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11/02/2013

Criminels ordinaires, de Larry Fondation (chronique 2)

criminels_ordinaires.jpgUne chronique de Catherine/Velda.

Découvert l'an passé grâce à Sur les nerfs (chronique ici), Larry Fondation nous propose cette année un livre qui se concentre sur Los Angeles, comme le précédent, mais choisit cette fois une forme narrative (un peu) plus classique, et des personnages de nature différente. Un peu plus de vingt histoires égrenées au fil de 160 pages, des histoires criminelles bien sûr, comme le titre l'indique. Des personnages moins victimes et plus mûrs que dans Sur les nerfs, des criminels à la petite semaine, des gens pour qui descendre son voisin, ça n'est finalement qu'une péripétie. Du sexe, beaucoup, et pas des plus excitants. De l'alcool et de la drogue à tous les étages. Des flingues. Un peu de musique, quelques voitures, des appartements miteux, des bars où les tabourets n'ont pas de mémoire, des salopes bien gratinées, des compagnes qui n'ont rien à leur envier, des putes en talons aiguille métalliques, de belles conductrices aux ongles de vingt-cinq centimètres de long (Fondation semble éprouver une fascination particulière pour les ongles très très longs). Et des hommes violents, inconscients, fuyards, imbibés, hypersexués mais pas sexy pour un sou, ...
La forme narrative est plus abordable que dans Sur les nerfs, les histoires sont de vraies histoires avec un début, un milieu et une fin, même quand elles sont très courtes. En revanche, sur le style, Larry Fondation persiste et signe. Sobriété extrême, phrases qui claquent, peur de rien, ses histoires défilent devant nos yeux incrédules, habitués aux intrigues tordues, aux personnages typés, aux histoires codées, aux retournements qui font peur.

Là, pas de peur, enfin pas tout de suite. Les portraits à toute allure d'humains misérables qui passent, dans un bar, un bordel, un hôtel mexicain, une supérette, un aéroport. Des personnages qui ont à peine le temps de prendre forme que déjà ils sont loin, morts, ou bien en fuite, ou encore cachés dans une autre histoire. Des humains qui ne font même pas pitié... Mais au final, le plaisir intime et infini de découvrir texte après texte une prose travaillée, tourmentée à force de privations, des images fulgurantes qui restent là, derrière les yeux, une trace de rouge à lèvres, un ongle qui griffe profond, des seins maquillés à l'eye liner, un filet de sang. Larry Fondation est une sorte de plasticien littéraire, un artiste qui ne triche pas, un homme qui compte.

Ah oui, j'oubliais : vous trouverez dans ce livre une histoire en 74 mots qui n'en aurait pas supporté un de plus... et qui, elle, fait froid dans le dos direct.

 Catherine/Velda (le blog du polar)

 A lire : la chronique de Christine sur ce livre.

Criminels ordinaires
Larry FONDATION
Fayard ; (6 février 2013)
156 pages ; 15 euros

Présentation de l’éditeur.

Après Sur les nerfs (Fayard, 2012), Larry Fondation ouvre un nouveau chapitre d’une vaste biographie de Los Angeles, qui se veut aussi l’histoire de la pauvreté au cœur de la plus grande démocratie du monde.
Ses criminels sont les citoyens ordinaires de la jungle urbaine. Par un passage à l’acte, ils libèrent le mal tapi en eux. Délit de fuite, racket, mensonge, cavale éternelle… En quelques mots, simples et flagrants comme un délit, Larry Fondation fait surgir un concentré de réalité. Et nous embarque avec lui.