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20/09/2017

Les chiens de Détroit, de Jérôme Loubry

les_chiens_de_détroit.jpegUne chronique de Cassiopée

Dans la brume…

Nous sommes à Détroit et dès les premières pages, un suspect vient d’être arrêté. Il va être interrogé et demande à parler à Sarah Berkhamp, une jeune inspectrice. Pourquoi elle ? Quelles sont les raisons qui le poussent à vouloir établir ce dialogue et à lui glisser en introduction un message particulièrement sibyllin ? Cela met la jeune femme très mal à l’aise et le lecteur ressent immédiatement cette atmosphère lourde, brumeuse, étouffante qui s’installe.

L’homme avait enlevé des enfants en 1998. La première fois, l’inspecteur Stan Mitchell, alias « le Molosse » avait mené l’enquête mais sans réussir. Il n’avait pas de piste à part quelques indices tendant à prouver que le voleur de chérubins était d’un grand gabarit. De là à le surnommer « le géant des brumes », du nom d’un vilain croquemitaine, personnage de conte pour la jeunesse, il n’y avait qu’un pas, aussitôt franchi…

2013, il y a eu de nouvelles disparitions, serait-ce le retour du géant des brumes ? … Entre temps, l’affaire avait été retirée à Stan, alcoolisme, violence, dérive, pas vraiment le flic droit et efficace…. Pourtant pendant toutes ces années, l’histoire de ces petits volés à leur famille, probablement terrifiés avant de mourir, l’a obsédé… Aussi, dès que les rapts reprennent, il n’a de cesse de reprendre les rênes des recherches, et de sauver ceux qui attendent, sans aucun doute, dans l’ombre, qu’on les libère… Il est donc de nouveau sur le coup mais en binôme avec Sarah. Des enfants sont encore kidnappés et ils doivent agir, vite avant qu’il ne soit trop tard. Sarah est une jeune femme particulière, qui n’est pas à l’aise avec elle-même, ayant souffert d’épisodes où elle a été fragile psychologiquement par le passé. Elle n’arrive pas à être enceinte et n’avait pas le souhait d’être affectée à cette enquête. On la sent sur la tangente, et sa personnalité est difficile à cerner, maintenant cet aspect de « flou » ressenti dès le début du livre. Ces deux-là forment un duo totalement improbable… plus dans la réflexion que dans l’action, se cherchant, se fuyant… Et leurs supérieurs demandent encore et encore des résultats… On le sait dès les premières lignes, l’auteur des méfaits a été arrêté mais que s’est-il passé ? Les enfants sont-ils sauvés ? Un retour en arrière sera nécessaire avant de retrouver la rencontre entre Sarah et celui que tout accuse.

Pourquoi Sarah a-t-elle si peur de cet entretien ? Qu’est-ce qui l’angoisse ? Que lui renvoie cette situation ? Elle semble sans arrêt prête à fuir, comme si tout était trop dur à supporter pour elle…

Ce qui m’a frappée d’emblée en découvrant les premiers mots, c’est l’atmosphère de cet ouvrage. Tout paraît lourd, épais, pesant, c’est vraiment bien décrit car tout cela on le vit comme si on y était. L’humidité, la brume, le froid pénètrent vos os. On souffre pour ces petits, avec eux… On voudrait que Stan et Sarah soient plus à l’aise, plus épanouis mais cela paraît si difficile avec le poids du passé… Chacun d’eux traîne des « casseroles », des non-dits, et il est peu aisé de se confier, de se lâcher, surtout que dans la police, on se doit d’être fort, n’est-ce pas ?

Moi qui trouve parfois que certains protagonistes manquent de profondeur, j’ai trouvé ceux de cet ouvrage très bien travaillés, campés. Comme il s’agit d’un premier opus, je ne sais pas s’ils deviendront des héros récurrents de l’auteur mais je le salue bien bas car il a sa place dans la cour des grands…

Un roman totalement abouti, à l’intrigue bien pensée et qui surprend le lecteur plus d’une fois au cours des chapitres…

Les chiens de Détroit
Auteur : Jérôme Loubry
Éditions : Calmann-Lévy (11 Octobre 2017)
300 pages
ISBN : 9 782 702 161 708

 

Quatrième de couverture

Une plongée suffocante dans les entrailles pourrissantes de Détroit, devenue cimetière de buildings