08/11/2013
Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire, de L. C. Tyler
Une chronique de Richard
À la découverte de L. C. Tyler ...
Le ton est donné avant l’incipit, avant même le prologue et la dédicace. L’auteur nous avertit:
« Tous les personnages et les faits relatés dans ce livre sont imaginaires. Le passage page 37 où l’éditeur propose de son plein gré à un écrivain d’améliorer les termes de son contrat est purement fictif.»
Avouons également que le titre «Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire» est tout un programme ! Annonciateur d’un plaisir de lecture bien particulier.
Je ne connaissais pas L. C. Tyler; après cette première incursion dans son oeuvre ( ce roman est son deuxième ) j’attends donc avec impatience son prochain roman, dont on connait déjà le titre: «Mort mystérieuse d’un respectable lord anglais dans la bibliothèque d’un manoir Tudor du Sussex.»
Alors entrons dans cet hôtel miteux et assistons à ce huis-clos bien étrange ! Avec le sourire !
Ethelred Tressider est un auteur de polars. Vivant (ou subissant) sa crise de la quarantaine, il disparaît dans la nature. Sans laisser d’adresse, encore moins de mots. Il abandonne tout ! Il s’évanouit tout simplement.
Elsie Thirkettle est son agente littéraire. Un soir, à l’appartement de l’auteur, elle reçoit un appel téléphonique; elle reconnait l’auteur bien qu’il ait changé sa voix. Elle part donc à la recherche d’Ethelred et le retrouve dans un hôtel où se déroule une rencontre de philatélistes réunis à la foire d’un village de la Loire.
Préparant leur retour en Angleterre, leur plan est contré par un événement imprévu: un des participants est assassiné. Tous les occupants de l’hôtel sont réquisitionnés, personne ne peut quitter le lieu du crime. Elsie et Ethelred commencent alors leur enquête en n’utilisant pas toujours des moyens conventionnels. Leur enquête bigarrée n’empêchera pas la curée meurtrière: deux autres personnes passent de vie à trépas.
L’auteur et son agente voient enfin leur rêve poindre à l’horizon. Auront-ils le plaisir de résoudre une série de meurtres comme le faisait si bien le héros d’Agatha Christie ? Réunir tous les participants de ce huis clos et théâtralement, dévoiler le coupable avec emphase et maestria !
Le lecteur suit alors le développement de l’enquête avec intérêt mais aussi avec un sourire constant. Car nos deux héros ne font pas dans la dentelle du sérieux; ils tissent leur toile autour des suspects avec compétence ... et humour. Vous pensez que les deux personnages principaux sont particuliers ? Attendez de rencontrer les suspects ! Vous en aurez pour votre ... argent. Je me retiens de ne pas faire un jeu de mots trop facile et de dire que certains sont carrément timbrés ... je ne le dirai pas. Oubliez ces dernières phrases et régalez-vous des dialogues avec monsieur Davidov; des poursuites avec le «fouinesque» Hebert Proctor; des agissements de la famille diplomatique des Brown. Un véritable et foisonnant enchevêtrement de chassés-croisés !
Comme tout bon polar à l’anglaise, même si la grande majorité de l’action se passe en France, nos deux apprentis enquêteurs interrogent chacun des protagonistes et tentent de déjouer les filets et les pièges laissés par un meurtrier intelligent, créatif et presque sympathique. Jusqu’au moment où il sera découvert ! Of course !
Le roman est truffé de moments plaisants qui alimentent le plaisir de lecture: passages parodiant certains classiques, mises en abyme très réussies, clins d’oeil au monde littéraire et à l’édition. On ne s’ennuie pas une seconde entre l’enquête, plus ou moins sérieuse et l’humour tout à fait britannique de cette comédie policière. L’auteur possède un sens de l’humour efficace. L’alternance des chapitres où Ethelred et Elsie s’échangent la narration, favorise grandement la drôlerie des points de vue différents et l’interprétation de chacun sur ce qui se passe dans cet hôtel miteux.
J’ai très hâte de voir l’évolution de ces deux personnages, le développement de la complicité entre l’auteur et son agente. La capacité de L. C. Tyler à manier le suspense et la comédie et ce, en crescendo vers une finale rocambolesque mais quand même crédible et surprenante, nous donne un roman intéressant, agréable à lire, avec plein de rebondissements. Un plaisir de lecture !
Je vous le recommande donc ... avec le sourire !
Et voici quelques extraits:
«Pour se faire assassiner, les hommes et les femmes choisissent des méthodes très différentes.»
«Les écrivains se leurrent souvent sur tout ce qui est sensé englober leur «travail»: effectuer des recherches sur Internet en quête de références à leur personne, vérifier leur classement sur Amazon, s’occuper de leur blog, faire du café. J’avais effectué quelques-unes de ces tâches. Je travaillais.»
Avec toute la grâce d’Elsie ...: « Je me mis en pyjama. C’était plus le genre douillet que celui qu’on enfile pour séduire Brad Pitt, mais comme il ne semblait guère probable que l’acteur se pointe, je pouvais risquer la ceinture élastique et l’imprimé de lapins roses.»
Et faisant partie des commandements d’Elsie sur l’édition et la littérature: « ... les romans écrits par des auteurs de deuxième, voire de troisième zone, coûtent aussi cher que ceux écrits par des écrivains de premier choix. Bizarre quand on y pense.»
Bonne lecture !
Richard, Polar Noir et blanc
Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire
L. C. Tyler
Sonatine,2013
278 pages; 18 €
09:46 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tyler, homicides, hôtel, miteux, bord, loire, sonatine | Facebook | |
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