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13/03/2012

Les Ecriveurs (1. la cité lumineuse), de Frédéric Mars (chronique 2)

ecriveurs.jpgUne chronique de Liliba.

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi ce cadeau ou cette place d'honneur qui vous semblaient destinés ont atterri dans les mains d'un autre que vous ? Pourquoi des obstacles de dernière minute se dressaient sur votre route alors que rien ne semblait s'opposer à votre succès ? Pourquoi le bus que vous deviez prendre partait sans vous à quelques secondes près ?

Vous invoquez le sort, la malchance, la fatalité ? Vous pensez que c'est comme ça et qu'on n'y peut rien ? Mais bientôt, dans quelques instants, vous saurez. Ma vie et la vôtre, que vous le vouliez ou non, sont dorénavant liées à jamais... Pourquoi ça ? Oh, c'est très simple. Ça se résume même en une phrase : Votre vie, c'est moi qui l'écris !" (Présentation de l’éditeur).

 Bien sûr, après avoir dévoré Non Stop en deux petits jours à peine, j’ai eu de la peine à dire non quand on m’a proposé de lire le nouveau roman de Frédéric Mars… D’autant plus que le titre et le sujet semblaient très prometteurs.
Je dois avouer que j’ai eu un peu peur au début de ma lecture, car je ne m’attendais pas à une histoire et un style si « enfantins ». Certes, le roman est publié dans la collection Young Adults, mais pour moi c’est plus de l’ado, et je vais d’ailleurs le mettre dans les pattes de mon fiston…

 La jeune héroïne, Lara, a 15 ans et un caractère bien trempé qui promet… C’est elle la narratrice principale de sa propre histoire, et d’ailleurs elle nous apostrophe souvent, nous lecteurs, en un mode interactif que j’ai trouvé très sympathique et vivant. Telle une Cendrillon des temps modernes, Lara vit avec son père (sa belle-mère venant de décéder), et ses deux demi-soeurs, dont l’une est insignifiante mais l’autre une véritable garce, méchante comme une teigne, qui n’a de cesse de faire du mal à Lara (jusqu’à vouloir la tuer !). Lara n’est pas trop bien dans ses baskets d’ado, bien que le garçon dont elle rêve, le beau Danny Simmims l’appelle Lara Croft, héroïne qui la fait rêver.

 Presque un conte, donc, au départ, sauf que l’histoire ne se passe pas dans un château, mais sur une île inconnue des cartes de géographie, Hometone, perdue au milieu de l’océan, et cachée des radars du monde entier par le constant nuage gris du volcan qui surplombe l’ile. D’ailleurs, tout est gris ici, les gens comme les bâtiments, les rues et le paysage, sauf les yeux de Lara qui sont rose fushia (la classe !). On sent dès le début du roman que cette île est un lieu étrange et qu’il y règne une atmosphère particulière, certes due à la cendre qui envahit tout, mais aussi aux secrets et non-dits que l’on devine.

 Nous faisons la connaissance de Lara alors qu’elle est en train de se noyer avec l’aide efficace de sa méchante demi-sœur Bethsie. Une noyade qui s’avère être un cadeau inespéré puisqu’elle permet à la jeune fille de découvrir qu’elle possède des dons, et de se Révéler, c’est-à-dire d’être introduite dans le monde secret souterrain qui régit l’ile et, elle le découvrira bientôt, le monde entier !

 Lara est un Ecriveur et ce premier tome nous apprend quels sont ses pouvoirs, mais aussi ses devoirs, car c’est une charge importante qui lui échoit. Un Ecriveur est en effet chargé d’écrire la vie des gens qui lui ont été attribués. Grâce à une tablette un tantinet magique et à un stylet, ils peuvent donner aux humains, eux-mêmes déjà Ecriveurs ou simples Ecrits, des ordres. Cela ira de « Mange ta soupe ! » à « Fais-le tomber » jusqu’à « Jette-toi par la fenêtre »… Ils ont en effet pouvoir de mort sur leurs Ecrits, ça n’est donc pas un jeu, et c’est ce que comprend Lara assez rapidement. La jeune fille a la grande chance d’être très avantagée par rapport aux autres jeunes initiés, puisqu’elle maîtrise déjà la langue de ce monde inconnu, qui est à l’envers, en double miroir : en effet, dans le monde normal, Lara souffre de dysgraphie, ce qui la handicape lourdement au collège…

