02/02/2013
Droit de rêve, de Abdoulaye Diop
Une chronique de Cassiopée.
Avant de parler de ce livre, je veux dire quelques mots sur la maison d’éditions « Les Volubiles », non pas que je touche quoi que ce soit pour faire de la publicité mais il faut reconnaître que les titres sont variés, souvent très différents les uns des autres, parfois sortant des sentiers battus et apportant ainsi un réel dépaysement.
« Ils étudiaient la soucilogie qui est l’étude des problèmes de la société. »
Il s’appelle Abdou, il vit au Sénégal chez sa maman, entouré de ses frères et sœurs, il a une copine régulière. Sa vie, non trépidante, semble suivre son cours, des petits boulots, une boisson fraîche avec les copains et on recommence une nouvelle journée…
Peu d’imprévus et une régularité identique à la course de ce soleil africain qui chauffe fort fort…
Et puis, un jour, un ami, un frère (quand on partage les mêmes galères, on est de la même famille….) lui propose une combine en or: pirogue, camions et au bout Paris, la France, la belle vie… L’argent, la facilité, la possibilité d’aider la famille restée au pays, à condition d’obtenir le fameux sésame, le permis de séjour… Mais avec tout un réseau de connaissances, cela ne devrait pas poser de problème…
Une énième histoire de sans-papiers ?
Sur le fond oui, mais sur la forme…
Rien que pour l’écriture, ce roman, de fiction, inspiré de situations authentiques nous précise l’auteur) vaut le détour. C’est un régal pour les yeux, les oreilles, c’est une expression proprement jubilatoire.
Tout ça, parce qu’Abdou, qui ne se déplace jamais sans sont Lagarde et Michard, qui le suit partout, même sur la pirogue, aime les mots, pas n’importe lesquels, les beaux…ceux qu’on emploie à bon escient, qui fondent sous la langue, qui s’insèrent dans le texte, bien placé, bien glissé…Quelquefois à travers des sentences, maximes et proverbes, d’autres fois, comme ça, parce que c’est celui qui a le mieux sa place ici et maintenant…
Sauf que… Abdou qui manie la langue avec application, transforme les mots et cela donne :
« Il y a loin de la soupe aux lèvres… »
« On ne récolte que ce qu’on sème, voilà pourquoi les clous donnent des fils barbelés, y’a pas de mystère. »
Ou bien tout en poésie:
« L’aube attirait les couleurs du soleil dans ses jupes. »
« Ils réclamaient le droit de rêve, sans lequel aucun homme ne peut être considéré à part entière. »
Découvrir sous les mots d’Abdou ce qu’a été sa vie chez les toubabs est un vrai régal…
Un conseil: ne vous privez pas !
Cassiopée
Titre: Droit de rêve
Auteur: Abdoulaye Diop
Éditions:: Les Volubiles (Janvier 2013)
Collection: e-thriller
Nombre de pages: 234
Prix : 5,15 €
ISBN: 979-10-91119-06-1
Présentation de l’éditeur
Un beau jour, deux pêcheurs de Saint-Louis du Sénégal, Abdoulaye Diop et Boubacar Sow, décident de saisir leur droit d’exil pour la France. C’est le début d’une longue odyssée, tragique et cocasse, qui va les mener au pays des droits de l’homme et du citoyen, blanc de préférence. Car il apparaît bien vite que la clandestinité constitue un travail à temps complet. Et que la dignité se paie au prix fort. Au prix du sang. « Droit de rêve » est une plongée saisissante dans l’univers des sans-papiers, racontée dans une langue d’une fantaisie ébouriffante. C’est aussi un roman noir dans tous les sens du terme : noirs comme ses protagonistes, noir comme l’univers où ils se débattent, noire comme l’humeur qui les accompagne au fil des jours. Noires aussi comme les tentations. Car dans ce récit débordant de vie, la mort n’est jamais très loin…
18:05 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |