08/04/2021
Le cercle des mensonges, de Céline Denjean
Une chronique de Cassiopée
Avec son dernier roman, Céline Denjean monte en puissance et nous offre un récit abouti, aux protagonistes travaillés, avec plusieurs entrées et des thématiques très intéressantes.
Un étudiant, fils d’un homme politique haut placé se suicide. Les parents ne peuvent pas imaginer qu’il se soit donné la mort alors qu’ils devaient les rejoindre pour fêter l’anniversaire de sa sœur. C’est le lieutenant de police Urbain Malot qui est chargé de l’enquête avec son équipe. Très vite les policiers cernent des zones d’ombre : le jeune homme, pour les besoins de sa thèse, avait infiltré le milieu des sans domicile fixe, il y a eu peut-être un témoin le soir de sa mort…mais cette personne n’est pas joignable…. Par quel bout entamer des recherches et surtout en se basant sur quoi ?
Parallèlement, la gendarme Éloïse Bouquet, personnage récurrent de l’auteur, se retrouve avec une femme assassinée sur les bras, un professeur sans histoire. Qu’a-t-il pu se passer ? De plus, elle traque toujours (sans l’aval de ses supérieurs) une criminelle qui lui a échappée et pour cela, elle se fait aider par une journaliste, Amanda.
Au quotidien, gendarmes et policiers ne font pas partie de la « même famille » et n’ont pas forcément des méthodes d’investigation identiques. De ce fait, Éloïse et Urbain ne se connaissent pas et ne communiquent pas. On suit donc les deux groupes, chacun sur leur affaire, par l’intermédiaire de chapitres assez courts, nous mettant rapidement dans l’histoire et dans l’ambiance. D’un côté, la population des SDF dont certains disparaissent. Mais comme ils sont pratiquement sans identité et ne manqueront à personne, est-ce nécessaire de creuser ? De l’autre côté, une enseignante tuée, dont l’ex-mari semble avoir des activités pas très nettes.
Il y a du rythme, des rebondissements, de l’action, des dialogues et le lecteur tourne les pages sans s’en rendre compte. Pas de temps mort. Les sujets évoqués sont captivants : les sans-papiers, les sans domicile fixe, les recherches dans le milieu médical. Céline Denjean ne se contente pas d’en parler « comme ça », elle creuse vraiment, rappelant que les hauts placés sont quelques fois intouchables, se permettant d’agir inconsidérément, de prendre des décisions sans réfléchir aux conséquences. Tout cela au nom du pouvoir et c’est vraiment révoltant.
C’est un des éléments qui fait que j’apprécie beaucoup cet écrivain. Elle ancre ses textes dans la réalité, dans le quotidien de notre société. Elle nous en montre les travers et ne pratique pas la langue de bois, elle écrit ce qui existe, ce qu’on tait, ce qu’on refuse de voir et c’est loin d’être réjouissant … De plus, les personnages qu’elle présente ont vraiment de la consistance, leur caractère est étoffé, on peut suivre leur histoire personnelle qui peut expliquer certaines de leurs réactions. Éloïse est ma préférée (quoique Urbain me plaît bien), j’aime sa fragilité sous des dehors solides, son opiniâtreté, son côté obstiné car elle ne veut rien lâcher. Il faut des gens comme elle dans la vraie vie pour que les choses avancent et elle est tellement palpable sous les mots que c’est comme si elle était réelle. C’est un autre atout des recueils de Céline Denjean : on est dedans, à fond, concerné par ce qu’on lit, avec l’impression de lire de vrais faits divers.
L’écriture est prenante, les scènes décrites sont bien présentées, on pourrait faire des films de ces (ses) intrigues ! Les mensonges se croisent, s’entrecroisent mais la vérité finit par sortir, quant à la justice…. Il est parfois bien nécessaire de lui donner un coup de pouce…..
Je n’ai pas été déçue, bien au contraire, cette lecture m’a captivée !
Éditions : Marabooks (3 mars 2021)
ISBN : 978-2501138581
480 pages
Quatrième de couverture
Un meurtrier aux abois, pris dans une spirale infernale…
Une agente d’entretien, obligée de prendre la fuite après avoir été témoin d’un meurtre…
Un étudiant sans histoires tombé du toit d’un immeuble en construction…
Une femme bien sous tous rapports retrouvée assassinée dans une forêt près de Toulouse…
Et si tous ces événements étaient reliés ? S’ils formaient les éléments d’une gigantesque toile ?
23:00 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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