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12/03/2015

Tout doit disparaître, de Jean-Bernard Pouy

tout_doit_disparaitre.jpgUne chronique de Paul.

Bientôt en Pléiade ?

Regroupant cinq romans de Jean-Bernard Pouy parus dans les années 1980, ce fort volume serait-il le premier d'une nouvelle forme éditoriale de la Série Noire, un peu dans la mouvance des éditions Omnibus ou de la collection Bouquins chez Robert Laffont ?

Pourquoi pas, une première tentative de proposer plusieurs titres d'un même auteur sous le nom de Bibliothèque Noire ayant été abordée entre 1988 et 1992. Ces ouvrages étaient consacrés à des auteurs phares de la collection Série Noire, Chester Himes, David Goodis, Raymond Chandler, James Hadley Chase, Dashiell Hammett, Jim Thompson ou encore Jérôme Charyn. Et Pouy représente ce renouveau de roman noir "militant" français tout comme Thierry Jonquet et quelques autres.

 Avec ce recueil consacré à Jean-Bernard Pouy - espérons donc qu'il y aura d'autres élus - nous découvrons l'auteur qui dès ses débuts frappait fort et faisait une entrée fracassante à la Série Noire, pour ce qui n'était que les débuts d'un romancier franc-tireur qui n'hésitait pas, et le fait encore, à fournir des romans ou recueils de nouvelles à de jeunes éditeurs afin de les aider à s'imposer, mais ne furent pas toujours des entreprises qui furent suivies d'une véritable consécration.

 Cinq romans donc qui ont pour titre :

Nous avons brûlé une sainte (Série Noire N° 1968. Juillet 1984).

La pêche aux anges (Série Noire N° 2042. Février 1986)

L'homme à l'oreille croquée (Série Noire N°2098. Mai 1987)

Le cinéma de papa (Série Noire N°2199. Octobre 1989)

RN 86 (Série Noire N°2377. Mars 1995. Réédition des éditions Clô - 1992)

 Afin de ne pas vous infliger cinq résumés j'ai décidé de présenter uniquement celui que je préfère, en toute objectivité cela va de soi : Le cinéma de papa

 Alors qu'il travaille pour le compte de l'Alliance Française, au Brésil, Bertrand Bernat apprend que sa mère vient de mourir. Elle est même enterrée.

Tant pis, il bazarde toutes ses affaires et revient en France pour se recueillir sur la tombe encore fraîche et effectuer un pèlerinage dans la maison familiale.

Selon la police sa mère a été assassinée par des voleurs qui se sont contentés d'un service de table en argent. Mise en scène, oui !

C'était bien autre chose que les voleurs désiraient. Un négatif de film 16mm, un vieux film au nitrate appartenant à son père, décédé depuis de longues années, a disparu. Son père qui était collectionneur et gardait des archives cinématographiques au grenier. Un film qui a été dérobé pour sa valeur intrinsèque par un amateur peu scrupuleux, ou pour ce qui figurait sur la pellicule ?

D'abord il faudrait savoir à quoi correspondait ce film et s'il peut servir à un chantage ou dissimuler des preuves compromettantes. Bernard se lance tête baissée dans la mêlée avec pour toute arme une malika, canne basque de bois dur qui lorsqu'on la dévisse s'avère être une arme redoutable et acérée.

Un véritable retour aux sources, à la recherches d'indices, en fouillant la passé trouble de son père dans une époque non moins trouble, les années qui ont précédé la deuxième guerre mondiale.

 Ce roman est empreint de tendresse bourrue et la conclusion, le final, un peu faible peut-être, est moins important que l'atmosphère de cette histoire. Un tourbillon, un maelström qui emmène le lecteur du Brésil à Belle-Île via Paris et la Corse.

Après s'être fait l'apologue dans ses premiers romans du philosophe Wittgenstein, Jean-Bernard Pouy place son récit sous les doubles parrainages de Biga, poète obscur et obscur poète, ainsi que, plus inattendu, de l'auteur de Voyage dans les Cévennes avec un âne, Robert Louis Stevenson. Et comme tendresse n'exclut pas facétie, Jean-Bernard Pouy conclut en un énorme pied de nez.

 Monsieur Gallimard vous incite à faire une cure de Pouy, car cela ne nuit pas grave à la santé ! Il est même conseillé d'en user et en abuser !

 

Paul (blog : les lectures de l'oncle Paul)

 

Tout doit disparaître.

Jean-Bernard POUY

Série Noire. Editions Gallimard.

Préface de Caryl Ferey.

Parution 5 mars 2015. 720 pages. 24,50€.