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12/09/2012

Cinq Petits Noirs (saison 2), de Demetz/Sard/ Blocier/Membribe/Prieux

noirs20.jpgUne chronique d'oncle Paul.

 Des Petits Noirs bio et équitables, non décaféinés.

Difficile de déterminer dans cette livraison quel en est le meilleur texte alors que l’inspiration diffère selon les goûts et les aspirations des auteurs.

Le premier à ouvrir le service est dû à la plume de Jean-Marc Demetz et s’intitule Boarding.

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Cathy, dont le narrateur se souvient avec émotion surtout de son « petit castor fendu », Cathy est morte, assassinée avec acharnement. L’identité de l’assassin, le narrateur la connait, un certain Philippe Dupont, né en 1960. Alors il recense les Dupont qui vivent dans l’île et s’y rend régulièrement tous les ans, à la même date. La vengeance est chevillée au corps et dans sa mémoire. Seulement s’attaque-t-il au bon « candidat » ?

Jean-Marc Demetz interpelle le lecteur dès la première ligne : Tu es un futur ex-serial killer. Lequel lecteur se laisse prendre par la main en toute confiance, sauf que Jean-Marc Demetz l’emmène vers un dénouement à double détente.

 

 

 

Hervé Sard, dont on a pu apprécier dernièrement le magnifique Crépuscule des Gueux chez le même éditeur, revient avec une nouvelle que l’on pourrait le saluer en disant Chapeau, qui d’ailleurs est le titre de ce petit opuscule.

Il avait été surnommé Chapeau car il gardait toujours son galure sur la tête lorsqu’il venait déguster son ballon de blanc au café le P’tit tonneau. Midi et soir sauf le dimanche, jour de fermeture. C’était pas un causant Chapeau, presqu’un mutique, hors le vendredi soir où il restait plus tard, se laissant aller, racontant des histoires aux autres clients qui s’en amusaient bien. Surtout l’histoire de Mistinguett ! Tout le monde connait Chapeau, mais personne le connait vraiment, Ce qu’il fait, d’où il vient, où il va. D’ailleurs Chapeau est parti un jour, sans crier gare… noirs22.jpg 

 Hervé Sard aime narrer les histoires des petites gens, de ceux qui sont plombés par l’infortune, mais surtout il sait nous les faire aimer, ces déshérités que l’on rencontre dans la rue et qu’on regarde d’un œil différent lorsqu’on en voit sur le trottoir, ou accroché au comptoir. Car derrière ces « épaves », il y a surtout des êtres humains qui ont souffert, et les braves gens qui pontifient en disant c’est pas pour ça qu’il faut boire, je me demande bien comment ils feraient s’il leur arrivait la même chose.

 

 

 

 

 

 

Si je vous dis Lucille, comme le titre de la nouvelle de Franck Membribe, cela vous fera penser à une célèbre chanson de la fin des années cinquante interprétée par Little Richard, à moins que ce soit un blues de Michel Jonasz, c’est selon l’âge.

 

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Lucille c’est aussi le prénom de la nouvelle déléguée à la culture chargée de coordonner un grand concours de photos organisé par la mairie de Perpignan. Le narrateur, médecin conseil de l’Assurance Maladie, détaché auprès de la caisse primaire des Pyrénées Orientales pour lutter contre la fraude, partage ses passions entre le violoncelle (vieux phantasme de mélomane car l’instrument rappelle le corps d’une femme ?), les voyages et la photo. Comme il a obtenu quelques prix et publié un album, le début de la notoriété, on l’a contacté pour présider le jury. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Lucille, qu’il tombe sous son charme et selon son œil de photographe exercé, il déduit que lui non plus ne lui est pas indifférent. Seulement le jour de l’inauguration, Lucille lui bat froid. Et comme il ne comprend pas pourquoi, notre amoureux se permet une indélicatesse : surveiller son domicile. Et ce n’est pas un jeu !

 

 

 

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 Ligne 13, d’Antoine Blocier, les Parisiens habitués à utiliser le métro connaissent. La ligne Nord Sud, dans un sens, et inversement dans l’autre. Ligne 13, treize comme ce vendredi 13 qui, selon les augures de la publicité vantent la somme astronomique que les gogos peuvent éventuellement gagner en jouant à l’Euromillion. Alors Céline, trente et un ans, a décidé de mettre tous les atouts de son côté pour gagner la somme fabuleuse de treize fois treize millions. A l’autre bout de la ligne, Toussaint, un Antillais qui déteste son prénom, prend le métro après une nuit de labeur. Il est tout le contraire de Cécile. Pour lui, un vendredi 13, c’est signe de malheur. Alors, quel sort sera réservé à nos deux protagonistes ?

Antoine Blocier nous délivre la solution avec ironie, et nous rappelle que les horoscopes aux phrases sibyllines publiés dans les magazines peuvent être interprétés de façon différente selon l’humeur de celui qui croit. Antoine Blocier est aussi l’auteur, entre autres, de Désordre du Temple chez le même éditeur.

 

 

noirs25.jpgEncubé de Frédéric Prilleux, par ailleurs bibliothécaire, grand amateur de Bandes Dessinées, passion qu’il fait partager sur son blog Bédépolar, et écrivain à ses heures avec Michel Pelé (Voir La parabole de la soucoupe) nous offre une nouvelle au titre énigmatique.

Lomax est un collectionneur avisé, mais surtout il est numéro trois du cartonnage industriel, numéro deux mondial de la lame de rasoir, plus quelques autres titres qui gonflent sa carte de visite sur laquelle n’est pas inscrite, mais qui pourrait l’être, toutefois la mention truand. Un coursier lui livre un imposant colis avec une petite carte signée Marcel-André Saint Hubert ainsi qu’un petit mot de l’auteur, mot qui attise la colère de Lomax. Le carton contient un cube de plastique transparent reposant sur un socle doté d’un petit bouton de mise en marche. Comme dans les boites à musique, les objets contenus dans ce cube se mettent à s’animer.

Parallèlement, à Lamballe, une exposition doit être consacrée à MasH, un artiste enfant du pays spécialiste du cube, au grand dam d’un président d’association d’artistes car les tableaux de Mathurin Méheux ont pour l’occasion été relégués au placard.

Fred Prilleux s’inspire probablement de l’arroseur arrosé, je n’en dis pas plus, mais sa nouvelle est un petit chef d’œuvre d’humour noir en condensé.

Maintenant il ne vous reste plus qu’à déguster ces cinq petits noirs, au goût plus ou moins corsé, mais revigorants.

Vous pouvez également visionner la présentation chez Monsieur Krakoen.

Paul (Les lectures de l'oncle Paul)

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