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19/01/2015

Les Neuf Cercles, de J. R. Ellory

neufs_cercles.jpg Une chronique de Richard

 « Seuls les morts ont vu la fin de la guerre » (Platon)

Se plonger dans un roman de Roger Jon Ellory, c’est se tremper dans un univers noir, quelque part aux États-Unis et ce, dans un style fluide et accrocheur. Et la lecture de « Les Neuf cercles » confirme, encore une fois, cette appréciation ! Cependant, à chaque fois, Ellory nous surprend avec une histoire prenante, haletante, sans rien négliger pour nous envoûter et nous plonger dans les noirceurs de l’âme humaine. À chaque roman, c’est différent ; le récit nous embarque, les personnages nous troublent, les situations nous dérangent … et toujours avec les mêmes qualités romanesques. Du pur plaisir pour un lecteur de polars !

John Gaines est shérif dans une petite ville du Mississipi. Il a accepté ce poste en revenant de la guerre du Vietnam, Mais en revient-on vraiment, après être « … revenu vivant des neuf cercles de l’enfer qu’avait été la guerre du Vietnam … » ?

Juillet 1974, on découvre le corps d’une jeune fille, que la pluie dégage de sa tombe de vase : au tout début un visage, puis, une main. Qui est cette jeune fille morte, assassinée, enterrée au bord de la rivière ? À première vue, compte tenu de l’état du corps, le légiste situe sa mort à moins d’un mois. Une semaine ou deux.

Mais l’autopsie révèle toute une surprise : cette jeune fille est Nancy Denton, disparue à la fin de l’année 1954 … Il y a 20 ans ! Conservée par la vase ! John Gaines devra élucider ce meurtre, bousculer cette petite ville du sud des Etats-Unis, soupçonner des personnages étranges, retraverser l’horreur des neuf cercles de l’enfer, retrouvant l’atmosphère insoutenable de cette guerre qui hante son esprit.

Ellory nous offre une enquête bien ficelée, superbement bien écrite où la magie de l’auteur de « Seul le silence » opère encore une fois. Le lecteur s’immerge dans les méandres de l’esprit humain, combattant ce choc post-traumatique qui dévore les soldats … qui n’ont pas vu la fin de la guerre. On se sent envahi par ce roman, un peu comme dans un locked-in syndrome littéraire où seuls les yeux ont un contact avec la réalité qui nous rattrape, où le glauque succède à la noirceur, où le spectre d l’âme humaine s’éloigne de la normalité.

Et on aime ça !

En même temps, juste au dessus des images terrifiantes de la guerre et de la violence, « Les neuf Cercles » est aussi une belle histoire d’amour et d’amitié, pleine de tendresse et de naïveté. Le contraste est frappant, l’effet est déconcertant !

En plus, il faut souligner l’immense talent de R. J. Ellory pour la richesse de ses personnages. Son personnage de John Gaines est complexe, attachant et à travers lui, on ressent toute l’horreur de la vie de ceux qui en reviennent. On aimerait le revoir mais les personnages récurrents, ce n’est pas le genre d’Ellory.

Et ses personnages secondaires sont riches, tellement vrais, qu’à travers leurs gestes, leurs pensées, leurs paroles, on découvre un pays, un terroir, un art de vivre façon Mississipi … Michael Webster, par exemple, est un personnage magnifique : principal suspect et en même temps, reflet à peine déformé de John Gaines, l’enquêteur, dans le miroir de la souffrance post-traumatique.

« La vie lui avait peut-être distribué des cartes médiocres, mais c’était avec des cartes médiocres qu’on réussissait les meilleurs bluffs. »

En ce qui me concerne, je considère « Les Neuf Cercles » parmi les meilleurs romans de l’année. Inutile de vous dire que je vous le recommande !

Voici quelques extraits pour vous donner le goût de plonger, vous aussi, dans « Les Neuf Cercles » de l’enfer :

« On perdait une partie de son humanité à la guerre, et on ne la récupérait jamais. »

« Se battre pour la paix, c’est comme baiser pour la virginité »

« Comme il l’avait si souvent entendu dire au Vietnam, parfois il fallait les tuer pour faire comprendre aux gens combien ils avaient tort. »

 

Bonne lecture !

Richard (blog : polar, noir et blanc)

Les Neufs Cercles
R. J. Ellory
Sonatine
2014