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09/04/2017

Stabat Murder, de Sylvie Allouche

 stabat_murder.jpgUne chronique de Jacques

Stabat Murder, un thriller Jeunesse placé sous le signe de la musique classique

Ce thriller que nous proposent les éditions Syros Jeunesse est une plongée dans le monde de la musique classique, et plus particulièrement dans celui des étudiants musiciens qui aspirent à une carrière de soliste, ou souhaitent plus simplement transformer leur passion leur métier.

Un thème qui ne pouvait que me plaire. En effet, et c’est le regret de ma vie, même si j’aime la musique, je ne suis pas musicien. Certes, je gratouillais vaguement la guitare pendant mes années adolescentes en espérant vainement que les filles apprécieraient mes prestations à leur juste valeur, mais je dois avouer que – dans le meilleur des cas – les prestations en question avaient plutôt tendance à les faire sourire avec une certaine pitié !  Malgré cela,  ou peut-être à cause de cela, cette histoire de quatre adolescents, musiciens talentueux et amis de longue date qui préparent depuis trois ans un concours prestigieux au Conservatoire national supérieur de musique, avait tout pour me séduire.

D’autant que les quatre en question, Mia, Sacha, Matthis et Valentin, disparaissent mystérieusement et, sans que l’on sache comment ni pourquoi, se retrouvent prisonniers dans une sorte de pièce cubique, plongés dans une obscurité totale. C’est en tâtonnant qu’ils vont trouver nourriture et boisson en quantité juste suffisante pour les maintenir en vie. Leur incompréhension et leur détresse sont totales. Là, avec le recul que m’a donné bien malgré moi la vie, je me suis dit qu’être un virtuose du violoncelle ou du piano pouvait se révéler parfois sacrément dangereux : la médiocrité est une chance qu’il faut savoir apprécier à sa juste valeur !

Reste que j’ai été titillé par des questions bien naturelles, que vous devez également vous poser : qui les a enlevés ? Et surtout pourquoi ? Comment nos sympathiques jeunes gens vont-ils résister à la terrible pression psychologique qu’ils subissent sans rien comprendre de ce que veut (ou veulent) leur(s) ravisseur(s) ?

Dans ce polar/thriller, les relations interpersonnelles ont une importance centrale : celles qui lient les élèves et le charismatique professeur sont décrites avec finesse, mais aussi les relations amoureuses ou amicales des quatre jeunes gens ou celles entre les parents et leur enfant qui postule au concours. Quelle somme de sacrifices personnels ou familiaux est nécessaire pour enfin toucher à la consécration suprême, celle qui leur permettra d’envisager une carrière internationale ? C’est une question qui est en filigrane dans chaque chapitre et qui donne à ce roman toute sa profondeur.

D’entrée de jeu nous retrouvons la bande des quatre dans le fameux « cube » et nous observons leurs réactions en même temps que nous apprenons à les connaître mieux. Nous suivons l’inquiétude de leurs familles et de leurs amis, mais aussi l’enquête de la police dirigée par la commissaire Clara Di Lazio, aussi compétente que pétrie d’humanité. Une enquête, qui se déroule – entre autres lieux – au Conservatoire, et nous permet ainsi de mieux comprendre le travail acharné qui est nécessaire pour présenter un tel concours et l’incroyable motivation qui doit être la leur s’ils veulent réussir dans ce milieu.

Sylvie Allouche est une auteure jeunesse. Cela se traduit par une écriture incisive sobre et efficace, les phrases très courtes donnent du rythme au roman et obligent l’auteur à choisir les détails essentiels au détriment de l’accessoire, de ce qui est inutile au bon déroulement du récit.

« Clara a une demi-heure devant elle, elle en profite pour joindre la mère de Matthis et la sœur de Sacha. (...) Depuis l’intervention de Laurent Sabonès au 20 heures, les journalistes commencent à rôder près du conservatoire. Si seulement l’un d’eux faisait vraiment son job, pense-t-elle. Un travail d’investigation qui m’aiderait, me mettrait sur une piste valable. Je suis preneuse. Oui, j’en suis là et je n’ai pas honte, se persuade-t-elle. Mais non. Maintenant ils se contentent d’attendre comme des rapaces, micros tendus vers des bouches muettes, recueillant des miettes d’infos qu’ils feront tourner en boucle sur leur chaîne ».

Quelques indices, égrenés ça et là, permettent de nous forger une opinion sur les raisons de cet enlèvement collectif et les motivations qui le sous-tendent. Ils font partie du jeu en suscitant chez le lecteur le plaisir d’avoir deviné les ressorts de l’intrigue ou à l’inverse celui d’être surpris par un dénouement inattendu. Ceux qui vont lire ce livre choisiront leur camp.

Stabat murder
Sylvie Allouche
Editeur : Syros Jeunesse (mars 2017)
 304 pages
Collection Hors-Série


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