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02/05/2011

Le prix de l’hérésie, de S.J. Parris

leprixdelheresie.jpgUne chronique d'Ishtar

Une courte note biographique en début de roman nous informe sur l’auteur : «S. J.  Parris est le nom de plume de Stéphanie Merrit, journaliste au Guardian et The Observer. C’est en préparant sa thèse sur l’influence de l’occultisme sur la littérature de la Renaissance qu’elle rencontre le fascinant Giordano Bruno ! Face au destin et à la personnalité exceptionnels du sulfureux Napolitain, germe l’idée du Prix de l’hérésie, entré dans le cercle très fermé des best-sellers du New York Times. Elle signe en 2010 un second opus : Prophecy. »

 Le roman s’ouvre sur le désormais incontournable Prologue des romans anglo-saxons où l’on découvre les circonstances dans lesquelles le héros, Giordano Bruno, s’enfuit du Monastère de San Domenico Maggiore, en 1576, pour fuir l’Inquisition ; ce qui lui vaudra une excommunication de l’Eglise de Rome.

 Les premiers éléments de la fiction se mettent en place avec la Première partie, composée du chapitre 1, en mai 1583 exactement. Lieu : Londres. Le secrétaire d’Etat de la reine Elisabeth 1ère, Sir Walsingham, lui confie une mission d’espionnage : collecter des informations sur les papistes d’Oxford.

L’histoire proprement dite commence avec la Deuxième partie, au chapitre 2. Toujours au mois de mai 1583. Voilà Bruno à Oxford où il est accueilli au Collège par le recteur Underhill. Entre autres objectifs, Bruno doit soutenir une disputation contre le recteur, aristotélicien convaincu. Il espère profiter de la bibliothèque du Collège pour mettre la main sur un manuscrit disparu, celui d’Hermès Trismégiste, que Marcile Ficin n’a pas osé traduire tant son contenu aurait bouleversé l’ordre du monde. Perspectives alléchantes, n’est-ce-pas ?  Ceux qui ont lu Le nom de la Rose d’Umberto Eco et se sont passionnés pour les débats dont le roman était émaillé en seront pour leurs frais. Ici, rien de tel. Même la disputation tant attendue est réduite à une portion congrue. Quelques lignes brouillonnes qui ne correspondent ni à une introduction ni à une démonstration : on est loin de l’art reconnu au fameux Giordano Bruno. Quelques lignes plus loin, l’auteur, ne sachant comment s’en dépêtrer vous expédie le tout en trois coups de cuillère à pot : « La disputation, je suis au regret de le dire, ne fut pas un succès, et je n’ennuierai pas davantage mon lecteur avec son déroulement. » N’est pas Umberto Eco qui veut.

L’essentiel du roman porte sur la série de crimes commis dans les murs du Collège et voilà notre Giordano Bruno, le narrateur-personnage, lancé dans la résolution des indices et des énigmes qui surgissent sur son chemin. En somme, l’auteur opte pour la version cinématographique du roman d’Umberto Eco.

Dans sa mission d’espion, où on le retrouve de temps à autre, ne cherchez surtout pas l’idée que vous avez pu vous faire de la personne réelle. Courageux et même téméraire dans ses idées, au point de se faire excommunier à trois reprises — par Rome, par les Calvinistes à Genève et par les Luthériens en Allemagne — , assez insolent pour oser déclarer à l’issue de ses huit années de procès que les juges avaient davantage peur que lui de la sentence, on découvre ici un personnage assez patelin sinon pusillanime face aux quelques professeurs qui essaient de le pousser dans ses retranchements.

Heureusement, le suspense est bien mené. S’il s’était agi d’un polar classique, il n’y aurait rien eu à redire. L’intrigue policière est habile, les personnages secondaires sont, pour la plupart, assez bien rendus.   Alors, pourquoi diable prétendre écrire un polar « historique » quand le personnage principal et pas n’importe qui, est aussi malmené et si peu respecté dans son identité « sulfureuse » —  dixit l’éditeur — ? Quand on a sous la main pareil personnage, on n’en fait pas un inspecteur Laverdure ou un Barnaby !

 Bref. N’en déplaise aux thuriféraires de S. J. Parris, ce roman déçoit eu égard à l’attente qu’il avait suscitée.

 

   Présentation de l'éditeur

Lincoln College, Oxford, 22 mai 1583. Dans l'aube naissante, un hurlement déchire le silence. Le corps mutilé d'un homme est retrouvé gisant dans une mare de sang. Esprit visionnaire poursuivi par l'Inquisition, Giordano Bruno comprend que son séjour ne sera pas de tout repos. Entre papistes et anglicans, partisans de Marie Stuart et de la Reine Vierge, une guerre se prépare et c'est dans la crainte d'un complot catholique qu'Elisabeth Ier a chargé le Napolitain en fuite d'être " son oreille ". En quelques jours, la petite ville universitaire devient le théâtre de l'affrontement fratricide des enfants de Dieu. Catholiques et protestants se livrent une bataille sans merci où les coups portés se comptent au nombre de cadavres... Chaque camp ira jusqu'au bout. Quitte à courtiser ce qu'ils combattent tous deux : l'hérésie.

Auteur : S.J. Parris

Titre : le prix de l'hérésie

Editions : 10 18

Prix : 19 €

 

Commentaires

Pour les admirateurs de Giordano Bruno, sachez que nous venons de publier une biographie de ce visionnaire, intitulée "Giordano Bruno. La vie tragique du précurseur de Galilée". Plus d'infos ici :
http://www.andreversailleediteur.com/index.php?livreid=781

Écrit par : André Versaille Éditeur | 26/08/2011

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