26/02/2013
J’ai fait comme elle a dit, de Pascal Thiriet
Une chronique de Christine.
Lui, c’est Pierre. Moitié corse, moitié arabe, travaillant vaguement dans l’immobilier côté travail au corps de locataires indésirables, il est plutôt du genre placide et débonnaire format réfrigérateur américain king size. Oui, mais un réfrigérateur dont le contenu se mettrait à fondre immédiatement à la vue de Sahaa.
Elle c’est Sahaa. Petite boat people qui a vu ses parents se noyer sous ses yeux en pleine mer de Chine avant d’arriver en terre promise, jeune femme format de poche belle comme une héroïne de manga, délurée et vive, elle a rayé les mots scrupule et remord de son vocabulaire et croque la vie à belles dents.
Alors lorsque Sahaa vient frapper à la porte de Pierre pour lui demander refuge et aide, celui‑ci n’hésite pas un seul instant. Il laisse les affaires en cours, oublie sa petite amie du moment, et endosse à nouveau le costume d’ami-amant-garde du corps-dame de compagnie. Quoi que lui demande sa belle, il fait comme elle dit et s’il faut réfléchir, c’est en option, et après coup.
Sahaa est dans de sales draps, mais a-t-on idée, aussi, de sympathiser avec Albert, un ingénieur qui a découvert avec deux de ses amis une « théorie qui pouvait changer le monde, ou le faire péter, qu’à côté la bombe atomique c’était rien » ?
Même sous le couvert d’un salaire et d’une assurance-vie, était-ce malin d’accepter de servir de « bio-code » pour ouvrir le coffre où sont enfermés les résultats des travaux ?
Et, franchement, lorsqu’Albert a été assassiné sous ses yeux, il y avait peut-être mieux à faire que d’aller voler la cagnotte d’un ex petit copain très méchant et très dealer pour financer une cavale échevelée.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : d’une folle cavale, qui mènera nos deux héros d’Anvers à Venise, en passant par la Suisse, qui est un pays beaucoup moins calme que les apparences peuvent le laisser croire.
Embarquons avec eux pour une fuite déjantée. Avec des rencontres surprenantes et savoureuses, des tueurs qu’il faudra éviter, un pactole à récupérer… et quelques cadavres par-ci par-là. Mais oup’s, tant pis pour eux, fallait pas croiser le chemin d’une demoiselle au caractère bien trempé. Et d’une mauvaise foi épouvantable de surcroît. Une boat people qui pratique la politique de la terre brûlée, voilà qui ne manque ni de sel ni de brio.
En compagnie de Pierre, dévoué corps et âme à une petite boule d’énergie qui est la tête pensante de ce couple improbable, et de Sahaa, plus craquante et détestable peste c’est impossible à trouver, pas une minute de répit ni d’ennui. Les rebondissements sont aussi nombreux que les petites phrases qui font mouche.
Pas vraiment un polar, mais un véritable road movie que l’on imaginerait sans problème découpé en sketches et présenté sur scène sous forme d’un stand-up, voilà un roman divertissant, décoiffant, peu conventionnel, et d’une vitalité communicative.
La morale n’est pas toujours sauve, à y bien réfléchir peut-être même jamais, mais le plaisir de lecture, si !
Un livre qui donne la pêche, avec un style épatant, beaucoup d’humour, un rythme effréné, et des personnages qu’on a envie de retrouver très vite tant on a passé un excellent moment en leur compagnie.
Christine, (Blog : Bibliofractale)
J’ai fait comme elle a dit
Pascal THIRIET
Jigal (Polar)
231pages ; 17,50 euros
16:40 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |