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Je ne suis pas un serial killer, de Dan Wells

je_ne_suis_pas_un_serial_killer.jpgUne chronique de Liliba.

Croyez-vous que John Wayne Cleaver soit réellement un jeune homme dangereux ? C’est ce qu’il semble être, en effet, et surtout ce dont il est persuadé. Depuis sa plus tendre enfance, il vit entouré de cadavres, ceux que sa mère et sa tante embaument dans leur chambre mortuaire pour les préparer à leur dernière demeure. Garçon solitaire, très renfermé, il n’a qu’un seul ami, avec lequel il s’accoquine uniquement parce qu’il est aussi rejeté que lui.

Il a une fâcheuse tendance à tuer des animaux, juste pour voir ce que ça fait quand ils sont morts, et ne peut s’empêcher de songer à la mort de ceux qui le dérangent. Pour ne pas sombrer dans une folie totale, et ne pas devenir le sociopathe dont son psy lui a parlé, insistant sur le fait qu’il en possède toutes les caractéristiques, il se forge lui-même des barrières, des garde-fous, petites manies qui lui permettent de rester un tant soi peu normal. Il s’efforce de ne nourrir que des pensées positives vis-à-vis des gens qui l’entourent, se refuse à s’approcher des animaux qu’il aurait envie d’occire, de ne pas fixer les gens ni les suivre pas à pas dans leur vie quotidienne, et tente de rester éloigné des scènes de crime…

Pourtant, cela s’avère vraiment difficile quand un meurtre, puis un second est perpétré dans la petite bourgade où il réside. Il ne peut s’empêcher d’être obnubilé par ces morts, et par le tueur en série – car il est persuadé qu’un tueur en série rode, au plus près, attendant son heure pour frapper à nouveau. Il faut dire que John Wayne est fasciné depuis tout jeune par les serials killer et qu’il en connait un brin sur le sujet. Il va donc se lancer dans une enquête personnelle, qui s’avèrera bien plus dangereuse que prévue.
Les corps retrouvés sont atrocement mutilés, vidés de leurs entrailles ou amputés d’un de leur membre et l’enquête piétine, mais le jeune homme va pourtant, grâce à une curiosité insatiable et un instinct vraiment puissant découvrir quelques indices et suivre des pistes.

Le démon rode dans la ville, mais ses propres démons l’assaillent également et il devra se battre avec courage contre tous. Un démon peut-il en combattre un autre ? John Wayne en est persuadé, il doit le faire, pour éviter à son tour de sombrer et de devenir un assassin, pour surmonter ces pulsions de mort et de souffrance qui l’assaillent. Se croire un serial killer en puissance va aider le jeune homme, puisqu’il s’identifie au tueur, et le renifle comme un chien suivrait une piste fraîche. Son esprit qu’il pense dévoyé, anéanti par le mal, va tenter d’entrer dans celui du démon, de le comprendre et par là, peut-être pourra-t-il tenter de le trouver, et de le combattre.

C’est un combat à mort qui s’engage…
Un thriller haletant dont j’ai tourné les pages à toute vitesse, tant la tension est tenue de bout en bout. En même temps, cet adolescent marginal est bien sympathique, bien que totalement névrosé et englué dans ses angoisses et ses phobies, ses pulsions morbides. On sent qu’il y a matière à une suite, tant son caractère riche et compliqué permet de développements. Ce roman est d’ailleurs le premier tome d’une trilogie et je lirai avec grand plaisir les tomes suivants !

Mon seul petit bémol est le coté un peu surnaturel et fantastique de l’affaire, qui n’est pas vraiment ma tasse de thé. J’aurais préféré au « démon » un bon vieux tueur traditionnel… mais chut, je ne veux pas en dire plus pour ne pas gâcher votre lecture !

Liliba

Une autre chronique sur ce roman, celle d'Eric.

Présentation de l'éditeur

John Wayne Cleaver est un jeune homme potentiellement dangereux. Très dangereux, même. Jugez-en plutôt : garçon renfermé, pour ne pas dire sociopathe, il vit au milieu des cadavres à la morgue locale, où travaillent sa mère et sa tante, il a une certaine tendance à tuer les animaux et depuis son plus jeune âge il éprouve une véritable passion pour les tueurs en série. Ainsi, son destin semble tout tracé. Mais, conscient de son cas et pas spécialement excité à l'idée de devenir un serial killer, John, qui s'est ouvert à un psy, a décidé de respecter quelques règles très précises : ne nourrir que des pensées positives à l'égard de ses contemporains ; ne pas s'approcher des animaux ; éviter les scènes de crime. Ce dernier commandement va néanmoins devenir très difficile à suivre lorsqu'on retrouve dans les environs un corps atrocement mutilé. Puis un second. Y aurait-il dans cette petite ville tranquille plus dangereux encore que John ? Aurait-il enfin trouvé un adversaire à sa taille ? Avec une intrigue qui surprend en permanence le lecteur, Dan Wells nous tient éveillés jusqu'au bout de la nuit - ce qui reste encore la meilleure façon d'éviter les cauchemars.


Je ne suis pas un sérial killer
Dan Wells
Broché: 269 pages
Editeur : Sonatine (14 avril 2011)
Langue : Français

 

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24/03/2012 | Lien permanent

Je ne suis pas un serial killer, de Dan Wells

jenesuispasunserialkiller.jpgUne chronique d'Eric

Vers le démon

 Curieux personnage que ce John Wayne Cleaver qui est persuadé à 15 ans d’être prédestiné à devenir un  jour un serial killer et qui se débat contre tous ses démons pour ne pas en devenir un. Notez bien que l’environnement autour de lui n’est pas des plus propices pour une bonne santé mentale : Aider sa mère et sa tante à embaumer les morts dans un funérarium, les éviscérer puis les laver pour qu’ils soient présentables ne prédispose pas à une certaine sérénité existentielle.

.Son obsession pour les tueurs en série, sa connaissance des rituels inhérents aux meurtriers les plus sadiques inquiètent son entourage si bien qu’il est confié à un psychiatre, le Dr Neblin  chargé de relativiser ces étonnantes pulsions. l’humour noir affleure toujours pour évoquer ses sujets de prédilections et sa crainte de passer à l’acte :

-mon père (confie t-il au Dr Neblin) s’appelle Sam, ce qui fait de moi le fils de Sam : un serial killer new-yorkais qui racontait que c’était son chien qui lui ordonnait de tuer ; d’autre part mon nom de famille est Cleaver- couperet-. Combien connaissez-vous de personnes qui portent le nom d’un tueur en série et d’une arme blanche ?

 

Dans le bourg où il habite des crimes en série vont être perpétrés sur des hommes vidés de leurs entrailles ou dépossédés d’un de leurs organes.

Le thriller ici  bascule vers le fantastique voire le surnaturel ; « si le fantastique est une hésitation sur la réalité telle que nous nous la représentons » suivant la définition de Tzedan Todorov nous sommes projetés ici dans une autre dimension ; l’auteur est imprégné par la culture télévisuelle- Dr House, Buffy- et cinématographique du moment-on pense également à Twilight-L’irrationalité des crimes vient contrecarrer en quelque sorte les explications trop logiques de notre jeune détective si bien placé pour mener l’enquête et pour se mettre dans la tête du meurtrier. On peut être dévarié par ce brusque surgissement du surnaturel dans un récit jusque là réaliste ; cette intrusion peut également constituer une interrogation sur notre relation au réel : notre rationalité suffit-elle pour interroger un monde un proie au sordide et à l’horreur ? Il me semble que toute une génération de jeunes auteurs bascule vers la recherche d’une création qui puisse prendre en compte l’absurdité d’un monde menaçant.

Eric Furter

Présentation de l'éditeur

John Wayne Cleaver est un jeune homme potentiellement dangereux. Très dangereux, même. Jugez-en plutôt : garçon renfermé, pour ne pas dire sociopathe, il vit au milieu des cadavres à la morgue locale, où travaillent sa mère et sa tante, il a une certaine tendance à tuer les animaux et depuis son plus jeune âge il éprouve une véritable passion pour les tueurs en série. Ainsi, son destin semble tout tracé. Mais, conscient de son cas et pas spécialement excité à l'idée de devenir un serial killer, John, qui s'est ouvert à un psy, a décidé de respecter quelques règles très précises : ne nourrir que des pensées positives à l'égard de ses contemporains ; ne pas s'approcher des animaux ; éviter les scènes de crime. Ce dernier commandement va néanmoins devenir très difficile à suivre lorsqu'on retrouve dans les environs un corps atrocement mutilé. Puis un second. Y aurait-il dans cette petite ville tranquille plus dangereux encore que John ? Aurait-il enfin trouvé un adversaire à sa taille ? Avec une intrigue qui surprend en permanence le lecteur, Dan Wells nous tient éveillés jusqu'au bout de la nuit - ce qui reste encore la meilleure façon d'éviter les cauchemars.


Je ne suis pas un sérial killer
Dan Wells
Broché: 269 pages
Editeur : Sonatine (14 avril 2011)
Langue : Français

 

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07/06/2011 | Lien permanent

Le village, de Dan Smith

village.jpegUne chronique de Cassiopée.

L’ennemi n’est pas toujours où on le croit….

 C’est sur une vision d’apocalypse que s’ouvre ce récit.

Il fait froid, les hommes ont peur, ils ont des difficultés à se chauffer, la nourriture manque. Un groupe se cache dans un petit village, espérant que l’Armée Rouge et les activistes les « oublieront »…et qu’ils resteront isolés, avec peu de moyens mais libres….même si rien n’est facile quand on vit si proches les uns des autres, la proximité exacerbant et déformant les émotions.

 Dès les premières pages, l’écriture sèche, âpre, rude de l’auteur retranscrit avec précision des faits et une ambiance funestes. On rentre de plein fouet dans la violence des hommes, des peuples opprimés. Chez ses gens, parfois obligés de tuer pour s’en sortir car ils n’ont pas d’autres choix. Le narrateur est l’un d’eux et la mise en abyme pour le lecteur en est d’autant plus douloureuse. On se prend à ressentir sa frayeur, sa terreur, à épouser sa cause, son combat, sa lutte, ses recherches. On a froid jusqu’aux os avec lui et les lueurs d’espoir sont rares. Mais Luka est un homme qui a vécu et qui sait que pour s’en sortir, il ne faut jamais rien lâcher. Alors on s’accroche avec lui, on se prend à penser que ce sera moins noir dans le chapitre suivant, plus facilement supportable mais l’auteur ne nous laisse pas de répit. En filigrane, omniprésent le stalinisme et ces miliciens qui cherchent à tout rafler, à tout récupérer, à annihiler les hommes ou à en faire des bêtes de somme.

 Homo homini lupus.

L’homme est-il un loup pour l’homme ? Peut-on dire que certains sont nés du mauvais côté ? Devient-on tourmenteur ou tortionnaire parce qu’on a subi de mauvaises influences ?

Où se trouve la limite entre ce qu’on peut appeler la légitime défense et le plaisir de la chasse à l’homme, de la traque ?…

La rencontre de Luka avec un des bourreaux est intéressante. Papa tous les deux d’une petite fille, pères aimés de leurs enfants, que peuvent-ils faire, eux qui sont ennemis ? Un seul doit survivre…

 « Elle était là en permanence, sous-jacente, mais jamais elle n’avait été aussi proche de la surface. »

De quoi parle Luka ? De la peur… Pas celle qui se présente à vous de temps à autre et vous permet de prononcer un « ouf » bien senti lorsqu’elle s’éloigne. Non, cette peur, qui, insidieuse, est en vous en continu, comme une seconde peau, ne faisant qu’une avec ceux qu’elle habite. Et cette peur, elle régente tellement tout que les relations entre les personnes sont faussées et elle les fait agir come des bêtes. Le « sens commun » disparaît, emporté par dans tourbillon d’actes non réfléchis mais réalisés à cause de « l’effet de groupe ».

 Avec des phrases courtes, des mots qui percutent, des descriptions froides et précises, Dan Smith nous emmène dans un monde sans illusion où le rapport à la violence et à la peur entraîne les hommes sur des chemins qu’ils n’auraient jamais pensé emprunter. Il décortique aussi remarquablement bien les rapports entre Luka et sa famille, sa femme, sa fille, ses jumeaux…

 Malgré sa noirceur, j’ai trouvé ce livre magnifique. Pourquoi ? Parce qu’il m’a bousculée, bouleversée, interpelée et c’est ce que j’attends de mes lectures. Et puis pour le style adapté à l’œuvre (la neige en rajoute une couche en plus), pour l’empathie qu’on ressent pour Luka (j’ai pensé à « La route »  de Cormac McCarthy) ; pour la précision quasi chirurgicale des événements présentés, pour l’atmosphère générale, pour les raisonnements de Luka qui analyse, observe pour atteindre son objectif sans faire d’erreurs…. 

 Ce livre m’a marquée au fer rouge et je ne suis pas prête de l’oublier…. Quelle claque!

 NB :C’est le premier roman de cet auteur traduit en français.

 

Le village
Auteur : Dan Smith
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hubert Tézénas
Éditions : Cherche Midi (21 Août 2014)
Collection : thrillers
Nombre de pages : 465
ISBN : 978-2-7491-3336-2

 

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15/09/2014 | Lien permanent

Meurtre à l'heure de pointe, de Dan Turèll

meurtre_heure_de_pointe.pngUne chronique de Cassiopée.

Live is life….

