26/02/2018
Jaune soufre, de Jacques Bablon
Une chronique de Cassiopée
Si les titres de Jacques Bablon mettent les couleurs à l’honneur, le contenu, lui, est plutôt sombre.
Dans son dernier roman, on rencontre des cabossés de la vie, ces gens qui en ont vu de toutes les couleurs (justement on en parlait ;-) et qui rebondissent plus ou moins bien, comme ils peuvent, en fonction des rencontres, du chemin parcouru, de leur passé, de leurs espérances, de leur vision de ce que l’existence peut leur offrir ou leur refuser…..
Ils sont plusieurs dans ce recueil à apparaître au gré des pages. Parfois, on se demande comment ils vont finir par se croiser, quels liens vont les rapprocher, s’ils vont se rencontrer pour le meilleur ou pour le pire…. Parce que dans le quotidien que nous présente l’auteur, il y a rarement de juste milieu, ses protagonistes sont des gens entiers, au caractère bien trempé, qui ne s’embarrassent jamais de fioriture. C’est cash, comme ce qu’il décrit. Comme son écriture, pan, des phrases courtes qui font tilt, qui frappent au cœur, à la tête comme autant d’uppercuts, comme autant de coups de poings, de coups d’éclats qui font voler le monde tranquille en morceaux ….. J’aime ce style inimitable de cet auteur qui va à l’essentiel en peu de mots, comme pressé par l’urgence de raconter, de tenir un journal de bord des faits, des événements, avant que quelque chose ne se mette en travers…. Et on s’aperçoit que même en allant vite, et bien, de temps à autre, le destin s’en mêle et sème le bazar dans un quotidien qui aurait pu rester bien huilé. J’apprécie aussi sa façon de présenter des mondes diamétralement opposés comme celui de cette musicienne classique face à Rafa, qui ne connaît rien de ce milieu. J’ai trouvé magnifique la façon dont l’auteur amène les morceaux de Brahms dans l’univers de Rafa.
« Horreur, un musicien mort ! A quoi peut ressembler sa musique ? [….] En plus, c’est triste, ça glace le sang. […], une musique qui pousse au suicide. »
Et puis, petit à petit, Rafa semble apprivoiser les airs, les laisser se faufiler en lui et il adopte même le vocabulaire musical lorsqu’il parle des sirènes de police dont le son va « decrescendo »….
Lire Jacques Bablon, c’est accepter d’être bousculé, de voir « l’autre face de tous les jours ». Les oubliés de la société qui rament pour trouver un boulot, les abandonnés, les mal-aimés, les incompris, les laisser pour compte ….Tous ces gens à qui ils donnent la possibilité de s’exprimer sans pathos, sans voyeurisme, avec leur franc parler, leur dégoût de temps en temps mais aussi leur espérance….Parce que, dans tout ce noir, elle est là, tenace, la petite fleur espérance : quelques notes d’un quatuor ou d’un quintette, quelques framboises posées sur un rebord de fenêtre…….
Lire Jacques Bablon, c’est savoir que lorsqu’on commence le premier chapitre, on ira tellement à l’essentiel, que l’on ne pourra plus s’arrêter. Lire et encore lire pour les accompagner, tous, pour leur insuffler un peu de notre force, un peu de notre optimisme parce que demain est un autre jour et qu’après la pluie, il y a le plus souvent un arc-en-ciel coloré, beau et porteur de lumière…..cet éclairage qui vient du ciel et qui redonne de la couleur à la vie…..
Jaune Soufre
Auteur : Jacques Bablon
Éditions : Jigal (Février 2018)
ISBN : 978-2377220304
193 pages
Quatrième de couverture
D'un côté il y a Rafa pour qui le boulot se fait rare et qui, diplôme en poche, se voit contraint d'enchaîner des jobs merdiques. Avec sa chance insolente, il est même possible qu'une bande de cons viennent braquer la caisse de la station-service où il bosse... De l'autre il y a Warren, parti à l'autre bout du pays sur une moto volée à la recherche d'une petite soeur qu'il n'a jamais vue.
18:16 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jaune soufre, jacques bablon | Facebook | |
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