29/05/2012
Comme ton ombre d'Elisabeth Haynes (chronique 4)
Une chronique de Cassiopée.
On les appelle des « pervers narcissiques », ce sont des personnes destructrices, toxiques pour l’intégrité mentale de ceux qu’elles côtoient, manipulatrices, qui entrainent leur victime dans un processus de dévalorisation, de culpabilité, de dépendance à haute dose. Ces gens sont à fuir mais lorsqu’on s’en aperçoit, il est parfois trop tard tant un processus de corrélation s’est installé.
Catherine a rencontré un homme beau, charmeur, séduisant, sympathique, parfois secret tant son travail l’accapare. Toutes ses amies lui envient cette relation avec celui qui semblerait être l’homme (presque) idéal puisqu’en plus il clame haut et fort son amour pour elle. Pourtant, aux premiers temps de leur rencontre, un certain malaise s’installe et elle ne parvient pas à discerner pourquoi.
Son nouvel ami ferait-il partie de ces manipulateurs (appelés désormais le plus souvent «pervers narcissiques»)… Capables d’un instant à l’autre de changer d’humeur, capables de violence pour aussitôt se rétracter, capables de mentir avec un sourire angélique, capables de surveiller les moindres faits et gestes de celles «qu’ils aiment» tout en disant agir pour leur bien ?
Non, il n’est pas comme ça ….Catherine se dit qu’elle comprend ce qu’il souhaite, ce qu’il veut et que ses réactions sont tout à fait compréhensibles…. Ses copines, d’ailleurs, régulièrement, lui rappellent la chance qu’elle a, de cette occasion unique de vivre avec un homme tel que lui donc pourquoi se poser des questions ?
Tout au long de ce roman, nous allons alterner présent et passé.
Présent avec « la reconstruction » de Cathy, essayant de soigner ses TOC (troubles obsessionnels compulsifs), faisant tout pour avancer, ne pas se laisser envahir et ronger par un passé difficile qui l’a amenée à cet état de faits…
Passé avec la découverte de la rencontre de Catherine avec Lee, puis sa relation compliquée ainsi que l’évolution de ses sentiments avec cet homme. Cette partie-là est très bien amenée malgré quelques répétitions. On voit comment leur couple évolue, la place de chacun dans la vie à deux mais aussi avec les autres. Il y a forcément quelques redites, certaines situations ayant un côté répétitif mais l’angoisse augmente, s’installant en nous, insidieuse. On voudrait aider Catherine qui s’interroge et parallèlement, on se demande si elle n’exagère pas, si elle ne se trompe pas. La montée de la paranoïa et les raisons de celle-ci sont remarquablement décrites. Elle a peur, contrôle tout et on doit se faire presque violence pour ne pas être emportée à sa suite, elle nous ferait devenir aussi angoissée qu’elle à ses côtés. … Mais toute la question est là, est-elle déséquilibrée ou pas ?
L’écriture d’Elizabeth Haynes est précise, dure parfois lorsqu’elle évoque des scènes de violence. Elle fouille l’âme de ses personnages, les forçant à dévoiler leur part d’ombre.
Elle adapte très bien le vocabulaire aux situations (ce qu’on peut considérer comme le journal intime de Catherine en est une preuve, elle met des mots crus, chargés de honte et de mépris sur des passages très durs…)
Les quelques longueurs détectées ça et là ne sont pas vraiment gênantes et dans le dernier tiers, tout s’accélère. Même si quelques uns des événements décrits sont un peu prévisibles, c’est un livre prenant que l’on n’a pas le souhait de lâcher une fois commencée.
On se dit que ce qui est expliqué, décortiqué ne peut se vivre que dans les livres….
Mais la réalité est là, frappante, terrible, ce que développe Elizabeth Haynes dans son roman existe bel et bien, pas toujours dans ces proportions mais cela se voit malheureusement….
Et c’est sans doute, ce qui nous rend l’histoire plus « poignante », elle a des accents de vérité dont on préférerait savoir qu’ils ne peuvent pas être …
Cassiopée
Trois autres chroniques ont été publiées sur ce livre :
- Celle de Liliba
- Celle de Wanda
- Celle de Paul
Comme ton ombre. (Into the darkest corner – 2011
Elizabeth HAYNES
traduction de Sylvie Schneiter.
Le Livre de Poche Thriller.
7,60€.
Réédition de Presses de la Cité avril 2011.
15:22 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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