 Elle découvre le monde des Ecrits, des Lecteurs et des Ecriveurs et tous les grades subtils de la hiérarchie. Elle comprend aussi très vite que les pouvoirs qu’elle va acquérir vont lui permettre de peut-être comprendre enfin pourquoi et comment sa mère est morte alors qu’elle avait 3 ans. Elle jubile de son nouveau pouvoir mais va vite déchanter quand elle comprend que le danger rode autour d’elle et dans cette cité interdite. De plus, son caractère rebelle la pousse déjà à enfreindre les lois, dont elle ne connaît pas toutes les subtilités, et à se faire remarquer. A moins qu’elle n’ait été choisie parce qu’on attend d’elle quelque chose… L’action s’emballe, et nous avec, car le talent réel de cet auteur pour le suspense se révèle une fois de plus (avez-vous réussi à respirer tranquillement avoir d’avoir terminé Non Stop ? pas moi ! J’avais l’impression que moi aussi j’allais exploser si je posais le roman…).

 Lara, dans le monde de « tout en bas » rencontrera de très nombreux personnages dont je ne vous donnerai pas le détail ici, parce que ce serait bien long et pour ne pas trop vous dévoiler l’intrigue. Sachez qu’il y a des méchants et des gentils, mais que ceux qui ont l’air gentils sont parfois bien méchants, et que la vérité se cache… qu’il faudra découvrir !

 Bref, j’ai trouvé l’ensemble de ce livre fort sympathique, et même vraiment prenant une fois qu’on a découvert le monde secret de Hometone, bien que je sois restée sur ma faim pour certains passages qui selon moi manquent de consistance, de densité ou d’explications. Ainsi le match dans le Vivodrome, qui m’a paru bien pâlichon par rapport à un match de Quidditch à Poudlard…

 Ce roman, bien que léger, pose cependant de réelles questions, passionnantes : avons-nous un libre-arbitre, sommes-nous libres de nos actes, nos anges gardiens seraient-ils des Ecriveurs ? Pour Lara et ses semblables, cela va beaucoup plus loin. Nous avons vu qu’ils avaient pouvoir de vie et de mort sur les humains, tout comme la possibilité de pourrir la vie de quelqu’un juste en lui prescrivant galère sur galère. Il y a donc une part de responsabilité énorme, qui va peser sur les épaules de ces Ecriveurs. D’ailleurs, on leur « donne » 1000 personnes à gérer, et il est donc totalement impossible vu le nombre de s’intéresser à chacun d’entre eux… Les autres sont-ils pour autant laissés à l’abandon, devant prendre seuls en main leur propre destin ? Plus encore, peut-on avoir ce qu’on appelle une destinée, un avenir prometteur si on n’est pas Ecrit ? Et si les Ecriveurs pètent les plombs et font n’importe quoi, que se passe-t-il ?

 En final, un roman très agréable et intéressant à lire, et surtout très prometteur, si l’auteur fait attention à ne pas tomber dans les clichés trop ados et surtout à veiller à la profondeur de ses personnages et à détailler (notamment les personnages secondaires, tout justes esquissés, et sur lesquels on aimerait bien en savoir un peu plus…), expliquer, bref à nous faire encore mieux entrer dans le monde qu’il a créé. Les Ecriveurs est donc un roman bien moins léger qu’il n’en a l’air au départ, qui fait tout à la fois passer un très bon moment, mais aussi réfléchir, et me voilà avec un tas de questions, et trèèèèèès frustrée ! Je déteste les séries quand je dois attendre la suite ! Monsieur Mars, dépêchez-vous pour que nous puissions en savoir plus !

Liliba

Les Ecriveurs
1. La cité lumineuse

Frédéric Mars
352 pages
Editeur : Baam ! (8 février 2012)
Collection : CROSS OVER

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