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17/02/2018

Rue des Fantasques, de André Blanc

rue-des-fantasques.jpgUne chronique de Cassiopée

Avez-vous déjà entendu parler du marché « des droits à polluer » ? Le but est, sur le papier, de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Présenté comme cela, on a l’impression que c’est une bonne chose. Chaque entreprise a un quota (une tonne de CO2) qui lui est alloué. De plus, si elle dépasse, elle paie en achetant « un droit à polluer ». Les mauvais élèves sont donc taxés et les bons félicités….. Mais il faut acheter « le droit à polluer » au voisin très sage qui consomme moins…. Et voilà comment est né le marché de la taxe carbone….
C’est en revendant à différents investisseurs « des droits à polluer » que Mara, redoutable joueuse d’échecs, a fait fortune. Comme tout joueur, elle sait anticiper, manipuler et gagner….. jusqu’au jour où elle tombera sur plus fort qu’elle….


Le commandant Farel sera-t-il celui qui lui fera baisser l’échine ? Qui la coincera et la mettra échec et mat ? Encore convalescent, à peine remis d’un tir de sniper qui lui a valu d’être aux portes de la mort, son esprit n’en reste pas moins vif et acéré, analysant comme au travers d’une caméra infra rouge ce qu’il voit et ce qu’il ne voit pas…. Il est là, presque silencieux parfois, mais doté d’une aura qui le démarque des autres. Il sait tirer parti de ce qu’il observe, des comptes rendus de ses coéquipiers et de chaque regard porté par sa fidèle Maud sur les faits qu’il décortique. Elle aussi, elle est encore fragile car elle a également failli mourir. Mais curieusement, avoir frôlé le passage sur l’autre rive, leur a donné une force supplémentaire. Non seulement dans ce qui les unit (et qui est remarquablement bien décrit par l’auteur : l’amour transpire dans ce que vivent ces deux-là) mais également face aux situations épineuses qu’ils doivent démêler. Comme les hommes ou les femmes qui n’ont plus rien à perdre, leurs sens sont exacerbés, leur perspicacité est décuplée, et il sont très fins dans leurs déductions….

Farel a été dépêché sur les lieux (à Lyon) d’une mort pour le moins suspecte, une femme, blessée par balle, a été défenestrée. L’affaire n’est pas simple et rapidement, il va se rendre compte de l’implication de quelques hommes politiques, du maire, de certains de ses proches. Et bien sûr, il dérange car il creuse, il fouille, faisant jouer ses connaissances, ses relations, n’hésitant pas à prêcher le faux pour savoir le vrai, il n’ a de cesse de trouver la vérité …..
J’ai aimé l’importance du quartier lyonnais que je visualisais parfaitement, et cette rue des Fantasques qui serait presque un personnage à part entière. Les descriptions m’ont donné l’envie d’aller y faire un tour…..

André Blanc ne déroge pas à ses habitudes. Il n’hésite pas à mettre au jour des accords douteux, à remuer ce qui ne sent pas forcément bon, à semer le doute dans l’esprit du lecteur qui est alors obligé de se poser les bonnes questions…. Est-ce que ce qu’il évoque existe réellement et que faire, que dire, comment agir, lorsque les hautes sphères de l’état sont impliquées ?

Porté par une écriture au cordeau, très vive, assortie de dialogues intéressants, son récit aux nombreuses ramifications est complet. Rien n’est laissé au hasard dans l’enquête, tout est cadré, analysé, disséqué et Farel nous fait découvrir des aspects de la taxe carbone, de la politique, et de la police qui nous rappellent que la naïveté n’est plus de mise de nos jours. Une grande partie de notre quotidien est régi par magouilles et compagnie, au grand dam des gens honnêtes. Dès que l’on gratte du côté des politiques, hum, hum, …..

C’est un roman passionnant, édifiant, obligeant le lecteur à aller plus loin que la simple intrigue et c’est une des grandes forces de l’auteur : nous mettre en face de la réalité même si elle n’est pas toujours belle à contempler…


Rue des Fantasques
Auteur : André Blanc
Éditions : Jigal (Février 2018)
264 pages
ISBN : 978-2-37722-032-8


Quatrième de couverture

« Les perles du collier, entraînées dans un sillon de sang et d’eau de pluie, englouties par la bouche d’égout, seront vomies dans le fleuve purificateur après un voyage dans les entrailles de la ville. » Par une nuit pluvieuse, le commandant Farel, chef de groupe de la BRB, se penche sur le cadavre d’une femme tuée par balle et qui a apparemment fait le saut de l’ange depuis le 7ème étage d’un immeuble de la rue des Fantasques. En remontant la piste de ce qui semble être un contrat, Farel fait sortir du bois quelques personnages sulfureux dont une redoutable femme d’affaires, quelques uns de ses nombreux amants, plusieurs mafieux géorgiens et, entre autres, un ministre en exercice… Grand banditisme, arnaque à la taxe carbone, banques maltaises, réseaux criminels, qui tire les ficelles de tout ce beau monde ? Des comparses abattus, des serments trahis et une course poursuite dans le gigantesque réseau souterrain de la ville obligeront Farel à révéler au grand jour les dérives de ceux qui nous gouvernent.

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