03/11/2019
Rien que pour moi, de J. L. Butler (Mine)
Une chronique de Cassiopée
Parfaitement huilé, ce roman nous entraîne à Londres dans le milieu des affaires et de la justice. Francine est une avocate ambitieuse, qui pourrait même postuler pour « la soie » (c’est-à-dire pour avoir le titre honorifique de « conseiller de la Reine »), c’est dire si elle est brillante. On vient d’ailleurs de lui confier le divorce d’un client richissime dont la femme espère une grosse part de la fortune amassée au fil des années. C’est pour cette affaire que Francine rencontre Martin Joy, le financier, il ne veut pas se faire « plumer » par celle avec qui il est marié et compte sur « Fran » pour limiter les dégâts. Dès les premiers instants, elle tombe sous son charme et une alchimie particulière, indescriptible s’installe entre eux. Oubliant tous les codes de la déontologie ils tombent amoureux et commencent une liaison.
En lisant le début de ce recueil, j’avais envie de secouer Francine et de lui dire « Non mais ça ne va pas la tête ? Tu mélanges tout ! » mais bon, c’est son choix, sa vie… Elle est parfaitement exaspérante dans ses décisions, ses comportements mais on comprend mieux lorsqu’on apprend qu’elle est bi polaire et qu’elle ne prend pas régulièrement son traitement (est-ce bien sérieux quand on a un métier comme le sien ?). Soudain, coup de tonnerre, Donna, l’épouse, disparaît et au bout de quelques jours, une enquête est diligentée. Est-ce un assassinat, une disparition volontaire, un accident ? En toute logique, le conjoint est soupçonné et l’aventure avec sa défenseuse ne va pas arranger les choses (parce qu’évidemment, quand on veut se cacher, tout finit par se savoir…)
La société de Martin est dirigée, à parts égales, par un associé qui, bien entendu, ne veut pas de « mauvaise publicité », (ça ferait désordre …) avec tout ce que subit son collaborateur et il préfère se tenir à distance. Ce collaborateur est un ami, leurs femmes sont copines…. Est-ce une réalité ? Une « vitrine » pour le côté marketing ? Sur qui Martin peut-il compter ? Et si les faits rejaillissent sur Francine et sa carrière, sur qui pourra-t-elle s’appuyer ? A qui faire confiance lorsque la mémoire s’effiloche sous les médicaments et qu’on n’est pas sûr de ce qu’on a fait ?
Les faits surprenants s’accumulent, la vérité d’une page n’est pas celle de la suivante et le lecteur, lui-même, ne sait plus à quel saint se vouer. C’est déstabilisant et très bien fait. L’écriture (et la traduction) est accrocheuse, le rythme soutenu, les rebondissements bien pensés. Francine est une femme qui devait être en manque d’amour. Elle a l’impression de le trouver et son attitude n’est plus du tout dans la raison, seul le besoin de se sentir désirée l’anime. Et comme en face d’elle, se trouve un homme qui adore fait le joli cœur… C’est un couple irritant d’égoïsme et c’est très bien décrit par l’auteur. Cela nous change de ne pas avoir des protagonistes attachants. J’ai trouvé que c’était une bonne idée et que ça sortait des standards du genre. Au-delà de la part d’ombre qu’on peut trouver en chacun, le fait que les personnages soient agaçants oblige celui qui lit à prendre du recul pour rester uniquement sur les événements en étant le plus objectif possible, sans se focaliser sur les réactions ou les traits de caractère et c’est un excellent exercice !
C’est une lecture plaisante où rien n’est évident, on sent que tout peut arriver n’importe quand. Pour ma part, je n’ai pas vu le temps passer et j’ai trouvé l’intrigue bien construite.
Traduit de l’anglais par Caroline Nicolas
Éditions : Sonatine (7 Novembre 2019)
502 pages
Quatrième de couverture
Tout commence comme dans un conte de fées. Ambitieuse avocate à Londres, Francine Day tombe folle amoureuse de son nouveau client, Martin, un banquier d'affaires qui l'a engagée pour s'occuper de son divorce. L'attraction est réciproque, c'est le début d'une aventure clandestine. Mais lorsque Francine engage un détective privé pour suivre Donna, la femme de Martin, afin de préparer son dossier, elle s'aperçoit que son amant ne lui dit pas toute la vérité.
13:31 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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