11/04/2012
Le secret de Dieu, de David Lemton
Une chronique d'Albertine
579 pages… c’est un format de thriller, et c’est un thriller. J’imagine que les amateurs de ce genre littéraire le trouveront intéressant.
Le roman de David Lemton présente les ingrédients requis : un jeune et beau couple héroïque qui affronte mille dangers et en sort indemne. Parfois, on se dit « dommage ! ». La vraie surprise serait qu’il n’y en ait pas, et que le coup de mortier qui pulvérise la voiture dans laquelle ils roulent les tue effectivement, ou que le coup de feu sur la tempe de l’héroïne l’achève. Non, non, ils sont immortels dans leur quête, et cela on l’a compris très vite, si bien que les deux ou trois chapitres censés prolonger le suspense après la scène mortelle, ne font que retarder la petite curiosité qui nous reste : et cette fois-ci, comment l’auteur va-t-il sauver ses héros ?
De la même façon c’est cette petite curiosité là qui nous incite à tourner les pages jusqu’au bout. Comment l’auteur va-t-il donner chair à cette énigme annoncée, répétée, hurlée par tant de personnages des trois religions et de la franc-maçonnerie, au long de deux millénaires, et comment va-t-il clôre cette quête ? Il ne s’agit pas ici de la dévoiler plus que ne le fait l’auteur tout au long du roman : Jérusalem cache un indigne secret, un terrible mensonge par omission de Dieu, ce qui en fait une ville maudite. Et comment nous, lecteur éventuellement aussi athée que l’héroïne, pouvons-nous nous intéresser à ces histoires de diable et de bon dieu ?
Soyons honnête : l’auteur semble avoir fort bien documenté son roman et cela constitue un réel pôle d’intérêt : la découverte des manuscrits de la Mer Morte, la lecture des lieux bibliques dans la géographie de Jérusalem…
Mais diable, pourquoi tous ces gardiens de l’ordre, rabbins, curés et imams, ces services secrets israëliens, …, bref tous ces hommes dans le secret de Dieu (ou presque), attendent-ils après cette jeune femme pour sauver le monde ? Notre profonde incompréhension n’a d’égale que celle des motifs pour lesquels elle court aveuglément vers la solution (que bien entendu, elle trouvera). Sans doute, le désir de sauver son père (une métaphore ?) est-il bien mis en avant, et compréhensible. Mais ce désir peut-il suffire à lui inspirer des actes dont la finalité au regard de sa quête, apparaissent comme immensément dangereux et très faiblement efficaces ? Il en est ainsi de sa course dans les souterrains de Jérusalem, qui est sans doute motivée par la conviction qu’il s’agit bien du « lieu » recherché par tous les protagonistes mais dont on voit mal comment sa découverte pourra contribuer à sauver son père qui a été kidnappé.
Le récit cependant suit un rythme assez agréable, la linéarité de la quête étant rompue par des retours en arrière qui nous plongent dans les années ou les siècles ou les millénaires passés. Il met en scène des personnages aussi divers que Jésus lui-même, ou Joseph, Moïse et Abraham, ainsi que les romains envahisseurs ou Hiram, le fondateur de la franc-maçonnerie ; que Napoléon ou Hitler… ; il nous met en contact avec la technologie la plus avancée des services secrets, les drones jouant le rôle d’anges exterminateurs ou d’anges gardiens. Mais nous sommes tout de même un peu las de tourner les pages, de sauter les époques et de ne pas saisir le fil noir de cette satanée enquête. Au fait, qui a finalement sauvé le monde ? l’héroïne ? les services secrets ?
Albertine, 10 avril 2012
Le secret de Dieu
David Lemton
Albin Michel
579 p
23,20 €
15:33 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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