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06/11/2011

Quelque chose dans la nuit, de Mikaël Ollivier

quelque_chose_dans_la_nuit.jpgUne chronique de Cassiopée.

Cette lecture est avant tout l’histoire d’une rencontre.

Depuis une vingtaine d’années, la ville de Saint-Etienne organise en Octobre «La fête du livre ». Sous chapiteaux, près de la mairie, sont invités, sur des stands tenus par les libraires de la ville, des auteurs, très connus, connus, méconnus, mal connus … C’est selon … ce qui parle à l’un, ne parle pas forcément à un autre ….

 Chaque année, j’aime à m’y promener, rencontrer ceux que je connais, aller vers d’autres que je n’ai jamais lus.

Mikaël Ollivier était là, assis, près d’un auteur, que je souhaitais rencontrer. J’ai regardé un livre, un deuxième, un troisième. La conversation s’est engagée.

Moi : Vous écrivez des romans policiers de quel style ?

Lui : Cela dépend, que cherchez-vous ? Qu’aimez-vous ?

Et me voilà lancée, à lui expliquer que j’apprécie les romans policiers qui ont de la « consistance », avec une étude psychologique des personnages … Et de lui citer, Connelly, Lehane etc…

Lui : Prenez celui-ci, je crois que ça devrait aller…

Moi : Je vous fais confiance, et si ça ne va pas, vous le saurez….

 Voilà donc comment ce livre, écrit par quelqu’un dont je n’avais jamais entendu parler, a atterri dans mes mains.

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  Trois petites notes….

 L’auteur a su remarquablement allier deux passions pour lui, celle de fan de Bruce Springsteen et celle de l’écriture.

En effet, son intrigue se déroule dans le milieu fermé des «aficionados » de ce chanteur.

Ceux qui savent tout, pas seulement les paroles, les dates de concert mais les habitudes, les « codes » du groupe, les règles qui s’installent entre l’idole et son public.

Je suis allée vérifier les références citées, lieux, jours, ordre des tournées, titres nommés, etc… Mikaël Ollivier est très bien documenté, of course … Même le passage où il fait parler « The Boss », avant son entrée en scène, est bien pensé.

Le fait que tout ceci se déroule en lien avec Bruce, ne gêne pas si on ne connaît pas le chanteur. Les chansons et scènes citées n’évoqueront rien pour le lecteur mais cela ne nuit pas au plaisir de se laisser entraîner par cet opus.

 Le microcosme des admirateurs (que ce soit de Springsteen ou d’un autre) est analysé, étudié, dévoilé à travers l’écriture incisive de l’auteur. On y découvre les sacrifices, financiers, familiaux, les risques, jusqu’à se mettre en danger, les choix de ces hommes et de ces femmes pour vivre leur passion. Jusqu’où sont-ils capables d’aller pour assouvir cette ferveur ? Inconnus au départ, ils finissent par se connaître à travers leur volonté commune de tout savoir de celui qui remplit leur vie. Mais cette représentation des uns et des autres reste liée à ce qu’ils vivent pour suivre les concerts. En dehors de ces instants magiques, où ils se sentent en « communion », en symbiose, se connaissent-ils vraiment ?

L’observation des relations dans le groupe, pendant et en dehors des spectacles, est très intéressante et apporte une ambiance supplémentaire à ce roman.

 

Les différents personnages sont installés dans le premier tiers du roman, mais la lecture n’est pas pesante. Ensuite, le rythme augmente pour devenir rapide et angoissant sur la fin, vous tenant en haleine, vous lançant sur différentes pistes avant le dénouement final où la pression retombe un peu.

C’est parfaitement construit, organisé. Les sentiments sont exprimés avec justesse et les personnages deviennent familiers. On les repère facilement. J’ai apprécié les frères Le Guen et leur mère.

 Quelques pages écrites en italiques, semées de ci de là, nous laissent rapidement supposer qu’il s’est passé quelque chose de grave, mais quand ? Pourquoi ? Comment ? Les indices distillés au fur et à mesure permettront aux pièces du puzzle de s’emboîter.

 Les différentes recherches sont étroitement liées au cheminement des groupies à travers les tournées mais aussi cheminement personnel pour chacun, dans sa vie personnelle, ses orientations, sa position face à certains événements.

 L’écriture de qualité m’a interpelée, j’ai remarqué que les personnages étaient vraiment « travaillés », pas survolés, il y a le souhait, me semble-t-il, de les rendre crédibles dans leur souffrance, leurs angoisses, leurs questionnements, leur vie …

 Un roman de bonne facture et un auteur français à suivre...

 Un petit plus aurait pu être apporté par l’auteur : mettre en début ou fin d’ouvrage, une playlist reprenant les morceaux évoqués pour mettre définitivement le lecteur dans l’ambiance.

Cassiopée.


Titre : Quelque chose dans la nuit
Auteur : Mikaël Ollivier
Editions : Le passage (Octobre 2011)
Collection polar
Nombre de pages : 336

 

Quatrième de couverture :

 Trois accords en boucle, un riff de guitare, un refrain… Something In The Night. Ils sont des dizaines de milliers à avoir entendu cette chanson. Six d’entre eux en mourront. Quatre hommes et deux femmes dont le seul lien est leur passion déraisonnable pour une star, Bruce Springsteen, le Boss. Six fans traqués par la mort de concert en concert, de Madrid à Hambourg, à Londres, Paris et Anvers.

Suicides ? Accidents ? Une loi des séries à laquelle Damien, gendarme passionné de musique, ne peut croire. Il entraîne malgré lui son frère, le commissaire Guillaume Le Guen, dans une enquête aux quatre coins de l’Europe qui ne cesse de les ramener au plus profond d’eux-mêmes. C’est leur monde qui menace de s’écrouler, vingt années de passion partagée. C’est leur vie qui est en jeu.

Après La Promesse du feu, Mikaël Ollivier entraîne son duo de flics dans une plongée inquiétante dans le monde des fans. Ce sont leurs propres démons que les frères Le Guen devront affronter pour découvrir ce quelque chose qui se cache dans la nuit et sème la mort. Car comme il est dit dans la chanson de Springsteen qui donne son titre au roman : « Rien n’est oublié ni pardonné. »