20/02/2019
Demande à la savane de Jean-Pierre Campagne
Il n’est pas gros, il n’est pas long et pourtant il pèse lourd ce roman. Des chapitres brefs, une économie de mots, des termes choisis et en quelques lignes une situation décrite avec ce qu’il faut d’indications pour que son « cliché » s’imprime sur votre rétine et dans votre esprit. L’auteur est grand reporter en Afrique alors il sait aller à l’essentiel, sans s’embarrasser de fioritures, en vous obligeant à vous poser les bonnes questions. Comme dans un reportage où tout n’est pas toujours dit, il esquisse les contours, plante les actions, le reste n’est pas utile, vous avez déjà tout compris.
On est en Afrique, il fait chaud. Cœur Léger, dont le père était maasaï, a laissé son boulot de flic pour prendre une licence de privé. Séparé de son épouse, il a un fils Zorro. Avec son amie Jane, reporter au Daily Nation, ils partent enquêter sur un massacre d ‘éléphants dans un parc et vont se retrouver face à l’horreur : des enfants assassinés dans un pensionnat. Qui, pourquoi ? Que s’est-il passé ? Y-avait-il des complices ? Cœur léger veut trouver les tueurs, il ne laissera pas ce crime impuni.
L’auteur nous présente une Afrique corrompue, triste, brutale, où les hommes manipulent, trichent, oubliant la tolérance et le respect. Quand on découvre que certains enfants somaliens sont embrigadés, drogués ….on se demande comment les aider, les sauver….ça fait froid dans le dos…… Les protagonistes sont peu nombreux, campés rapidement pour qu’on les connaisse. De temps en temps, une petite information pour mieux les cerner….et c’est suffisant.
C’est un recueil surprenant tant les phrases elliptiques quelques fois peuvent donner un tempo qui paraît haché mais c’est ce qui fait tout le charme du récit ! C’est sec, violent, mais terriblement addictif. Vous prenez en pleine face la détresse des uns, la colère des autres, la maladresse de ceux qui restent démunis …. Et vous n’avez envie que d’une chose, que cela reste un récit fictif parce que si c’était vrai, tout cela, si c’était vrai ……
J’ai énormément apprécié cette lecture atypique mais rayonnante. Ce qui est évoqué est lié à l’actualité, parfois brûlante de ce continent. Jean-Pierre Campagne en parle avec intelligence sans nous asséner son avis, il laisse le lecteur s’imprégner des images, des odeurs, des bruits, de la chaleur moite qui met le corps à mal, l’obligeant à accepter les mots qui bouleversent, qui font mal ….qui percutent et résonnent encore une fois la dernière page tournée …
Éditions : Jigal (15 Février 2019)
152 pages
Quatrième de couverture
Alors que, nuit et jour, Nairobi feule de plus en plus fort, Coeur léger, policier sans police, et son amie Jane, brillante reporter au Daily Nation, partent dans le Samburu Park au nord du Kenya, enquêter sur un nouveau massacre d'éléphants. C'est alors qu'ils tombent sur un carnage d'un tout autre genre : celui d'écoliers d'un pensionnat en lisière du parc, assassinés par un groupe armé venu de Somalie.
23:18 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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