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29/02/2012

La géométrie du tueur, de Laura Sadowski (chronique 3)

geometrie_du_tueur.jpgUne chronique de Christine

Qui d’entre nous n’a jamais éprouvé le moindre sentiment de culpabilité ? Ou pire, le moindre remords ?
Qui peut être fier de son parcours et se présenter face à son miroir la tête haute en disant : « Toi, là, oui toi, tu peux être fier de toi, tu es quelqu’un de bien et de très fréquentable. »
Alors, mes chatons ?
Avouez qu’il y a très certainement quelques actes que vous préfèreriez n’avoir jamais commis. Des petites lâchetés ou de grosses bêtises.
Ou pire.

Dans ce cas, reste toujours la possibilité d’expier ou de se faire pardonner. À condition de le vouloir, bien sûr. Mais nous n’en sommes pas tous capables…
  Il faut que vous compreniez une chose. Je suis avocat, pas flic. Je suis de votre côté. Je suis tenu au secret professionnel… *

Le procès de Jacques Degas va avoir lieu. Après trois années de traque intense et d’enquête, il va enfin être jugé. Mais cet homme est-il « le Guetteur », un serial killer responsable d’au moins onze assassinats ? Est-il ce prédateur aux onze victimes, au minimum, au corps sauvagement mutilé, au cadavre aussi effroyablement qu’artistiquement mis en scène à l’aide d’innombrables liens et nœuds complexes et raffinés ?

Il n’y a aucune preuve directe, aucun témoin affirmatif, et la commissaire Mélanie Vincent attend le verdict avec impatience. Elle pourra ensuite, si c’est possible, retrouver une vie « normale », s’occuper davantage de son fils qu’elle se culpabilise d’avoir négligé.

Contre toute attente, Jacques Degas va demander à être défendu par Maître Mathis Clay’h. Un avocat dont la vie a basculé deux ans auparavant lorsqu’ Ève, sa fille unique, a disparu. Une « disparition inquiétante de mineur », selon la police. Fugue ? Enlèvement ?

 Comment vivre sans savoir si sa propre fille est encore vivante, ou morte ?

Depuis, Mathis a sombré progressivement dans l’insomnie et l’alcool. Sa femme a demandé le divorce. Il cuve son vin la nuit, dans les commissariats, en attendant quelques missions en tant qu’avocat commis d’office.

Faire appel à lui, un avocat déchu, quelle drôle d’idée.

Lorsque Mathis rencontre Jacques Degas, il va se trouver face à un individu froid, antipathique, manipulateur. Mais est-il pour autant coupable ?

 Par contre, Degas laisse entendre qu’il pourrait, à condition d’être libéré, faire quelques révélations concernant Ève. Donc… le doute quant à sa culpabilité persiste bel et bien.

Comment défendre, en son âme et conscience et dans le respect de la déontologie, un tel homme alors que pèse dans la balance le sort de sa propre fille ?

Il avait alors ricané devant cette absurdité répandue dans les esprits : « La société veut croire que gît en chacun de nous le remords, la conscience du bien et du mal – sans cela à quoi servirait la sanction ? »…*

Dire que ce thriller judiciaire est passionnant de bout en bout et qu’il vous sera difficile de le lâcher avant la fin est tout à fait exact. Mais je ne vais pas m’arrêter là car ce serait indigne d’une chronique digne de ce nom. Et indigne de ce roman.

Laura Sadowski prend le temps de présenter contexte et personnages, et le fait de manière juste et convaincante. Ses personnages sont bien campés, autant dans leurs qualités que leurs défauts. On sent l’œil de l’avocate qui a été confrontée à un large échantillonnage d’êtres humains sans perdre sa capacité d’observation, d’intérêt, ou d’empathie.

Après un prologue intrigant, l’auteur nous propose même une deuxième intrigue en parallèle afin de mieux happer le lecteur.

Jouant sur les apparences, sur la parole de l’un contre les affirmations de l’autre, elle offre au lecteur de se plonger dans ce problème cornélien : coupable ou non, comment assurer le rôle difficile d’avocat de la défense, en toute impartialité, en faisant abstraction de son propre jugement ou des circonstances personnelles qui pourraient influer nos raisonnements ?

Nous entrons non seulement dans un tribunal, mais dans les pensées et actes des principaux protagonistes. C’est très malin, bien vu, et très bien écrit.

C’est un livre prenant, vivant, précis.

Et très humain, aussi.

Nous nous attachons à Mélanie Vincent, à Mathias Clay’h et cela donne bougement envie de les retrouver très vite dans un prochain roman.

Quant à l’intrigue, elle est vraiment bien menée, et le plaisir de lecture est présent au rendez-vous.

Pour résumé : n’hésitez pas si vous voyez ce livre : prenez-le et lisez-le !

Merci à mes amis du blog collectif  « un polar» de me l’avoir proposé et de m’avoir permis de découvrir un auteur de talent que je ne connaissais pas encore.  En attendant le prochain roman à paraître, je patienterai avec la lecture des trois romans précédents.

* phrases extraites du roman.

Christine, (Blog : Bibliofractale )

A lire, deux autres chroniques sur ce roman :

Celle de  Bruno  

Celle de Richard

La géométrie du tueur
Laura SADOWSKI
Odile Jacob
380 pages ; 19 euros

Présentation de l'éditeur

Voilà deux ans que la fille unique de Mathis Clay h, avocat, a disparu une nuit sans laisser de traces. Depuis, divorcé, dépressif et insomniaque, il tente de surmonter sa douleur en assurant des permanences pénales qui le font errer des parloirs des commissariats aux couloirs des tribunaux.
L apparition soudaine d un tueur en série et maître chanteur, dont 
le procès est imminent, va le plonger dans un effroyable dilemme : réussira-t-il à faire acquitter ce psychopathe criminel pour obtenir la vérité sur la disparition de sa fille ? Et si elle était toujours en vie ?
Saisissant et haletant, le nouveau roman judiciaire de Laura Sadowski nous entraîne dans une enquête terrifiante doublée d'une quête bouleversante.

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