09/10/2012
La mort du scorpion, de Maurice Gouiran (chronique 2)
Une chronique de Thierry.
«La vie est un combat, c’est sûr, mais il ne faut pas se tromper d’ennemi.»
Les Éditions Jigal sont une maison d'édition, basée à Marseille, fondée en 1989 par Jimmy Gallier.
Spécialisées dans le polar et le roman noir, avec des auteurs affirmés comme Maurice Gouiran et Jacques Olivier Bosco, les jeunes Editions Jigal ont déjà reçu de nombreux prix littéraires...largement mérités !
Entre de nombreux autres, en 2003, le Prix Sang d'Encre des Lycéens pour «La Nuit des bras cassés» de Maurice Gouiran et en 2011 le Prix du Premier Roman Policier 2011 et Prix SNCF du Polar 2011 pour «L'été tous les chats s'ennuient» de Philippe Georget.
Fortes d’un catalogue de près d’une centaine de titres, les Editions JIGAL ont tout pour plaire : la découverte et la révélation de nouveaux jeunes (et moins jeunes) auteurs, la réalisation d’un bel «objet-livre» (maquette, couverture...). Bien servi.
Cher lecteur, je vous encourage à vous aventurer dans les nouveaux paysages de l’édition. Comme chez JIGAL, 13ème Note Editions, Gallmeister ou La Tengo.
Cher lecteur, sortez des sentiers (rentiers) littéraires battus et rebattus à longueur d’ondes de chocs médiatiques.
La passion de l’équipe JIGAL porte et remporte ses fruits que le lecteur curieux et gourmand de nouvelles saveurs n’a plus qu’à cueillir : comme ce nouveau Gouiran, «La mort du scorpion».
Seul bémol émis par Gouiran en personne : «Le seul reproche que je formule contre ma propre maison d’édition serait de ne pas avoir encore réussi à me faire avoir le Goncourt !»
Bon, moi, ce que j’en pense du Goncourt...
Ne comptez pas sur moi pour vous le dire !
Par contre, ce que je peux faire pour vous, c’est vous dire tout le bien que je pense de ce nouveau polar là.
Maurice Gouiran est un écrivain français né le 21 mars 1946 au Rove dans les Bouches-du-Rhône. Spécialiste de l'informatique appliquée aux risques et à la gestion des feux de forêts, il a été consultant pour l’ONU et enseigne également à l’université.
Marseille et ses paysages méditerranéens occupent une place de premier choix dans ses polars.
C’est un auteur engagé, enragé qui prend plaisir à «titiller» l’Histoire de ses petites histoires.
Allons-y !
Nous sommes à la Varune chez Clovis Narigon, dit Clo pour les intimes.
A deux pas de la calanque des Pierres Tombées.
Clo vit seul avec son chat Iago et ses chèvres.
Tranquille quoi. Personne pour l’emmerder. Bien bougon.
Se nourrit de sardines à l’huile et de potes pour boire un coup au Beau Bar, le centre du monde à l’heure de l’apéro.
N’a plus trop la force de vouloir changer la vie.
Avant (dans une autre vie) Clo était grand reporter.
Et puis y’a Emma Govgaline. Elle est flic.
«Un modèle de Giacometti au visage d’héroïne de manga.»
En mal d’ amour.
Deux personnages avec lesquels on se sent bien. Toujours ça de pris dans le bouquin.
Six mois qu’ils ne se sont pas vus.
Avant (dans une autre vie) Emma et Clo étaient, hum, comment dire, amoureux, je crois.
V’là Emma qui se rapplique chez Clo avec une vidéo plutôt macabre.
Un Fantômas s’est amusé à se filmer en train de torturer et brûler sa victime.
Le corps calciné a été retrouvé dans une calanque...la calanque des Pierres Tombées. A deux pas de chez Clo.
Clo était tranquille...Avant...
Et nous voilà embarqués dans une drôle d’estomagade (cherchez pas plus longtemps dans votre dictionnaire cinq volumes de Langue Française acheté à crédit sur dix-huit mois, ça veut dire frayeur en marseillais).
Surprenant casting.
Des faux Derain et des vrais truands.
Une aristocrate de la vieille Europe qui lit du Craig Johnson.
Un peintre «branchouille» fils d’une figure héroïque de la French Connexion.
Un milliardaire russe, ex-trafiquant d’armes, ex-KGB qui investit dans la Ligue 1 du championnat français de football.
Un faussaire expert en planche à billets.
Un cadavre plongé dans la fosse des Pestiférés dans la baie de Marseille, vaste faille dans laquelle on a immergé la vaisselle des victimes de la grande peste de 1720.
Un pope qui bénit un commando de la mort en partance pour les massacres de Srebrenica.
Un criminel de guerre en fuite. Si, si ça existe.
Ici Gouiran célèbre Marseille et la peinture : ça sent bon la lavande et la térébenthine.
La mer, la garrigue, les chênes kermès, les argelas, le mistral.
Comme si vous y étiez.
Les dialogues sont baignés dans le pastaga et les mauresques. Plus vrais que nature.
Humour salé aux cacahuètes offert.
Là Gouiran agace et réveille les guerres de Yougoslavie déjà oubliées : ça sent mauvais la haine et l’argent.
Et puis Gouiran nous trimballe de Marseille à New-York en passant par Paris et Belgrade.
Un polar noir colorié par les amours d’Emma et Clo.
Bon en plus je crois bien que je suis tombé amoureux d’Emma.
Désolé Clo !
Un très bon moment de lecture...c’est déjà beaucoup !
Au loin flotte un drapeau noir au scorpion doré...
Le scorpion se nourrit uniquement de proies vivantes...à bon lecteur, salut !
Thierry Cousteix
Sur ce roman : la chronique de Jacques
La mort du Scorpion
Maurice Gouiran
Jigal (10 septembre 2012)
Collection : Polar
248 pages ; 17 €
14:18 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.