29/03/2012
Garden of love, de Marcus Malte
Une chronique d’Astrid
« A vivre au milieu des fantômes, on devient fantôme soi-même et le monde des démons n’est plus celui des étrangers mais le nôtre, surgi non de la nuit mais de nos entrailles. »
Antoine Audouard
Alexandre ASTRID est l’archétype du flic de roman noir. Sombre, tourmenté, en proie à un passé que l’on devine jonché de débris ; un passé rythmé par le bruit des glaçons qui s’échouent inlassablement dans des verres de whisky devenus les seuls alliés de sa tristesse. En bon flic maudit, il reçoit par la poste un manuscrit anonyme plus qu’étrange intitulé « Garden of love », en référence au poème de William Blake. A défaut de lui proposer une ballade bucolique, le manuscrit va replonger ce flic désabusé non seulement dans son histoire personnelle mais aussi dans le labyrinthe schizophrène d’une enquête dont les épines furent porteuses d’un mal aussi étrange que vénéneux : un mal nommé Edouard DAYMS.
Edouard DAYMS, jeune homme aussi charismatique qu’effrayant, est l’orfèvre de ce » Garden of love » dont le terreau s’avère fertile pour les mauvaises graines. De ces mauvaises graines vont surgir sous nos yeux fascinés de lecteurs trois personnages d’adolescents dont l’un, Ariel, aussi brillant qu’énigmatique, tire les ficelles des jeunes destinées qui s’offrent à lui. Ne restera alors plus qu’une solution à notre flic au cœur mort : revêtir sa tenue de fossoyeur et s’emparer à pleines mains de ce jardin peuplé de fantômes sanglants. Mais le proverbe chinois ne dit-il pas «Quand on n’a rien à se reprocher dans la journée, on ne craint pas que les fantômes viennent hurler à la porte au milieu de la nuit. »
Marcus MALTE est un auteur qui compte dans le polar à la française. Preuves à l’appui : de nombreux prix furent attribués à « Garden of love » entre 2007 et 2010. Une véritable bénédiction tant critique que populaire entoure désormais ce jeune auteur qui se contentait plutôt d’un lectorat confidentiel. Sans atteindre le génie des grands du polar, force est de constater que Marcus MALTE maitrise le brouillage de pistes et sait fleurir son jardin autant que l’imaginaire de son lecteur en l’embarquant dans des labyrinthes saturés de ronces urticantes. Avec ce roman au style virtuose, il parsème de poésie gothique nos esprits en proie aux remords et nous tend une bienveillante pelle censée nous aider à déterrer nos valises d’oubli. Cependant, bien qu’habile psychanalyste, Marcus MALTE se laisse prendre au piège de son égo de poète entre deux brouillards et en oublie le cœur de son intrigue. Une intrigue assez pauvre, dont l’urgence dramatique se fait trop longtemps désirer. Au final, seuls les cinq premiers chapitres tiennent vraiment le lecteur en état de suffocation, avec une mention spéciale pour le premier chapitre chargé d’un érotisme aussi poisseux que dérangeant et qui mérite à lui seul une immersion dans ce roman.
Reste le talent d’un véritable styliste de la langue française « C’est le ciel qui donne sa couleur à la mer. Le fond aussi, dans une moindre mesure », un styliste qui doit encore cultiver son propre jardin de noir avant de le semer sous nos yeux. Marcus MALTE, un talentueux paysagiste de l’âme humaine à suivre de près.
Auteur : Marcus MALTE
Titre : Garden of love
Editeur : Zulma, 2007
Nombre de pages : 342
Note de l’éditeur
Il est des jardins vers lesquels, inexorablement, nos pas nous ramènent et dont les allées s’entrecroisent comme autant de possibles destins. A chaque carrefour se dressent des ombres terrifiantes : est-ce l’amour de ce côté ? Est-ce la folie qui nous guette ? Alexandre Astrid, flic sombre terré dans ses souvenirs, voit sa vie basculer lorsqu’il reçoit un manuscrit anonyme dévoilant des secrets qu’il croyait être le seul à connaître. Qui le force à décrocher les ombres pendues aux branches de son passé ? Qui s’est permis de lui tendre ce piège ? Autant de questions qui le poussent en de terrifiants jardins où les roses et les ronces, inextricablement, s’entremêlent et dont le gardien a la beauté du diable…
« Un de ces livres qui hantent le lecteur bien après en avoir refermé à regret la dernière page. »
Jean-Christophe Buisson, le Figaro
« Dès les premiers mots, les premières phrases, ce livre vous prendra aux tripes et au cœur pour ne plus vous laisser partir, pour ne plus vous laisser le quitter. » Le magazine des livres
14:29 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |