28/11/2016
Incarnatio, de Patrick S. Vast
Une chronique de Cassiopée.
Et si la fiction devenait réalité ?
Retrouver un texte d’un auteur qu’on suit depuis quelques années, c’est se demander si la magie de l’écriture va opérer une fois encore. En effet, il n’est jamais simple, pour un écrivain, de se renouveler, de donner encore envie à ses lecteurs de découvrir un nouveau récit. Soit il choisit la facilité en reprenant une « recette » qui fonctionne, soit il prend des risques.
Patrick S. Vast a décidé de revenir au thriller mais avec une pointe de « folie » sur un opus assez court puisqu’il est composé de seize chapitres. Il nous entraîne dans l’univers d’un romancier, dont le personnage récurrent, un tueur à la hache, devient présent, trop présent, palpable…. James Simmons vit avec sa femme et participe, de façon régulière, a des salons littéraires où il rencontre ceux qui le lisent. Un jour, parmi ces derniers, il fait connaissance avec un homme qui ressemble trait pour trait à celui qui est surgi tout droit de son imaginaire… Fiction ou réalité ? Est-il « malade » au point de donner le visage de celui qui hante ses romans à un inconnu croisé lors d’une dédicace ? Ou est-ce l’individu qui « s’amuse » de lui en se grimant afin de coller au tueur à la hache que James a créé ? Qu’en est-il de ces troubles qui semblent l’envahir et qui inquiètent son épouse ? De plus, des meurtres sordides ont lieu près de chez lui et le modus operandi est celui de son héros de papier….Bizarre et déstabilisant au possible d’autant plus qu’il a de plus en plus l’impression d’être épié, surveillé et que certains faits très perturbants « plombent » son quotidien. Sa tendre moitié est, elle-même, ébranlée par tout cela et se demande vers qui se tourner pour avoir de l’aide, ou à défaut une écoute. Lorqu’on décrit des situations qui n’ont rien de rationnel, il faut que les personnes à qui vous parlez vous comprennent et ce n’est pas gagné pour elle. Parallèlement à ce couple, on suit l’équipe de policiers qui mènent l’enquête et là aussi, les questions sont nombreuses et ils ne savent pas comment aborder les recherches qui leur sont confiées.
Patrick S. Vast a fait mouche, je me suis sentie très vite embarquée dans son intrigue avec un désir accru de voir comment il allait négocier la « chute » car il est primordial (et ce n’est pas si aisé qu’on le croit) de maintenir le suspense et l’intérêt jusqu’au bout. Chaque période évoquée est clairement déterminée avec l’heure et parfois une indication temporelle bien utile lorsqu’il s’agit de retour en arrière. Le passé va donner un éclairage essentiel au présent mais il nous sera livré par bribes. Sylvia, la compagne de Simmons, va assez rapidement s’apercevoir, qu’elle connaît mal « son homme » et qu’il cache une part d’ombre importante. L’ensemble est bien « ficelé » sans temps morte et sans redondance. On peut, peut-être, se dire que la fin est un peu amenée rapidement mais c’est simplement parce qu’on est « ancré » dans l’histoire et qu’on se dit que cela aurait pu durer encore un peu (c’est mieux qu’un sentiment de lassitude ;-)
L’écriture et le style sont vifs, les dialogues intéressants et l’atmosphère mystérieuse, parfois un tantinet angoissante. C’est donc un roman parfaitement maîtrisé que nous offre le nordiste à qui je souhaite d’avoir toujours autant de plaisir à écrire !
Incarnatio
Auteur : Patrick S. Vast
Éditions : Fleur Sauvage (Novembre 2016)
ISBN : 979-1094428337
210 pages
Quatrième de couverture
Alex Shade, tueur à la hache qui a apporté gloire et fortune à James Simmons, devient son pire cauchemar quand le romancier se met à croire que le personnage qu'il a créé s'est incarné et le pourchasse.
15:53 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : incarnatio, patrick s. vast | Facebook | |