04/03/2013
Tortuga's bank, d'André Blanc
Une chronique de Cassiopée.
Cherchez la femme….
On aurait tort de penser qu’il n’y a pas de bons auteurs (méconnus) de polars en France, édités dans de petites maisons qui gagnent à être découvertes….
Le roman d’André Blanc est court mais séduisant et fait preuve d’une grande classe.
Les ingrédients nécessaires à la réussite de ce genre d’œuvre littéraire sont présents. Les personnages sont décrits avec finesse et doigté, juste ce qu’il faut pour qu’on les cerne tout en sentant qu’on ne sait pas tout. Cela permet quelques révélations de ci, de là, qui redonnent de l’élan à l’intrigue, questionnant le lecteur sans toutefois lui faire perdre le fil de ce qu’il lit. Les situations sont, quant à elles, bien équilibrées, ni trop glauques, ni trop compliquées mais impliquant tout un panel de ramifications qui donnent de la consistance à ce qu’on décrypte en clair ou entre les lignes. L’écriture est sobre, percutante, le rythme assez rapide sans pour autant multiplier les événements à outrance. Les dialogues, nombreux, donne du « souffle » au contenu parfois sombre.
Sombre ? Pourquoi ?
Tout d’abord, par le style, relativement masculin. Les phrases sont avares de mots et de circonvolutions, on va à l’essentiel. D’ailleurs le commandant Farel est un « taiseux ». Ensuite, par le contenu, magouilles financières, vols, triches, mais rien n’est très clair. On devine que les choses ne sont pas blanches ou noires, qu’il y a beaucoup de nuances et qu’on ne les connaitra pas toutes… Les protagonistes se cachent, ne (se) disent pas tout, même lorsqu’ils vivent ensemble et sont amants… L’auteur sait distiller, au compte-gouttes, à mots choisis, une atmosphère, une ambiance, on se prendrait presque à regarder par-dessus notre épaule …. Les femmes sont peu nombreuses et elles sont secrètes, discrètes, un soupçon mystérieuses.
C’est peut-être un peu difficile et délicat à définir mais André Blanc (qui a été adjoint au maire de Lyon) instaure des faits qu’il semble bien analyser, pas comme s’il les avait vécus (Toute ressemblance etc etc) mais comme s’il avait lu le journal intime de ses héros (quelques lignes, en italiques, nous laissent à penser qu’il a sondé leur esprit) et que reliant entre elles ses découvertes, il pouvait en faire un récit linéaire. D’autre part, l’apport, même léger, sur le protestantisme est intéressant.
Le dosage des différents éléments est subtil mais très bien réalisé. Une adaptation pour la télévision serait une bonne idée (je cherche simplement qui pourrait représenter Farel).
Guillaume Farel… Personnage que j’aurais bien aimé cerner un peu plus. Je me dis que l’auteur aurait pu peut-être écrire un autre opus racontant Farel avant celui-ci, éclairant ainsi le lecteur curieux (dont je suis, je l’avoue) sur ce qu’il a vécu car nous n’avons que des bribes… Et puis, je ne sais plus… Ce qui fait le charme de cet homme (Farel pas l’auteur…quoique… ne met-on pas beaucoup de soi dans ses personnages ;-) c’est probablement son côté obscur (les femmes aiment les beaux ténébreux c’est bien connu), sa ténacité, son aspect « je fais ce que je veux quitte à détourner un peu les lois »….
Alors, je me contenterai de ce que je sais …..
Une belle découverte de cet écrivain, un très bon moment de lecture.
Cassiopée
Titre: Tortuga's bank
Auteur: André Blanc
Éditeur: Jigal (11 Février 2013)
Collection: Polar
Nombre de pages: 248
ISBN: 9 78-2914704991
Quatrième de couverture
On est en juillet, c'est la canicule et dans le salon d'un appartement bourgeois du centre-ville de Lyon, les mouches s'en donnent à cœur joie... Le commandant Farel, chef de groupe de la BRB, ruisselant de sueur, se penche sur le cadavre de l'ancien préfet, assassiné quelques jours plus tôt. Des bibles rares et hors de prix ont été dérobées tandis que les bras en croix, le corps semble disposé pour un rituel religieux... Au fil de l'enquête, un monde souterrain sort de l'ombre : magouilles politiques, détournement de fonds, mafia, blanchiment et banques exotiques... La ville semble être tenue par un certain Vauclin, un curieux personnage, proche du pouvoir, ancien communiste devenu affairiste sans scrupule.
Matignon s'inquiète, des réseaux parallèles entrent en action... Un contrat est lancé, un flic est abattu, un autre dans le coma... Touché au coeur, Farel, ex-commando indestructible, va alors s'affranchir de la loi et réactiver son propre réseau pour se jeter dans la bataille...
Quelques mots sur l’auteur
André Blanc est né à Lyon, second d’une famille de 4 enfants. Père professeur agrégé. Fréquents séjours en Allemagne, études à Berlin. Docteur en chirurgie dentaire, passionné d’archéologie et de préhistoire. Il devient adjoint au maire de Lyon à la fin des années 80 avant de démissionner pour inadéquation totale… Il aime la tragédie classique, Racine, Shakespeare, la poésie, Hugo, Musset, la littérature, Yourcenar, Dostoïevski… le vin blanc de Condrieu et… la pêche à la mouche !
13:43 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | |