chez le notaire. Il va être confronté aux membres d’une famille atypique, à des situations inédites, embarqué dans une aventure digne des meilleurs films que l’on connaît, et comme c’est un garçon plein de bon sens, il agira avec intelligence.
Ce roman est une bouffée d’air frais, jubilatoire, plein d’ironie et avec des dialogues savoureux, drôles, des répliques qui n’ont rien à envier à Audiard. J’ai adoré ! La plume est enlevée, vive, sans temps mort, ça dérouille les zygomatiques, j’ai beaucoup ri ! Il y a du rythme, des scènes cultes qui feraient un bon téléfilm (je visualisais le rond-point avec les gilets jaunes et c’était jubilatoire).
Les personnages, hauts en couleur, et dont certains traits de caractère sont un peu (volontairement) caricaturés, sont un vrai régal. Leur comportement est une très bonne représentation des dérives de certains qui se croient « arrivés » (pour une raison ou une autre) et qui imaginent que tout leur est dû. L’attitude face aux employés de l’entreprise est, par exemple, une approche juste de ce qui peut être vu dans des cas semblables.
Nolan, par qui tout arrive et qui nous permet de rencontrer cette galerie de portraits, est vraiment quelqu’un de bien. L’antithèse des racailles de banlieue. Un jeune homme droit dans ses bottes, humain, à l’écoute, capable de prendre des initiatives, de réagir vite, sensé.
Tout se déroule en peu de temps et pourtant, il s’en passe des choses ! C’est totalement jouissif comme lecture, un tantinet décalé mais bien pensé, parfaitement enchaîné et sous des dehors humoristiques c’est une observation fine des rapports humains.
Éditions du Caïman (13 Octobre 2022)
ISBN : 978-2493739032
342 pages
Quatrième de couverture
Il est six heures du matin quand la police défonce la porte du jeune Nolan Dardanus à Bobigny. Les policiers cherchent son frère impliqué dans un trafic de stups. Si le frangin a échappé au commissariat, il reste en mauvaise posture, séquestré par Nacer à qui il doit 10 000 euros. Nolan affranchi par le caïd a jusqu’à 22 heures pour apporter l’argent. Heureusement, il reçoit une lettre d’un notaire de Laon, l’invitant le jour même aux obsèques et à la succession d’un inconnu.
22:48 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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