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13/02/2015

Les nuits de Reykjavik, d'Arnaldur Indridason

nuits_de_reykjavick.pngUne chronique d'Albertine.

 Voici Erlendur jeune policier débutant assigné à la circulation.  Il va s’emparer de deux affaires qui n’en sont pas (l’une classée, l’autre non résolue), sans mandat, sans même parfois avouer sa profession de policier pour conduire ses entretiens.

 La première concerne un clochard retrouvé noyé dans une tourbière. Son  taux d’alcoolémie conduit la maréchaussée à classer l’affaire sans suite. Personne ne peut s’intéresser à une pareille histoire !

Sauf que... ce clochard Hannibal et Erlendur ont eu l’occasion de se rencontrer au cours des patrouilles nocturnes du policier dans Reykjavik. Ils se sont parlé de ce dont on parle quand les deux protagonistes sont un clochard et un flic . Sauf que...vient un jour où Hannibal renverse la situation d’aide compassionnelle dans laquelle se trouve Erlendur, s’intéresse au jeune policier et finit par lui dire : « Quelle faute tu essaies de réparer ? ». Ils sont deux frères de détresse, c’est ce que conclura Hannibal, en comprenant qu’un évènement grave a gâché la vie d’Erlendur : « Dans un sens, vous êtes aussi exclu que moi de cette société, déclara le clochard après un long silence »

Les raisons de cet intérêt d’Erlendur pour le clodo ne nous sont révélées que tardivement dans le récit, après que nous apprenions la nature de ce terrible évènement survenu dans la vie d’Erlendur : la disparition de son jeune frère dans la montagne. Et c’est  comme une réplique de l’évènement familial qui a jeté Hannibal hors de la société.

L’autre affaire qui conduit Erlendur dans ses investigations concerne une jeune femme disparue au moment où Hannibal est mort, et à proximité de la tourbière où il a été retrouvé noyé. Rien d’autre que cette concomitance et cette proximité ne relie les deux affaires. Mais Erlendur tissera les liens nécessaires à travers les dizaines d’entretiens qu’il conduit avec les uns et les autres, sans filet, sans mission officielle.

 Sa ténacité à chercher et comprendre est aussi forte que le vague-à-l’âme qui semble l’habiter. Il est comme un navigateur sans boussole dans sa vie privé, totalement à côté de la réalité notamment avec sa petite amie ; mais il garde précisément le cap sur ses deux « affaires » qui n’en sont pas.

 Pourquoi Indridason fait il ainsi un retour sur les débuts professionnels d’Erlendur ? Est ce pour nous confirmer que la vocation policière et le style d’Erlendur sont déjà-là, liés dès l’origine à la disparition de son frère, longuement traitée dans un précédent roman  Etranges rivages  ?

En tout cas, Erlendur débutant semble déjà vieux d’une longue et douloureuse expérience, comme on peut l’être quand on est poursuivi sans espoir de rémission par un souvenir culpabilisant.

 Encore une fois l’humanité de ce personnage nous émeut, nous étonne, nous séduit. Le roman d’Indridason ne nous lâche pas...

Albertine, Marseille février 2015

Les nuits de Reykjavik
Arnaldur Indridason
Editions métailié, Paris, 2015

 

 

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