C’est aux sons de musiques « jazzy » (parfois folk, blues ou country) délicieusement surannées que j’ai lu ce roman. Il n’y a pas, officiellement, de play list associée à ce livre mais c’est tout comme, tant la musique est omniprésente, imprégnant le texte à tel point qu’à chaque titre mentionné, vous vous jetez sur internet pour écouter le morceau. Cela rajoute une atmosphère très particulière car les mélodies, le plus souvent, sont mélancoliques et vous mettent du vague à l’âme. Pour certaines, on entend même le diamant crisser sur le vinyle… Cela ne nous rajeunit pas…. D’ailleurs l’intrigue se déroule en 1985, alors ordinateur, téléphone portable, internet et tests ADN ne font pas partie du quotidien.

 Le journaliste, personnage principal, dont nous savons qu’il a une compagne et un fils (dont il cherche le prénom vu qu’il a trois mois pour se décider), tape sur une machine à écrire et appelle d’une cabine, d’un bar ou de son fixe. On ne connaît pas son identité précise mais on sait qu’il a une maîtrise de criminalité ; qu’il aime son indépendance (pas pressé de rencontrer son futur beau-père ;-), le jazz (il a joué dans un orchestre), la bière, les quartiers loin du centre classique et que son métier de chroniqueur « free lance » lui colle à la peau.

 C’est donc l’été, il fait chaud, très chaud, compagne et enfant sont absents quelques jours et Monsieur est resté en ville pour le travail. Il se promène « J’étais l’un de ces indolents flâneurs… » dans les coins un peu en marge du centre ville, là où l’animation est plus spontanée, là où l’on trouve de tout, même ce qu’il est préférable d’éviter (drogue, prostitution) mais il n’y touche pas…. Mélomane, il entend un air qu’il connaît bien, il s’approche et se trouve face à son ancien groupe, ceux avec qui il a joué avant de prendre une autre direction… Il fait une pause pour écouter, discuter et soudain, le drame, Friis Carsten, le guitariste s’effondre, victime supposée d’une overdose. Est-ce le fait d’avoir du temps, le retour du passé accompagné d’une forme de nostalgie, l’amitié qui l’a uni à Carsten, ou une autre raison, notre homme va se lancer dans une enquête serrée car il a des doutes sur la mort de Friis. Aidé d’un commissaire, Ehlers, d’un médecin légiste, il va avancer dans sa quête, doucement, à la cadence de la musique qui rythme ses rencontres.

 L’écriture, teintée d’un humour de bon aloi « Que ferais-je sans mon petit amour de téléphone qui arrêtait net mes cauchemars pour me plonger, par pure philanthropie, dans l’univers effrayant de ceux des autres ? » m’a beaucoup plu. L’auteur pose les faits, les décors mais chaque passage retranscrit également une atmosphère ; éminemment harmonieuse tant par les mélodies citées, que par les extraits de poèmes placés ça et là mais aussi par l’écriture elle-même, très originale : un peu comme si l’auteur voulait faire celui qui n’a pas « travaillé » sa syntaxe alors que c’est tout le contraire, elle est raffinée « Cet espoir que les fait attendre quelque chose qui n’adviendra jamais, tandis qu’elles se contentent de ce qu’on trouve sur le marché : l’homme. ». Les chapitres s’enchaînent, on suit le narrateur dans ces questionnements, ses recherches, ses rapports aux autres, ses visites dans différents lieux…Ce n’est ni lent ni rapide, ça avance sans qu’on ressente une quelconque lassitude. On peu regretter que la fin arrive un peu trop « facilement », et que l’affaire soit ainsi réglée assez vite mais dans les chapitres précédents, Dan Turèll a pris soin de nous égarer, de nous « promener », nous lançant sur de fausses pistes alors on lui pardonne…

 La musique jusqu’au bout…en guise d’épilogue, une coda de trois pages ….

 Lire ce roman a été pour moi du pur bonheur tant je l’ai apprécié. Je n’ai qu’une hâte : retrouver cet auteur…et un regret : savoir qu’il est décédé…

 

Titre : Meurtre à l'heure de pointe
Auteur : Dan Turèll
Traduction d’Orlando de Rudder et de Nils Ahl
Éditions de l’Aube (Novembre 2012) (Première édition en 1985)
Collection : Aube noire poche
224 pages
ISBN : 9782815906678

 

Quatrième de couverture.

 Notre héros journaliste se promène dans Copenhague quand il tombe sur son ancien groupe de jazz, toujours mené par Carsten, le guitariste. Ce dernier s'effondre soudain sous ses yeux et l'autopsie révèle qu'il ne s'agit pas d'une overdose mais d'un empoisonnement... Pour trouver l'assassin de son ami, il évolue sans complexes dans les quartiers les plus mal famés de la capitale danoise, épaulé par le commissaire Ehlers, son acolyte dévoué, Kaspersen, et Bang, un médecin légiste pour le moins cynique, sans oublier Franck, bassiste du groupe et mentor de Carsten. Un humour grinçant sur fond de blues sombre et mélancolique qui accompagne ses personnages tout au long de leur passionnante enquête.

 

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08/05/2014 | Lien permanent

Avis de décès, de Zhou Haohui (Si wang tong zhi dan : an hei zhe)

téléchargement.jpgUne chronique de Cassiopée

Original et captivant 

Nous sommes en 2002, à Chengdu dans la capitale de la province de Sichuan en Chine. Une ville surpeuplée où nous découvrons un policier Zheng Haoming qui s’en veut de ne pas avoir réussi à résoudre une série de meurtres atroces commis en 1984. Vingt-deux après cette affaire, elle l’obsède toujours et il essaie encore de trouver des pistes. Malheureusement, alors que, peut-être, quelque chose de plus précis se présentait à lui, il est tué. Deux décennies sont passées, s’agit-il du même assassin qui se sentant découvert, a agi ? En 1984, lorsque les faits s’étaient déroulés, une unité de recherche, l’unité 4/18 avait été recrutée, puis dissoute puisqu’elle n’avait pas abouti à l’arrestation du tueur. A la suite de la mort de Zheng, les autorités décident de reconstituer l’équipe avec des policiers aguerris dont un féru d’informatique, et une psychologue. Un homme, le capitaine Pei, qui a été mêlé de près aux événements antérieurs, va compléter ce groupe. Son histoire fait que certains se méfient de lui et c’est intéressant de voir les stratégies mises en place pour le surveiller…

Le tueur envoie des avis de décès à ses futures victimes et malgré toutes les protections réfléchies et installées pour protéger ceux qui ont été désignés, il arrive à ses fins. Comment choisit-il ceux qu’il décide d’occire ? Lorsqu’il pense que la justice n’a pas fait son travail, il intervient non sans prévenir avec ses courriers signés : Euménide. Euménides ? Ce sont dans la mythologie grecque, les déesses de la justice et du châtiment, elles traquaient sans relâche ceux qui avaient commis des crimes graves pour emplir leur conscience de remords et de culpabilité. Qu’ont fait de si atroce ceux qui sont ainsi désignés ?

