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01/08/2012

Paris mutuels, de Jean-Marie Laclavetine


paris_mutuels.jpgUne chronique de Bruno.

Vous n’allez pas aimer Vincent. Vous aller même le détester. Surtout si vous êtes de ces hommes qui ont parfois des bouffées de testostérones qui vous poussent à montrer que vous n’êtes pas du genre à vous laisser marcher sur les pieds, ou vous faire mener par le bout du nez.

Car voyez vous Vincent ne vous ressemble pas. Il est de ces êtres là, qui tel un bouchon sur la mer, se laissent porter au gré du vent et des bourrasques. Pourtant il n’est pas un looser, ni un déprimé, encore moins un réfractaire à la société dans laquelle il vit.

Non Vincent, son problème, c’est qu’il a horreur de devoir faire des choix.

Je n'ai jamais choisi. La vie me traîne ici ou là, je vais où elle me conduit, je me laisse porter. J'ai tout accepté, toujours. Par manque d'intelligence, peut-être, à cause d'une forme particulièrement lamentable de lâcheté, c'est possible, mais plutôt en raison d'une résignation congénitale, d'une absence absolue de croyance, d'un doute de tréfonds. Rarement rencontré, le bonheur m'étouffe ; le sachant éphémère, je préfère hâter sa fin pour retrouver le lugubre confort de la mélancolie ; quitte à perdre ce qui m'est cher, autant que ce soit de mon fait ; voilà pourquoi je détruis tout.

Alors il laisse le hasard décider pour lui. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour Vincent, le hasard fait bien mal les choses.

Ancien champion de savate, il a monté une salle d’entrainement avec son pote Angelo. Si son ami s’affaire auprès des sportifs, Vincent lui s’occupe du tripot clandestin qu’il a crée en annexe à l’étage. Turfiste plutôt chanceux, il aime à trainer sur les hippodromes.

C’est là que l’amour va lui tomber dessus comme un pot de fleurs projeté avec élan du cinquième étage.

Enfin l’amour, c’est peut être un bien grand mot me direz vous, mais Vincent voudrait bien y croire pour une fois. Pourtant, Léa, c’est le nom de sa dulcinée, n’a rien d’une princesse échappée d’un conte de fée. Elle serait même plutôt du genre « tarentule » (comme la surnommera Angelo). Elle enfagote sa proie dans sa toile, l’immobilise et finit par lui sucer le sang.

Car c’est par effraction que la belle s’engouffre dans la vie de Vincent. Sa rencontre à l’hippodrome était savamment calculée, tout comme le cambriolage de son existence qui va s’en suivre.

Peu à peu elle s’immisce dans les affaires de Vincent au point d’en prendre le contrôle et provoquer le départ d’Angelo qui se désole de voir son ami passer sous la coupe de Léa sans réagir.

La petite salle de sport, va alors rapidement étendre ses activités à la vente de poudre et autres petites pilules aux vertus rarement reconnues par la sécurité sociale, mais si prisées des sportifs prêt à s’arranger avec la philosophie de Pierre de Coubertin.

Comme une tornade de Monsieur Propre, Lea chamboule la vie de Vincent du sol au plafond. Lui fait abandonner sa porche, quitter son appartement pour s’installer chez son frère Fred. Un gars sympa Fred, et si proche de sa sœur !

Suivra ensuite le mariage. Elle lui doit bien ça Léa vu que toutes ses petites affaires sont au nom de Vincent. Autant lui mettre la corde au cou pour mieux le tenir en laisse. Et généreuse avec ça, qui en guise de dote va offrir à son mari quelques années à l’ombre derrière les barreaux d’une prison pour malversations financières.

Mais loin de se révolter Vincent se sacrifie ! Après tout, Léa ne lui a-t-elle pas appris qu’il allait être père ? Il ne va quand même pas laisser une femme enceinte, à fortiori la sienne, aller en taule, même si l’idée d’être père l’enchante autant que celle de boire une cuillère à soupe d'huile de foie de morue !

Alors bien sûr le lecteur que vous êtes ne manquera pas de pester et de se demander quand diable va-t-il enfin se réveiller, relever la tête et se révolter contre cette sangsue.

Je me garderai bien de répondre à cette question et vous invite à lire le livre, mais je vous promets une fin truculente.

« Paris mutuels » est un petit bouquin sans prétention, comme tous ceux sortis dans la collection « Vendredi 13 » des éditions de la Branche , mais qui se savoure, se sirote au fil des pages et vous fait passer un agréable moment, le sourire aux lèvres.

Car si d’entrée, vous n’allez pas aimer Vincent tant sa conception de la vie est diamétralement opposée à la votre, vous finirez pourtant par l’apprécier, l’agacement laissant progressivement la place à l’empathie, et vous l’accompagnerez dans ses déboires.

Et c’est là toute la finesse de Jean Marie Laclavetine que de nous raconter une histoire particulièrement sombre avec une écriture empreinte de beaucoup d’humour, qui donne ainsi une saveur toute particulière à ce petit roman.

Bruno, ( Passion-polar )

Paris mutuels
Jean-Marie Laclavetine
Editions La Branche (7 mai 2012)
Collection : Vendredi 13
152 pages ; 15 €

 

Présentation de l'éditeur

Vincent, narrateur de cette histoire, est un être immature et naïf, nul en affaires, pitoyable en amour, déloyal en amitié, et nombre de ses comportements sont impossibles à justifier. 
Pour sa défense on plaidera que s'il n'avait pas rencontré Léa, un jour funeste sur un champ de courses, sa vie aurait pu prendre un tour plus acceptable. Hélas il y eut Léa, et avec elle arrivèrent les malheurs dont on découvrira ici l'enchaînement fatal. Ce livre veut contribuer à l'édification des masses, en indiquant où peuvent mener les excès de l'amour et les 
tentations du vice. Puissent les générations futures être épargnées par ces deux fléaux.