03/07/2017
La blanche Caraïbe, de Maurice Attia
Une chronique de Cassiopée
Le récit se déroule en 1976, principalement, aux Antilles, en Guadeloupe. Tigran, dit Khoupi ,réfugié là-bas avec sa compagne, vient d’appeler son camarade Paco au secours. Ce dernier, resté en France, a une « dette » envers lui donc il laisse femme et enfant, et il s’envole pour aider son pote. Une fois sur place, il a des difficultés à reconnaître son ex-coéquipier. Rongé par l’alcool, celui-ci ne semble pas du tout en forme… en effet, Il a de gros ennuis, un homme a été assassiné et il pourrait être accusé (à tort) du meurtre de ce dernier. Il a besoin d’aide et Paco est là pour ça. Ecrit de cette façon, cela paraît très simple mais il n’en est rien ! L’intrigue va être soutenue, complexe, abordant différents thèmes.
L’ écriture est singulière. Plusieurs protagonistes emploient le « je » et il faut savoir qui parle. Par contre, donner la parole à diverses personnes de cette façon permet de multiplier les points de vue sur un même fait. Les approches ne sont pas les mêmes et les sentiments face à ce qui se déroule, totalement distincts. C’est assez surprenant parfois et réellement intéressant pour mieux cerner la personnalité de chacun.
L’auteur nous entraîne dans une histoire sombre, dure, sur une île bouleversée, loin de la France. Il s’attache, entre autres, à nous montrer les différences entre ces deux lieux de vie : la police, les médecins légistes, les habitants ne réagissent pas de la même façon en métropole et sur place. On se rend compte que l’approche d’un même événement n’est pas la même sur le continent qu’aux Antilles... et cela déstabilise Paco de temps à autre. Le contexte politique de l’époque est bien présent et apporte une toile de fond intéressante. On sent également le poids du passé avec les ethnies qui se côtoient plus ou moins facilement.
Maurice Attia nous offre un véritable puzzle, multipliant les entrées et les fausses pistes, introduisant de nouveaux individus qui remettent en cause nos convictions. Mensonges, trahisons, blanchiment d’argent, tout y passe. C’est savamment orchestré et il ne faut pas perdre le fil. Parfois, une note d’humour, notamment avec Haroun Tazieff en bel homme un peu hâbleur….
Cette histoire m’a beaucoup intéressée. Elle démontre une fois encore, la fragilité de chacun, les difficultés des relations humaines en famille, entre amis, ou encore au travail. Les deux camarades ne sont pas des supermen, ils sont parfois maladroits, sur la tangente, ne sachant plus où mettre leurs priorités , agissant trop vite, à l’instinct et se retrouvant dans des situations difficiles à maîtriser.
J’ai trouvé le ton sobre et juste, pas de fioritures, les faits, le ressenti de certains et on avance.
Globalement, c’est assez triste. Lorsqu’on pense aux îles, souvent, on imagine les plages, le soleil, le repos, le farniente, l’ aspect paradisiaque… Dans ce roman, l’auteur présente l’envers du décor : la pauvreté, les tensions parmi la population, les magouilles locales ou extérieures, la lutte des classes, les trafics de drogue, les tricheries pour l’immobilier et la vie là-bas en 1976 … Ce n’est pas attirant, c’est même un tantinet désespérant…..et on se demande ce qu’il est en maintenant….
La blanche Caraïbe
Auteur : Maurice Attia
Éditions : Jigal (Mai 2017)
Collection : Polar
ISBN : 978-2-37722-004-5
272 pages
Quatrième de couverture
En 76, Paco a renoncé à sa carrière de flic, il est devenu chroniqueur judiciaire et critique cinéma au journal Le Provençal. Irène, elle, poursuit avec succès son activité de modiste. C'est un coup de fil de son ex-coéquipier qui va bousculer cette vie tranquille. Un véritable appel au secours que Paco ne peut ignorer. En effet, huit ans auparavant, après leur avoir sauvé la vie, Khoupi avait dû fuir précipitamment aux Antilles avec sa compagne Eva…
15:23 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la vlanche caraïbe, maurice attia | Facebook | |