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03/06/2017

Le diable n’est pas mort à Dachau, de Maurice Gouiran (chronique 2)

le_diable_nest_pas_mort_a_dachau.jpgUne chronique de Cassiopée

Comme un boomerang…..

Comme un boomerang qui démarre dans le présent, part dans le passé et vous revient en pleine face ici et maintenant …. Vous appelant à la vigilance, vous obligeant à ne pas faire l’autruche, à ne pas oublier, à ne pas laisser faire…. C’est un roman certes, mais pas que… C’est un plaidoyer pour la vie, pour rester attentifs et empêcher les dérives, pour agir et pour parler car se taire… c’est cautionner…

Maurice Gouiran ne parle pas ou peu, on ne trouve pas des entretiens partout, sur la toile, avec lui mais il écrit et bon sang qu’il écrit bien ! Il vous construit une intrigue autour de faits du passé qu’il ressort l’air de rien, comme ça…Et là, vous vous dites : non, mais il est Marseillais, il doit en rajouter et paf le boomerang, que nenni, il n’invente rien, c’est du pur, du dur, il n’y a qu’à voir la bibliographie en fin de recueil pour comprendre que l’homme pèse ses mots, agence avec intelligence et doigté tout ce qu’il vous apprend ou vous rappelle, des fois que…vous ayez mis la tête dans le sable….Et vous ne pouvez pas faire autrement qu’établir le parallèle avec le présent et ….là, vous prenez peur et vous pensez qu’il faut agir….(un conseil : n’attendez pas son prochain livre, bougez vous tout de suite !).

C’est ce que j’aime chez lui, cette apparente facilité à parler d’événements graves, enfouis, tus en partie,  de temps à autre cachés, déformés par les autorités qui savent manipuler les médias…. C’est impressionnant. J’ai parlé avec mes parents d’une des situations présentées et il s’en souvenait très bien …. et ils n’avaient pas cru aux réponses officielles qui avaient été données…

Dans ce dernier opus, on se retrouve en 1967, dans un village français où revient Henri Majencoules,  un illustre mathématicien qui est du pays. Il est là pour les funérailles de sa mère mais ne souhaite pas s’attarder. Sa vie, maintenant, elle est de l’autre côté de l’Océan, en Californie où le quotidien est si différent. Libertinage, drogue, sexes, les mœurs ne sont pas les mêmes là-bas.  Il n’a pas grand-chose à dire à son père et a du mal à trouver des sujets de conversation avec ses anciens amis restés sur place. Il apprend qu’une famille d’américains avait élu domicile dans la région. Ils ont été assassinés et les suppositions vont bon train.  Henri rencontre un journaliste, qui est là pour couvrir l’affaire, ils se sont connus au lycée. Ils vont décider de s’entraider, l’un pouvant se renseigner auprès des habitants ce qui permettra à l’autre d’exploiter les informations recueillies.  Et puis, cela occupera Henri pendant son séjour… Ils ne se doutent absolument pas de ce qui va être déterré…..

Si je vous parle de programmes secrets de la CIA : opération Paperclip, MK Ultra, médecins nazis devenus citoyens américains, ça vous parle ? Et ce n’est qu’un aperçu.  Par des bonds dans le passé, en 1943, Maurice Gouiran nous remémore des actes ignobles. Il nous décrit en quelques phrases couperet Dachau er d’autres lieux tout aussi dangereux où vivre n’existe plus car il s’agit de survivre et à quel prix ? Accepter un pacte avec le diable pour sauver sa peau ?  Bien entendu tout cela est habilement mis en lien avec le présent et parfaitement intégré au texte.

L’auteur analyse sans juger, sans se poser en donneur de leçons. Il vous offre la possibilité d’ouvrir les yeux en vous mettant entre les mains un récit, sous une forme romancé, qui ne peut que vous faire poser des questions. On se souvient alors des droits mais aussi des devoirs de chaque être humain et le mot humanisme prend tout son sens…

Je suis totalement sous le charme des recueils de cet écrivain. Il me bouleverse, il me laisse le cœur en vrac à chaque fois. Il bouscule mes certitudes, et il me fait avancer car je ne peux que partager encore et encore ce qu’il évoque afin que rien ne tombe dans l’oubli….

 

Le diable n’est pas mort à Dachau
Auteur : Maurice Gouiran
Éditions : Jigal (Mai 2017)
ISBN : 978-2-37722-009-0
216 pages

Quatrième de couverture

Lorsque Henri Majencoules, un jeune mathématicien qui travaille en Californie sur le projet Arpanet, revient à Agnost-d'en-haut en 1967, son village natal focalise l'attention de tous les médias du pays : une famille d'Américains, les Stokton, vient d'y être massacrée. Imprégné par la contre-culture qui bouillonne alors à San Francisco – du Flower Power à la pop musique et de l'été de l'amour au LSD –, Henri supporte mal le silence oppressant de la terre de son enfance. Mais avec l'aide d'Antoine Camaro, son ami journaliste, il va tenter d'en savoir plus sur ce Paul Stokton, son épouse et sa fille assassinés.

 

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