On sent très vite que l’enquête n’aura rien d’aisé. Le criminel a un esprit retors, il a toujours une longueur d’avance sur ceux qui le traquent. Et surtout il les manipule. C’est incroyable de voir les idées qu’a eues l’auteur pour cela. C’est complexe et en même temps, lorsqu’on comprend, on se dit « mais oui, bien sûr ! » J’ai beaucoup apprécié la psychologie des personnages, les rapports qu’ils établissent faits d’entraide, d’écoute, de respect et quelques fois de méfiance. Les policiers chinois semblent avoir une haute idée de la hiérarchie et ils portent à fond le code de l’honneur. Ils se répartissent les tâches et essaient d’avancer. C’est un roman captivant, parce qu’on se mêle à ceux qui essaient d’arrêter les actes pernicieux. On voudrait nous aussi, devancer le monstre tapi dans l’ombre, le mettre à découvert. Alors, on analyse, on raisonne, on tâtonne, on émet des hypothèses, on se trompe et on repart….

L’écriture est fluide, prenante. Le rythme est assez atypique, Il y a des passages avec énormément d’action, de vivacité, de rebondissements et d’autres où on est plus dans l’introspection, ça change de ce qu’on lit habituellement. Le capitaine Pei est un individu très particulier, il aime agir seul, il cogite et assemble les éléments dont il dispose, établissant quelques recoupements pour arriver à « déchiffrer » et agir vite.

Ce recueil m’a passionnée dès les premières pages. L’atmosphère qui s’en dégage sort de l’ordinaire et pas seulement parce que ça se passe en Asie. Une grande part est laissée à la stratégie des deux côtés : que ce soit celui qui est recherché ou ceux qui le poursuivent et ça pourrait ressembler à un grand jeu si seulement on ne parlait pas de vies humaines….

C’est donc une lecture complètement addictive et maintenant que je sais qu’il s’agit d’une trilogie, j’attends avec impatience la suite !

Traduction du chinois établie à partir de la version anglaise par Hubert Tézenas
Éditions : Sonatine (13 Juin 2019)
360 pages

 

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22/06/2019 | Lien permanent

L'année du rat, de Régis Descott

annee_du_rat.jpgUne chronique de Christophe.

"Le rat est l'avenir de l'homme". 
 

Rassurez-vous, ce titre n'est pas emprunté à une nouvelle chanson de Jean Fait-rat, mais un slogan que l'on trouve dans le courant du roman "L'année du rat", de Régis Descott (Lattès). Un thriller d'anticipation très différent de ce que nous a proposé Descott jusque-là, avec des thrillers psychiatriques passionnants. Là, dans "l'année du rat", la folie est ambiante, ce qui n'est guère plus rassurante... Un thriller efficace, qui ne révolutionne pas le genre mais qui procure un bon moment de lecture, malgré une fin un peu conventionnelle.

Dans un futur proche, le monde a été bouleversé par le Troisième Conflit, un évènement que l'on comprend peu à peu avoir été une guerre de religion très violente. La pollution est devenue très dense dans les pays développés au point que certains habitants doivent vivre en permanence avec des bouteilles d'oxygène sur eux. Le choc conjugué de ces évènements a provoqué un violent rejet de la mort dans la société occidentale et la science a pris une place énorme afin de retarder cette échéance fatidique.

Des laboratoires pharmaceutiques proposent désormais des produits miracles permettant de retarder le vieillissement du corps, aussi bien en apparence que physiologiquement. Des remèdes à base de manipulations génétiques qui coûtent très cher et ne sont donc accessibles qu'à un certain nombre de privilégiés. Quant aux laboratoires, ils ont profité au maximum de cette nouvelle obsession pour ces nouvelles fontaines de jouvence et sont devenus des puissances économiques phénoménales, aussi intouchables que peu soucieux de déontologie.

Chim' est flic au sein de la BRT, la Brigade de Recherche et Traque. Un flic intègre dans un monde de corruption. Un flic compétent et réfléchi dans un univers où la force et la violence sont devenues les principaux arguments policiers. Un flic à part qui vit seul depuis que sa compagne, Véra, l'a quitté, quelques années plus tôt, ne lui laissant, en cadeau de départ, qu'un rat domestique dans une cage...

Mais, ce soir-là, Junior, le rat, est mort. De sa belle mort, rien d'inquiétant a priori. Mais, cela vient résonner avec une prédiction que lui a faite une vieille chinoise, au soir du départ en retraite d'un de ses collègues. "Aujourd'hui, la mort a pénétré chez toi"... Une prédiction qui laisse entendre que cette année ne sera pas une sinécure pour Chim'...

Bien sûr, il n'y croit pas, mais retrouver Junior, son seul compagnon véritable compagnon depuis 4 ans, mort, ça fait un choc. Dans la foulée, son chef, Colefax, une espèce de brute à l'autorité incontestable et aux méthodes expéditives, lui confie une enquête délicate : un septuple meurtre, d'une violence inouïe, dans une ferme isolée de Normandie. La mort étant "effacée" de la vie quotidienne, ce genre de faits divers fait tache et doit, évidemment, être traité au plus vite et dans la plus grande discrétion.

Mais, très vite, les premiers indices que Chim' récolte sur les lieux du carnage (indices qui prouvent que plusieurs individus ont participé à la tuerie) vont lui faire sentir que cette affaire est bien plus complexe que celles que l'on peut tranquillement balayer sous le tapis. Alors, il se lance à corps perdu dans cette enquête, contre vents et marées, dérangeant au passage des puissances qu'il conviendrait de ménager. Bref, il agit comme quelqu'un qui n'a plus rien à perdre.

Guidé par la seule soif de comprendre pourquoi 7 personnes sans histoire ont été massacrées, il va s'orienter vers une piste délirante : celle de la génétique et de manipulation pas franchement réjouissantes. Et, dès cet instant, une seule question va tarauder Chim' jusqu'à ce qu'il réussisse à l'étayer : les tueurs qu'il poursuit sont-ils vraiment des hommes ?

Agissant bientôt en franc tireur, lâché par sa hiérarchie qui s'est fait remonter les bretelles à cause de son enquête, Chim' va tout mettre en oeuvre pour remonter la piste des tueurs mais aussi de ceux contre qui ils ont décidé de se rebeller.

Pour cela, il va voyager jusqu'en Norvège, afin d'y rencontrer des spécialistes capables d'éclairer sa lanterne et d'accréditer ses hypothèses démentes, il va plonger sous la Manche pour s'introduire dans un site ultra-sensible, gueule du loup (ou du rat) mais clef de son enquête, avant d'affronter un apprenti sorcier terriblement puissant...

Une puissance qui l'englobera quand il comprendra que, lui aussi, n'est qu'un jouet, une pièce sur un échiquier aussi gigantesque qu'effrayant. Et que, au final, c'est après lui-même qu'il a couru, qu'il a pris autant de risques.

