09/11/2011
Au bout de la nuit, de Tess Gerritsen
Une chronique de Cassiopée.
Personne n’est au dessus des lois …
Et pourtant, parfois les grands de ce monde sont protégés, manipulent l’information, les médias, les personnes …. et lorsqu’une voix, petite, si petite s’élève, il est plus simple de la faire taire …. Pour éviter des remous qui entraineraient d’autres recherches, d’autres problèmes dont on n’a pas forcément envie d’entendre parler ….
Vous connaissez ces trois singes qui se bouchent les yeux, les oreilles, le museau ?
Et bien dans ce roman, Jane, membre de la police, a choisi :
de regarder l’horreur, l’indicible,
d’écouter les voix qui n’ont plus le droit à la parole parce qu’elles ne sont plus de ce monde mais aussi celle, encore vivante, qui murmure et appelle à l’aide,
de parler pour dénoncer ce qu’elle pense avoir découvert ….
Tout cela au risque de sa vie, au risque d’être considérée comme une folle qui croit un individu à qui elle fait confiance (pourquoi d’ailleurs ?), au risque de déranger, de compromettre ceux qui pensent être à l’abri ….
Son chemin sera long, difficile, semé d’embuches … Elle est en congé maternité, elle vit ce bouleversement qui fait d’une femme, une mère. Ce chambardement dans le corps et l’esprit qui change les priorités, qui donne la force de se battre pour la chair de sa chair, qui met mal à l’aise de temps en temps, tant elle voudrait se consacrer à son travail, ne pas se contenter de rester là à attendre le moment où elle reprendra le « collier »….
« Tu as une mission importante, maintenant. Tu dois rester à la maison, produire du lait et laisser ton cerveau se ratatiner…. » Je suis flic, moi, et j’ai besoin de retourner au turbin ! Ça me manque !
Jane est attachante car très humaine, elle est tiraillée entre son enfant (son talon d’Achille, sa faiblesse mais aussi sa force …. On le sait, un enfant vous donne des ailes, vous pousse à lutter pour le voir grandir, vous raccroche à la vie …. Un enfant c’est votre vie ….) et son désir profond, puissant de participer à l’enquête, de comprendre les événements, de savoir la vérité …
Vérité qui va mettre mal à l’aise le lecteur, tant elle est bien retranscrite, vérité pas très loin de la réalité qu’on nous cache, qu’on devine (et à ce moment là, ne faisons-nous pas quelquefois comme les trois singes ?), vérité révoltante … Vérité à combattre, dénoncer …
Les autres personnages sont bien intégrés dans le déroulement.
Gabriel, le mari de Jane, qui dépend du FBI, et pour qui, être père est aussi une nouveauté. Il voudrait être en mesure de protéger sa femme et son enfant en permanence et s’aperçoit que ce n’est pas possible …
Maura, le médecin légiste, est un peu en retrait dans cette intrigue mais c’est elle qui va lancer « l’histoire » puisqu’un de ses « cadavres » est finalement vivant … drôle de découverte dans la housse mortuaire …. Brrrr ….
Les journalistes sont peut-être un peu caricaturés par leur recherche du sensationnel, mais si on creuse un peu, on n’est pas loin de ce qui se passe de temps à autre, (assez souvent ?) dans le monde des médias.
Vous l’aurez compris, ce roman est « prenant », on se lance dans la lecture et les pages ne vont pas assez vite tant on veut savoir ce qu’il en est réellement.
L’écriture est percutante, rythmée par des dialogues bien vivants, vraisemblables, apportant les réflexions des uns et des autres sur « l’état des lieux ». Les personnages sont crédibles, leur personnalité développée juste ce qu’il faut pour qu’on les « sente » sans que ce soit trop lourd à lire. Les scènes sont très visuelles (on pourrait adapter en film sans problème) et pourtant, on n’a pas l’impression de lire des descriptions à rallonges. Tess Gerritsen sait donc remarquablement ajuster son vocabulaire, son « phrasé » (bravo aussi au traducteur) pour que le lecteur ne s’ennuie pas une seconde !
Cassiopée
Titre : Au bout de la nuit.
Auteur : Tess Gerritsen.
Editeur : Pocket
442 pages
Quatrième de couverture :
Institut médico-légal de Boston, 20 h. le docteur Maura Isle finit sa journée de travail en tapant le rapport de sa dernière autopsie. Elle doit retourner à la chambre froide vérifier un détail; Dans le silence de la morgue, il lui semble entendre un bruit; Puis son champ de vision détecte un mouvement. Ouvrant une à une les housses mortuaires, elle se retrouve face au cadavre d'une jeune noyée. Qui ouvre brusquement les yeux...
11:48 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |