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01/10/2014

L’assassin est à la plage, d’Arlette Aguillon (chronique 2)

 assassin-plage_aguillon.jpgUne chronique de Cassiopée.

 L’écriture, c’est de l’image et de l’émotion en conserve : tu ouvres la boîte et le parfum intact te saute à la figure.*

 Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas… Mais lorsque je serai en retraite, j’ai bien envie de commencer une collection de photos de ronds-points…

Certains sont très originaux et racontent presque une histoire…

Mais, maintenant que j’ai lu le roman d’Arlette Aguillon, je me demande si je ne vais pas changer mon fusil (ou plutôt mon Canon (excusez le mauvais jeu de mots)) d’épaule.

Bref, tout est histoire de regards, finalement…. Si je photographie de loin, je ne m’expose pas à de mauvaises surprises…

 Désopilant et décapant, ce roman est une véritable bouffée d’oxygène. C’est un savoureux cocktail d’enquête policière et de description d’un coin du Sud habité de personnages truculents, se trouvant dans des situations multiples, plus ou moins cocasses, mais toutes retranscrites avec un langage qui sent bon la vie et un à propos de bon aloi. Car avouons-le, on rit, on jubile au contact de Maxime qui raconte (en italiques dans le texte) en commençant par la page deux (les romans, c’est comme les chroniques de livres, le plus difficile, c’est le début). Donc, on suit les réflexions et l’intrigue vues par le jeune journaliste et en parallèle, on lit également le récit, plus conventionnel d’un narrateur extérieur. L’alternance des deux est un régal à consommer sans modération.

 Les protagonistes sont surprenants et restent tout à fait crédibles, ce qui est le fait d’un enchainement des scènes et des rôles de chacun tout à fait justifiés. Et pourtant, vu de l’extérieur, ce n’est pas si simple. Maxime, jeune chômeur, lettré (les références littéraires sont nombreuses et bien amenées) qui aimerait être embauché au journal « Le Réveil », pourrait donner l’impression d’être le plus facile à « camper ». Mais que dire de Madeleine, cette femme âgée, fortunée, qui a le sens de la répartie et ce cette très jeune Jasmine, surdouée dans un corps de bébé ? Laquelle des deux va faire son « quatre heures » de Maxime ? Et puis, est-ce bien raisonnable ? C’est là que tout l’art de l’auteur se fera sentir. Elle décortique à travers des regards croisés les relations de Maxime avec ces deux femmes (bien que Jasmine n’en soit pas totalement une) et tout cela est intéressant et réel, bien analysé (sans excès de psychologie ouf, Freud n’a pas débarqué…)

Ceux qui sont en second plan n’en sont pas moins captivants et ne sont pas aussi « lisses » qu’il y paraît. C’est avec bonheur que le lecteur découvrir quelques secrets d’alcôve….plus ou moins nets….

« Pour  conserver sa saveur, un secret crapuleux doit se distiller de bouche à oreille, goutte à goutte, comme une essence aromatique. »

 Je pense qu’Arlette Aguillon a dû avoir beaucoup de plaisir à écrire ce roman décoiffant. Il est bien sûr classé en collection « suspense » chez Archipel mais il mérite une mention spéciale pour le bon moment qu’il fait passer au lecteur.

 * page 43

 

Une autre chronique sur ce roman.

Entretien avec Arlette Aguillon.

L’assassin est à la plage
Arlette Aguillon
Éditions Archipel (18 juin 2014)
430 pages

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