Il est amusant de voir qu'après "Obscura", son précédent roman, qui se déroulait à la fin du XIXème siècle, Descott a cette fois choisi de nous emmener dans le futur. Pour cela, l'auteur fait vibrer la corde sensible des peurs modernes de notre société pour fonder sa première incursion dans le thriller d'anticipation : choc des civilisations, pollution incontrôlable, manipulations génétiques... Pas forcément de grandes nouveautés dans les thématiques et les problématiques abordées, mais Descott sait faire dans l'efficacité. Ses scènes d'action s'enchaînent et le lecteur se retrouve embarqué à tout berzingue dans cette enquête et dans ce cauchemar qui se dessine progressivement.

Ajoutez à cela une figure tutélaire qui ne rassure guère, par ses nombreuses symboliques pas toujours reluisantes : le rat. Il est partout, omniprésent du début à la fin du livre, s'insinuant comme sait si bien le faire cet animal, dans tous les recoins, toutes les fissures, tous les conduits d'évacuation, toutes les galeries que nous sommes amenés à croiser à la suite de Chim'.

Mais ce n'est pas en chat que Chim' va devoir se métamorphoser (métaphoriquement parlant, bien sûr) mais bel et bien se mettre lui aussi à penser comme le ferait le rongeur afin d'anticiper les faites et gestes d'adversaires imprévisibles et sournois (qu'il s'agisse des tueurs, d'ailleurs, comme de ceux qui tirent les ficelles, ou croient les tirer).

Chim', dès le moment où Colefax lui confie cette affaire, est fait comme un rat, selon l'expression bien connue. Il a pénétré dans un labyrinthe dont l'issue ne pourra que lui déplaire... Et, l'analogie entre Chim' et le rat va se prolonger tout au long de l'histoire, dans une construction très habile et qui reste efficace même si  l'on peut pressentir en partie le dénouement. Seule différence, mais elle est de taille, Chim' est seul et solitaire, même si on peut croire que cette solitude n'a pas toujours été choisie. Or, le rat est un animal des plus sociables qui agit en meute. Comme si l'individualisme était devenu la seule chose différenciant l'être humain de l'animal...

Descott, lui, a fait appel à quelques grands anciens en référence : HG Wells ("l'île du Docteur Moreau", pour les manipulations génétiques, plus utilitaires toutefois que chez Wells, où elles avaient avant tout un côté "décoratif"), George Orwell ("1984" ; Descott nous emmène dans un monde paranoïaque, fliqué à l'extrême, utilisant une novlangue pour cacher ce qui déplaît, comme le mot effacement qui a remplacé les mots mourir ou tuer) ou encore Daniel Keyes ("des fleurs pour Algernon", sauf que Charlie et Algernon pourraient bien n'être qu'un seul et même être coincé dans le labyrinthe de son existence).

J'ai aimé le rythme très rapide et très prenant de ce thriller que j'avais envie de lire depuis un certain temps, puisque Descott est un auteur que je surveille... Malgré tout, j'ai trouvé la fin assez conventionnelle, presque moralisatrice, là où le sujet pouvait laisser entrevoir une fin dramatique... Bizarrement, alors que Descott envisage apparemment notre avenir d'un oeil sombre et franchement pessimiste, il semble ne pas pouvoir s'empêcher de conserver une étincelle d'optimisme, de confiance en l'Homme qui lui permet d'alimenter la petite lueur au bout du tunnel.

Pour autant, on peut aussi interpréter différemment cette fin et y voir la fin d'une civilisation et l'avènement d'une nouvelle société placée sous le signe du rat... Comme si "l'année du rat" qui sert de titre au roman, n'était que l'année zéro de l'ère du rat...

Mais cette thèse est une extrapolation personnelle, Descott jouant l'ellipse sur certains évènements se déroulant en parallèle de l'enquête de Chim', presque comme s'il s'agissait d'une autre histoire. Une autre histoire qui lorgnerait du côté de l'oeuvre d'un Pierre Boulle, par exemple...

Christophe
http://appuyezsurlatouchelecture.blogspot.com/

L'anné du rat
Régis Descott
JC Lattès (mars 2011)
20 €

Présentation de l'éditeur
Paris – Nouvel an chinois – Le lieutenant Chim de la BRT (Brigade de Recherche et de Traque) est envoyé sur une scène de crime dans la campagne normande. Un fermier et sa famille ont été assassinés avec une sauvagerie inouïe. Les prélèvements effectués laissent songeurs : tueurs multiples, probablement des fugitifs qui auraient peut-être agi sous l’influence d’une nouvelle drogue.
 Mais le laboratoire d’analyse révèle des résultats autrement plus inquiétants qui vont entraîner Chim dans le monde troublant de la recherche génétique de pointe. Premier théâtre de son enquête : le laboratoire qui fabrique le célèbre « Jouv X », produit miracle qui promet la jeunesse éternelle. De Paris à la Scandinavie, des tours de la Défense aux fonds marins de la Manche, Chim va mener une enquête redoutable et périlleuse pour remonter la piste des tueurs. Jusqu’à ce qu’il découvre l’horreur suprême, diabolique, qui menacera son intégrité mentale et la survie de l’humanité.

 

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10/01/2012 | Lien permanent

Dans l'oeil noir du corbeau, de Sophie Loubière

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Une chronique de Christophe.

 

 

"Il ne faut pas tant regarder ce que l'on mange que celui avec lequel on mange"        
(Epicure)

 

D'autant que "Dans l'oeil du corbeau noir" touche un domaine auquel je suis particulièrement sensible : on y parle de gastronomie, et pas la moins alléchante, croyez-moi !

Anne Darney vient de fêter ses 40 ans et ce n'est pas la forme... Alors, à quelques jours de Noël, elle prend sur un coup de tête la décision de quitter la France, direction San Francisco. C'est là-bas que se trouve son amour de jeunesse, un jeune américain qu'elle n'a plus revu depuis 20 ans. Elle espère que des retrouvailles avec lui seront un bon remède à un spleen tenace.

Mais, lorsqu'elle débarque au bord du Pacifique, elle ne découvre pas du tout ce à quoi elle s'attendait...

Alors, pour comprendre ce qui est arrivé tant d'années plus tôt à ce garçon qui avait su la séduire, l'aimer, l'envoûter, avant de l'abandonner, elle prend contact avec un des flics chargés de l'enquête, Bill Rainbow.

A la retraite, désormais, ayant un sévère penchant pour la bouteille, ce qui a détruit sa vie familiale et professionnelle, songeant régulièrement à mettre fin à ses jours et ne se consolant qu'en regardant une émission culinaire, dont il note les fiches cuisines avec application, en vue de les réaliser un jour.

Anne ignore tout cela lorsqu'elle frappe à sa porte pour lui demander de l'aider en reprenant l'enquête afin de connaître la vérité sur ses faits anciens. Ce qu'elle ignore également, c'est que l'émission dont Rainbow est un fan absolu, c'est celle qu'elle anime sur une chaîne du satellite française...

