12/09/2020
La remplaçante, de Michelle Frances (The Temp)
Une chronique de Cassiopée
Carrie et Adrian sont mariés et travaillent ensemble pour une société de production mettant en scène des séries. Elle est productrice et il est scénariste. Les séries ont le vent en poupe, c’est indéniable mais il faut sans cesse se renouveler. Adrian a gagné un BAFTA (BAFTA Awards organisées par la British Academy of Film and Television Arts, équivalent d’un Oscar pour les séries télévisées) et il est important qu’il reste en « haut », en trouvant de nouvelles idées. C’est un univers pas du tout tendre, la concurrence est rude entre les différents promoteurs, chacun essayant d’attirer les meilleurs scénaristes, les acteurs les plus cotés etc…. Chacun est obligé de travailler sans relâche pour garder sa place, ne pas être oublié, voire remplacer…. C’est pour cela que jamais Carrie et Adrian n’ont envisagé d’être parents. Leur carrière et leur réussite suffisent à leur bonheur. Mais il s’avère que Carrie attend un enfant, événement assez improbable à quarante-deux ans….. Elle décide de garder le bébé et informe son époux, pas vraiment prêt, ni ravi d’être Papa.
Pendant son congé maternité, même si Carrie souhaite suivre au maximum les dossiers à distance, elle va devoir se faire remplacer. C’est Emma qui est embauchée. Elle semble parfaite, à l’écoute, créatrice, intelligente, discrète et intuitive, proposant même d’excellentes idées pour améliorer des scènes, un texte etc…. Une perle …. Mais quand tout est trop parfait, il faut se méfier…. Emma est prévenante avec Carrie mais on sent que cette dernière se pose des questions. Le lecteur également, en découvrant que le CV n’a pas été tout à fait honnête, qu’elle n’est pas « claire »…. A partir de là, très vite, on rentre dans le vif du sujet, dans un roman qu’on ne lâche plus. On s’aperçoit que finalement, chaque protagoniste cache quelque chose, qu’il a une part d’ombre. J’ai particulièrement apprécié cet aspect du récit, parce que, dans la réalité, c’est la même chose, personne n’est parfait ou alors ça se saurait !
Michelle Frances a particulièrement travaillé son intrigue. Les caractères sont bien explorés ainsi que différents aspects des relations humaines. Des thèmes divers sont abordés : la jalousie, le mensonge, l’empathie, les secrets de famille, la maternité, la vie de couple, la reconnaissance professionnelle, l’estime de soi, l’orgueil …. Vous pensez que ça fait beaucoup ? Et bien, pas du tout ! Tout cela s’intègre parfaitement au texte, nous montrant comment (et pourquoi) les uns se comportent par rapport aux autres. L’auteur a su très bien décrire le monde de la télé où certains sont superficiels, ne pensant qu’au paraître…. Elle a présenté le déséquilibre familial après la naissance d’un tout petit …. Et la peur de Carrie par rapport à son poste…..
L’écriture de Michelle Frances est accrocheuse, fluide (merci au traducteur), le suspense est omniprésent et il y a des rebondissements lorsque des révélations surprenantes sont faites. On ne voit pas tous les liens qui vont être établis et c’est une excellente chose car l’intérêt ne faiblit pas du tout. Sans cesse, on se demande quel est le but d’Emma, où elle veut en venir, si elle manipule ou si elle est manipulée …. L’ambivalence des uns et des autres est un atout supplémentaire dans ce recueil car on ne sait pas à quoi s’attendre lorsqu’on va découvrir le chapitre suivant. J’ai lu ce livre en un après-midi et je n’avais pas envie de le poser, je voulais savoir ! Avec plusieurs approches, une atmosphère angoissante qui monte en puissance au fil des pages, cette histoire m’a captivée et je vais surveiller les nouveaux titres de l’auteur !
Traduit de l’anglais par Antoine Guillemain
Éditions : L’Archipel (10 Septembre 2020)
370 pages
Quatrième de couverture
Emma est la remplaçante idéale pour occuper le poste de Carrie pendant son congé maternité. La jeune femme se rend très vite indispensable auprès d'Adrian, le mari de Carrie... Un peu trop, d'ailleurs. Très vite, il apparaît qu'Emma a une idée derrière la tête...
23:44 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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