Mais, lorsque Anne lui explique ce qu'elle attend de lui, Rainbow décline l'offre. Il se souvient en effet de cette affaire, il se souvient surtout qu'à l'époque, il n'était pas au meilleur de sa forme... Il n'a aucune intention, s'il fait remonter ce dossier à la surface, qu'on se rende compte des erreurs commises sous l'emprise de l'ivresse.

Alors, Anne va faire vibrer sa corde sensible : elle lui propose, en échange de la collaboration de Bill, de réaliser pour lui un fabuleux menu de réveillon, comprenant les recettes qu'elle a présentées lors de ses émissions.

Gourmet et gourmand, mais aussi de plus en plus séduit par la Française, intrigué par ce qu'elle recherche et désireux d'expier ses fautes, Rainbow accepte finalement de reprendre le dossier. Commence une semaine tendue, sombre pour Anne et Bill. Mais aussi pleine de la joie et de l'érotisme que peut diffuser la préparation d'un festin. Une semaine qui aiguise aussi la curiosité de se découvrir, d'apprendre à connaître une ville aussi particulière que San Francisco, de partager un réveillon en tête-à-tête et sa confection...

Et, tandis que les deux êtres se rapprochent, oubliant pour un temps leurs désespoirs personnels, se révèle peu à peu la vérité, sûrement pas celle qu'ils attendaient...

Difficile de classer ce livre en polar ou en thriller. On est plus dans un roman noir, très sombre, sans véritable lueur d'espoir, car les deux personnages centraux sont, il faut bien le dire, au bout du rouleau... Roman noir placé par Sophie Loubière sous le parrainage, si je peux dire, de Sir Alfred Hitchcock, avec des clins d'oeil à "Sueurs Froides", "les Oiseaux" ou "Pas de printemps pour Marnie", mais aussi à ces héroïnes si chères au maître, dont Anne pourrait, bien que brune, être une cousine, une descendante.

Deux êtres en plein naufrage, dans une Amérique en crise (nous sommes en 2008) mais qui espère en un changement, en cette année où elle va élire un Afro-Américain à sa tête. Deux trajectoires en piqué qui se croisent avant le crash, reprenant un peu de hauteur, un peu d'optimisme, d'envie de s'en sortir (c'est certain pour Bill).

Et quoi de mieux que ce menu aussi pantagruélique qu'émoustillant pour les papilles ? Le point commun de ces deux êtres en errance, c'est cet amour, sans doute plus chevillé au corps de l'homme, mais plus vital chez la femme, de la bonne, la grande cuisine, des produits pour la réaliser, du plaisir tant de préparer les repas que de les déguster... Le mot plaisir est choisi à dessein, puisque, je le redis, la confection de ce réveillon pas ordinaire est aussi le passage le plus érotique du roman, comme un ravissement de tous les sens, une communion de deux êtres entièrement tournés vers le même objectif...

Et, pour que tout cela soit une vraie torture pour un lecteur gourmand comme moi, Sophie Loubière a poussé le vice jusqu'à publier, en fin de livre, toutes les recettes détaillées des plats que prévoient de préparer Anne et Bill pour leur réveillon. Pardon ? Vous en voulez une ou deux, histoire de vous mettre l'eau à la bouche ?

D'accord, voici un menu complet, choisi parmi le recueil culinaire proposé à Sophie Loubière par le chef Eric Léautey :

- En entrée, foie gras en cocotte aux figues et aux raisins.

- En plat, filet de biche en brioche, lasagnes de pain d'épices aux coings.

- en dessert, soufflé glacé à la mandarine.

Je vais m'arrêter là... rien que de taper ces trois lignes m'a mis l'eau à la bouche...

Et si vous souhaitez prolonger le voyage avec Sophie Loubière, alors lisez "Dernier parking avant la plage" ou son petit dernier, pour moi, le meilleur des trois, "L'enfant aux cailloux".

 

Christophe

http://appuyezsurlatouchelecture.blogspot.com/

 

 

Dans l'oeil noir du corbeau
Sophie Loubière
Editions Le Cherche Midi

Présentation de l'éditeur
 Paris. Pour fêter ses 40 ans, Anne Darney s'apprête à prendre l'avion à la recherche de son amour de jeunesse, Daniel Harlig, histoire de s'affranchir d'un souvenir qui l'obsède et aura contribué à l'échec de toutes ses relations amoureuses. Elle a décidé, plus de vingt ans après, de retrouver ce garçon américain qui lui avait fait la promesse, un jour, de venir la chercher. Mais ce qu'Anne va trouver à San Francisco ne ressemble en rien à une bluette... Pour connaître toute la vérité sur ce qui lui apparaît vite comme " l'affaire Daniel Harlig ", il lui faudra convaincre un inspecteur de police fraîchement retraité, Bill Rainbow, grand amateur de gastronomie dont la corpulence n'est pas sans évoquer celle d'Orson Welles, de reprendre du service. En échange de la confection par Anne, cuisinière émérite, d'un repas de Noël digne du Festin de Babette, Bill va accepter de reprendre cette enquête qui le mènera à une découverte stupéfiante. Ce roman policier psychologique et charnel, truffé d'hommages à Alfred Hitchcock, où les secrets intimes enfouis dans le passé se mêlent aux appétits les plus crus, est ancré totalement dans l'époque, l'action se situant essentiellement aux Etats-Unis en décembre 2008, en pleine récession mondiale, un mois après l'élection de Barack Obama. En bonus, la présence de fiches cuisine à la fin du roman, reprenant les plats qui composent le festin élaboré par les deux protagonistes du livre (recettes originales du chef Eric Léautey, auteur de nombreux ouvrages sur la cuisine et chef de la chaîne Cuisine.TV).

 

 


 

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Interview with Johan Theorin

 Albertine (Un Polar). With your three novels: L’heure trouble, L’écho des morts, Le sang des pierres, you have joined a select group of the best Scandinavian and European authors of police novels; what has this changed for you and why?

 Johan.  For many years I used to write stories which were read by a hundred people or so. Now I am happy to see my books in shop windows here in Sweden and in some other countries and I get to travel a bit and meet people who have read them, but apart from that very little has changed. I still sit quietly in a small room and write stories most of the time, and enjoy that very much. There is a tendency these days to turn popular authors into celebrities, but if I as a person remain out of sight and only my books became well-known, that is fine enough with me.

 Albertine. The Swedish isle of Öland, places full of history (a lighthouse, a abandoned quarry); an old man who decrypts life, who discovers or works out the truth; moments in which the natural elements (fire, snow, mist) play an important role in the denouement of your stories; the bizarre that sits alongside the rational: Why did you choose these key elements as the basis of your three novels?

 Johan.  I don’t think I had any choice, I just wrote about things which filled my mind. We all have our different obsessions, and I guess I am obsessed with the places and people from my childhood on Öland, and all the strange stories I heard then. I am also obsessed with all kinds of mysteries, past and present, and also the almost mystical links between people and the landscape they live in. Grief plays some part in the novels as well, probably because my parents became ill and died when I was writing them. All of these obsessions and experiences go into my novels.

 Albertine. Silence (or the unspoken) has an important role in your novels, particularly with Gerlof who is able in “l’heure trouble” to keep silent about his theories on the murder of his child for a long time; the same for Joachim in “l’echo des morts”, who does not say anything to his children about the death of their mother, keeps silent until the end, including and at the moment when he shows them her grave. What are your thoughts on this?

 Johan.  Well, Scandinavian people have a reputation for being silent, you know!

But seriously, I think Gerlof is silent about his theories because he actually hasn’t worked them out completely in his head yet. He is a sort of detective in the novels, but unfortunately he is old and thinks very slowly, and he is not always right.

Joachim has another reason for being silent: he can’t bear to tell the children the tragic news. This was a personal experience for me, because a few years ago I had the same problem with telling my daughter that her grandfather had died. As long as you keep silent about a tragedy you can pretend that all is well, but sooner or later the truth always comes out.

 

Albertine. In all three novels your characters return to the isle of Öland; could you comment on this idea of “return” to the island?

 Johan.  People who return to an island after many years always bring a strong nostalgic feeling with them; they long to come back to a certain time and place which probably don’t exist anymore, and they sometimes have a sharper eye on the landscape compared to people who live there all the time. I always return to Öland myself, since I don’t live there all year round, and I always discover a different island than the one I remember.

 Albertine. Why is such importance given to the private diary (kept by women in the last two novels) in your fiction?

 Johan. A diary is a way to bring back the past. My great-grandmother (my mother’s grandmother) kept a diary for many years when she lived on Öland, and I have read it a lot when I wrote these novels. It is always with a small sense of guilt that you read someone else’s diary, even if they are dead, because small secrets are always revealed. (Sometimes big ones, too.) I also keep a diary, and even if there are no big confessions in there, I wouldn’t want anyone else to read it, ever!

 Albertine. Gerlof, quite central in your first novel “L’heure trouble”, appears as a supporting character in your two other novels, with a tenuous and yet strong relation to the central story. Is it important that he is a very old man, out of strength, between life and death?

 Johan. Yes, since he is very old in all of the novels, he is a link between the old ways of the island (fishing, poverty, superstitions) and the new ways (tourism, rich visitors, modern crime). Gerlof remembers how it used to be, and like all old people he can therefore give some perspective on how things are now. I worked in an old people’s home when I was 16-17 years old, and I was fascinated with the old people there and the stories they had to tell.

 Albertine. Despite the violence that runs through your novels (violence of nature, violence of human beings) you give them a gentle end, as our death might be: could you please comment on this?

 Johan.  Violence is ugly never solves anything, in my opinion, so I always try to end a story peacefully, with some reconciliation for the surviving characters. They deserve some rest in the end, because before that they sometimes have been through emotional and physical hell.

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Interview with David Liss

After we have published a chronical about his novel,  The ethical assassin,   lastly translated  in French language, David Liss answers to our questions.

Vous trouverez ici la version française de l'entretien.

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Jacques. How would you introduce yourself to French readers who don't know you yet, and are about to discover you as the author of " The ethical assassin" ?

 David Liss. I am primarily a writer of historical fiction, and most of my work deals with aspects of financial history.  I also write comic books and the occasional horror short story. 

 J. How did it happen that you got the desire to write, and especially to be fond of writing thriller books, mystery and suspense?

 David Liss. For as long as I can remember, I have wanted to write stories.  I’ve always love narrative, and for most of my life I was trying to figure out how to construct narratives myself.  Fortunately, I eventually figured it out – more or less, anyhow.  I don’t see myself as being more interested in thrillers or mysteries than other forms of writing, but I do think that all traditional fiction is suspense fiction.  Readers want to know what will happen next and why, even if the mystery is who a particular character will marry or whether or not (or how) they will find happiness.  In my own writing, I like to put together stories where the stakes are high and the character face serious problems.  It is simply how I like doing things.

 J. Who are or have been the writers who influence(d) you?

 David Liss. I think I am influenced by every book I read, good or bad.  I always tell aspiring writers that every time they read, they should reverse engineer the material.  If a book is good, figure out what makes it work.  If it is bad, figure out what it is doing wrong.

 J. Your first two novels published in France: " A Conspiracy of Paper " and " The Coffee Trader" targeted the financial world, but " The ethical assassin", all the while being a remarkably well made suspense novel, offers here and there a philosophical twist. Why this new orientation of your writing?

 David Liss. I’ve always believed I should write the book I want to write when I want to write it.  I’ve always enjoyed contemporary fiction, and I loved the idea of writing a caper novel based on my own experiences as a door-to-door encyclopedia salesman.  It’s not a new orientation in the sense that I’ve gone back to writing historical fiction.  However, it is something I enjoyed and hope to do again.

 J. Against all expectations, you turned Melford Kean into a both sympathetic and passionately interesting character, is this a literary challenge that you assigned to yourself?

 David Liss. Yes, I knew he was going to be the spokesperson for a position most readers would find disagreeable, so I set out to write him so he would be both charismatic and strange.  He was a very fun character to write, so I hope readers enjoy him.

J. Are animal rights and animal causes activists, whom you met while researching data and whose names you quote in acknowledgements and thanks, such radicals as Melford? Are they, too, capable of violent actions, even to the point of killing people in order to save animal's lives?

 David Liss. No, I think most animal rights activists would find Melford’s methods extreme and abhorrent.  Again, the trick with this book was not to preach to the reader, so I had to make Melford so outrageous that no one would ever accuse me of advocating his actions.

 J.  Do you share all, or only some of their view points?

 David Liss. I share many of his points of view.  I have been a vegetarian for over ten years, and I do think Marxist philosophy is a useful tool for looking at the world.

 J. Another very well researched and important subject matter in your novel is drug. How did you go about researching and putting together data related to drug? Is this type of work time consuming?

 David Liss. I am a fairly unadventurous person in real life, so I neither used nor manufactured my own drugs in the researching of this novel.  Mostly I did library research – always exciting! – and interviewed some police officers.

 J. Your description of sales methods as used by encyclopedias salesmen and your knowledge of customers psychology are so precise that your readers come to the point of wondering if you experienced this type of job, just like your character Lem. Could it really be that you have done this job? Are encyclopedias vendors as cynical as you depict them?

 David Liss. I did have this job – one summer while I was in college.  Other than the drug dealing and murdering, the work and the workers are exactly as I’ve written about them.  It was a crazy experience, and I was very happy to have the chance to writer about it.

J.  It is quite unexpected to find in a thriller book a murderer who is able to quote Michel Foucault, the structuralists and Louis Althusser, however it does fit the main character in your novel. Are animal rights and animal causes activists whom you have met also such theorists?

 David Liss. No, that was just me having fun.

J. Humor belongs to your way of writing. It is with lightness of touch and irony that you relish painting the darkest sides of society. Why did you choose to thus proceed, quite differently from James Ellroy, Michael Connelly or Henning Mankell?

 David Liss. All of my books, even the serious historical financial ones, have humor in them.  I’ve always seen humor as an important part of life.  People always express themselves through humor – even on serious occasions.  I’ve heard people who are genuinely mourning cracking jokes at funerals.  I enjoy reading and writing comic fiction, so making this book humorous felt like a natural choice to me.

J.  You refer to other subjects such as paedophilia, male chauvinism, racism, police violence and jail. Do you plan to write future novels about other similar social problems?

 David Liss. I don’t have any specific plans, but it is certainly possible. 

 J.  "The ethical assassin" has been published in France in january 2012. When shall we be able to enjoy French translations of your last novels ?

 David Liss. Honestly, I have no idea.  My agent handles the business decisions, but I would hope all of my novels might soon be available in France.

 J. Now, lets talk about it, are you fond of hamburgers?

David Liss. I gave up eating meat because I couldn’t reconcile myself to how food animals are treated, not because I don’t like it.  I’ve always enjoyed the taste of meat, and I miss it.  I just can’t convince myself to go back.  I do enjoy a good soy burger now and again, however. 

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09/02/2012 | Lien permanent

Interview with Lotte and Soeren Hammer

 Un Polar.  Even if your novel “Morte la bête” has sold well in France, French readers don’t know you yet. What would you like to tell them by way of introduction?

 Lotte&Soeren Hammer.  First of all we will like to tell our French readers, that we are both proud and humble to the fact, that we have got the chance to publish in France. By the way the French cover is so good, actually the best we have seen so far.

We are brother and sister and we live in a small town about an hours drive north of Copenhagen. We live in the same house,   lives in a flat on the first floor and Lotte lives with her husband and children on the ground floor.

Søren is a teacher and Lotte is a skilled nurse. We are respectively 58 and 56 tears old and we started to write our first book 6 years ago. It all started out as a fun project, just to prove to ourselves that we actually could write a book. Now we have just finished our fourth novel in the series with Konrad Simonsen as the main character. Up until two years ago we worked fulltime as a teacher and a nurse, but now we both write full time.

In our books we always work with a certain theme and we value the fact that all the books a different from each other. Nobody wants to read the same stuff all the time and we certainly don’t want to write the same, that is simply boring.

We have been very lucky that our books have been sold to and will be published in so many countries (19). That gives us the opportunity to visit these countries and we enjoy these visits and meeting the readers, very much. We will go to Caen, France in November this year and we look very much forward to that.

A month ago we were asked to write a short story for the French magazine Elle. We liked the idea, so that we did. This was great fun because we had to try and catch a younger age group than we normally attract in our novels. It became a short story about “fashion, sensuality and killings”. The Danish title is “Angels must be well dressed”. We don’t know the coming title in French. We are very excited to see the reaction in France when it is published in Elle.

By the way we experienced a funny response to this request from Elle by Sørens two daughters at 19 and 22 years. Like normal children they are not very interested in their father’s doings and they hardly ever read what we write. They have never commented on the foreign sales, not even to exotic places like Korea or USA.

BUT when they realised that we would get a short story in French Elle they really woke up and got interested. That fact really demanded respect.

Next month Søren will go to Paris to research for some short stories about a French lady who took part in the French resistance during the war. The first short story will take place in the metro station Saint-Augustin. We have always been fascinated of and have admired the French resistance during the Great War.

Writing short stories are a kind of hobby for us.

  Un Polar. Even before starting work on your first novel, you decided to create recurring characters for the novels that followed. What was the reason for this decision?

 Lotte&Soeren Hammer.  We have always been much inspired  by the Swedish authors Maj Sjöwall and Per Wahlöö and their character Martin Beck, a crime series from the 1970’th. When we started writing, it was obvious to us, that we also wanted a through character. Actually it was so obvious that we never talked about it. And believe us; usually we talk about everything, many times :-).

 Un Polar. The media manipulation of public opinion is a key issue in your novel, and you present Danish society as quite sensitive to these manipulations, given that a certain number of policemen themselves fall into the traps of this manipulation. In writing this novel, were you keen to describe a certain way of working of the media, the police and the wider public, or was this secondary to your storyline?  In other words:  when you write, are you trying to confront the social issues faced in your country and your era?

 Lotte&Soeren Hammer. In all our books we work with a superior theme. The theme of the first book is law and civilisation versus taking the law in your own hand. To show this we needed criminals who have committed crimes so cruel and gruesome that the criminals are considered pure evil.

If we had written the book in 1947 we would probably have chosen Nazis instead.

  Un Polar. The character of Inspector Konrad Simonson, who the reader is no doubt going to come across in further adventures, is in no way privileged in comparison to the other members of his team: you have preferred to show the work and the functioning of a team rather than to centre on one single character. Was it difficult to come to this decision, which contrasts with many other police authors who use recurring characters (Mankell, Indridason, Vargas, Connelly, etc.)? Did it take a lot of discussion to arrive at this decision?

 Lotte&Soeren Hammer. We did not in any way measure the advantages and disadvantages of a single main character. We operate more with the team and that is because we like parallel to the plot to describe the development of the team members and their mutual relationships.

Apart from that we also change some of the team members if we find them worn out or we want new faces.

Novel number three is called “Lonely hearts club” and is very much Konrad Simonsens novel. In this book he is the absolute main character and his life is in focus.

 Un Polar. How do you share the work between yourselves? Do you write the scenario together? Do you divide the chapters or characters between yourselves?

 When we have finished the talking- and planning period we start writing from page one. We divide the scenes and dialogs between us according to our different knowledge, interest and also the time we have. But very roughly you can say that Lotte is the one with the feelings and Søren takes the action and the more technical parts.

As we live in the same house, we meet several times a day, mostly in Lottes flat, discussing even small details. It simply makes things much easier that we can talk face to face whenever we want.

 Un Polar. What are the advantages and disadvantages, for each of you, of writing together?

 Lotte&Soeren Hammer. We are both very disciplined and we always start a book by talking and planning. First we get the plot, then we settle how many chapters and how to divide up the story. Because we are two persons this period is quite long. We have to put every thought we have into words for one another. That takes time, but we believe that it saves us time in the actual writing process. Writing together also has the advantage that you get more energy and you can keep each others spirit up.

Maby a disadvantage is, that you don’t allways get things the way you want them. But yet again maby that is after all really an advantage, who knowsJ.

 Un Polar. Are either of you considering writing your own, more personal novel, or are you completely happy with the collaborative process?

 Lotte&Soeren Hammer. We are very happy with the collaborative process but Søren do consider writing a children’s novel together with his oldest daughter. When that will be, has not yet been decided.

We have plans and plot for at least 3 more novels about Konrad Simonsen and his team. We like writing together.

 

 

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